Chapitre 42

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Tout en suivant le fil de ses pensées et de ses souvenirs, Ayma regardait d'un air absent son cousin s'étirer. Elle tourna la tête et remarqua que Riwif la fixait, interrogative. Elle réalisa que celle-ci venait de lui parler...


- Pardon ? Tu disais ? lui demanda-t-elle.


- Veux-tu que nous allions à la bibliothèque poursuivre nos recherches ou préfères-tu rester avec Caân aujourd'hui ? répéta Riwif.


- Allons à la bibliothèque ! Caân, tu viens avec nous ?


Elle avait essayé de prendre un ton neutre mais l'espoir transparut dans sa voix, la faisant trembler quelque peu. Caân la contempla, silencieux. Son expression restait indéchiffrable... Il ressentait la tristesse de sa cousine et il la partageait. Pourtant, c'était plus fort que lui : il ne supportait pas la vie dans la capitale. S'il se concentrait, il pouvait même percevoir l'appel envoûtant de la nature sauvage depuis l'autre rive.


Il soupira.


- Non, je suis encore un peu fatigué. Je vais me reposer, dit-il avec toute la fermeté dont il était capable.


Puis il se retourna pour ne pas lire la déception sur les traits de sa cousine. Les deux amies quittèrent la chambre sans rien ajouter.


Après la chaleur écrasante des rues d'Ajix, la fraîcheur de la bibliothèque princière était la bienvenue. Les pas, pourtant légers, d'Ayma résonnaient sur le carrelage du hall. Elle suivit Riwif jusqu'à leur table de travail habituelle au fond de la salle principale. Celle-ci posa les rouleaux qu'elle tenait contre sa poitrine, et en commença la lecture sans plus tarder.


Ayma, quant à elle, rêvassait... Elle n'arrivait pas à se concentrer sur les mots dessinant des vagues sur le papyrus qui s'étalait devant elle. Son regard revenait inlassablement caresser la porte qui se trouvait derrière son amie. Depuis la toute première fois qu'elle avait mis les pieds en ce lieu, elle s'était sentie comme aimantée par cette porte étrange.


Cette dernière avait été peinte d'un bleu profond et la couche de vernis, qui la recouvrait, la faisait luire dans la semi-obscurité. Sur le mur en pierre au-dessus d'elle, des symboles mystérieux avaient été gravés par une main experte. Ayma contemplait souvent ces arabesques sans pouvoir en comprendre le sens... ou plus exactement, elle avait la sensation d'en connaitre la signification mais de ne plus s'en souvenir.


Elle avait déjà essayé d'ouvrir la porte, après avoir vérifié que personne ne faisait attention à elle... Mais celle-ci était verrouillée. Elle en avait parlé à Riwif qui avait haussé les épaules et lui avait simplement dit que jamais personne ne la franchissait et qu'elle restait toujours close. Elle avait même ajouté, après s'être laissé quelques instants de réflexion, qu'elle n'avait même jamais vu personne s'en approcher. Depuis lors, Ayma désirait plus que tout aller voir ce qui se cachait derrière.


Riwif leva les yeux de son travail et surprit le regard de son amie :


Com Plëa - La légende de P. *En Pause*Où les histoires vivent. Découvrez maintenant