A peine le seuil passé, un frisson courut le long de sa colonne vertébrale...Elle connaissait cette pièce et le souvenir qui lui était rattaché était tout sauf heureux !
Elle avait sous les yeux la réplique parfaite de la salle où s'était déroulé son Wjajy. Le parfum entêtant de l'encens se mêlait à celui des woxes. Elle pouvait voir les fleurs blanches flotter avec nonchalance à la surface du bassin circulaire au centre de la pièce. Cette fois-ci, cependant, la jeune fille était seule... Aucune prêtresse de Cognaa ne l'avait guidée jusqu'à ce lieu. Seul le chant, de plus en plus puissant à mesure qu'elle progressait, l'avait accompagnée. Ayma contempla longuement le bassin, hésitant à s'y immerger... L'angoisse d'un nouvel échec lui lacérait le ventre...
Elle respira de nouveau le parfum des fleurs et réalisa avec amertume qu'elle était déçue. Cette odeur... Elle avait espéré que Liliel soit présent, caché dans un recoin du labyrinthe. Elle s'était sentie moins seule. Mais l'espoir qu'il puisse intervenir à tout moment et la soigner venait de s'envoler... Un espoir brisé par un bassin rempli de fleurs.
Penser au disciple du dieu des guérisseurs reporta son attention sur sa blessure. Elle retira sa tunique déchirée pour se rendre compte de l'étendue des dégâts... Le sang serpentait sur son bras, semant des gouttelettes vermeilles sur le carrelage. Elle l'essuya avec son vêtement et constata avec soulagement que la blessure n'était pas profonde. Elle arracha donc une bande de tissu pour se confectionner un bandage de fortune.
Alors qu'elle remettait son vêtement taché, déchiré et troué, elle ne put s'empêcher de penser :
- Je dois avoir fière allure dans ses guenilles trempées ! Une descendante de P. ? Je ne sais pas qui est "P." mais j'ai bien peur qu'elle me renie...
Plaisanter avec elle-même au sujet de son apparence ne parvint pas à chasser l'appréhension qu'elle ressentait... Cette salle avait hanté ses cauchemars dernièrement ! Elle était la cause de tous ses malheurs !
- Si seulement Pescari avait bien voulu de moi et m'avait désignée comme étant l'une de ses disciples dans notre bon vieux temple de Monas... Tout ceci ne serait pas arrivé !
Et alors qu'elle s'apitoyait sur son destin malheureux, le visage de son jeune ami, le Xalej, traversa son esprit... Elle pensa à toutes les personnes qu'elle avait rencontrées. Le Xalej, le Prince Istvan, Solay, Riwif... Elle pensa à tous les merveilleux endroits qu'elle n'aurait jamais eu l'occasion de voir si elle était restée à Monas... Le plateau recouvert de hovequihoy sous les remparts de Xashyzan, les canaux et les ruelles d'Ajix... Et surtout, elle pensa à Maël.
Maël.
L'image du jeune homme réussit à l'apaiser et elle concentra son attention sur les longs voiles pourpres qui cachaient le fond de la salle. Prise d'une soudaine inspiration, elle s'avança et écarta vivement les tissus... Une statue se tenait devant une petite table en pierre noire.
Sur celle-ci étaient disposés différents objets : une bougie allumée, des cartes métalliques et un bol en terre cuite qui contenait de la poudre blanche. La jeune fille s'approcha de ce dernier, recueillit au fond de sa main un peu de son contenu puis le porta à ses lèvres.
- Du sel, constata-t-elle.
Elle s'attarda ensuite sur la statue. Celle-ci représentait une femme, ou plutôt une déesse. Son visage était beau... Il exprimait une profonde gravité. Elle serrait des parchemins sur sa poitrine comme si ceux-ci étaient très précieux. Son identité n'était pas un mystère pour la jeune fille : elle l'avait pressentie dès son entrée dans cette pièce.
La prochaine épreuve serait donc celle de Cognaa !
Un éclat ramena son attention sur la table. La lueur dansante de la bougie faisait briller par intermittence les cartes argentées. Ayma en saisit une et remarqua qu'un texte était gravé dessus. Tout d'abord, elle ne vit que des signes mystérieux... Ils ressemblaient beaucoup à ceux qui gardaient l'entrée du Labyrinthe. Puis, sa vision se brouilla et elle parvint à les lire comme si elle avait toujours connu ce langage :
« Je suis la plus grande richesse mais les pauvres me possèdent aussi bien que les riches. Je suis ce que tu donnes sans jamais t'appauvrir tout en enrichissant celui à qui tu m'offres. Je suis un trésor que tu ne peux perdre une fois que tu le possèdes. Je suis parfois difficile à conquérir mais tu ne pourras me gagner par la violence ni par les armes. Je suis ce qui croît au fil du temps. »
- Une énigme, grommela Ayma, je déteste les énigmes !
Elle relut la carte plusieurs fois, réfléchissant à différentes solutions possibles. Elle avait la désagréable impression qu'une seule réponse serait acceptée par la déesse et qu'elle n'aurait pas le droit à plusieurs essais. Elle soupira en regardant la statue qui tenait fermement ses parchemins... Et la solution la frappa !
- Bien sûr ! C'est évident... La réponse à cette énigme est « Je suis la connaissance. » !
Derrière la statue de Cognaa, un passage étroit s'ouvrit dans le mur à environ un mètre du sol. La jeune fille s'avança et découvrit un tunnel exigu dans lequel elle allait devoir marcher à quatre pattes.
- De mieux en mieux, râla-t-elle.
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Com Plëa - La légende de P. *En Pause*
FantasyLe royaume de Com Plëa est une terre aimée des dieux... Mais si les divinités ont longtemps parcouru ses côtes rieuses et ses forêts mystérieuses, elles se sont finalement retirées de ce monde (enfin... c'est ce que pensent les hommes). Tous les ha...