Chapitre 36

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La chambre qu'on leur assigna était petite et sobre. Mais après les nuits passées dans la lande humide, elle leur sembla chaleureuse et très confortable. Solay se recroquevilla sur un des lits, son visage tourné face au mur. Elle se mit à sangloter en silence... Seuls les mouvements saccadés de ses épaules trahissaient son désarroi. Caân s'approcha d'elle, la prit dans ses bras et lui fit boire le contenu de la fiole donnée par Liliel. Elle ne se débattit pas... Elle le laissa faire comme si sa volonté avait disparu.


Puis Caân s'assit à côté de sa cousine, sur un autre lit. Impuissants et désemparés, ils contemplaient le dos de leur amie...


Heureusement, la drogue eut un effet rapide. Et ils furent bientôt soulagés d'entendre sa respiration s'apaiser. Quand ils furent certains qu'elle s'était endormie, ils purent discuter de nouveau sans craindre de la troubler.


- Pauvre Solay, dit Ayma, je crois qu'elle ne savait pas quel genre d'homme est réellement son frère...


- Non, elle ne le savait pas ! Et nous non plus, d'ailleurs, ajouta Caân. Je ne me suis pas rendu compte qu'il essayait de m'empoisonner pendant notre voyage...


- D'ailleurs, le coupa Ayma, comment as-tu fait pour résister à son poison ? Tu étais mal en point, c'est vrai, mais tu as quand même survécu !


- Je ne t'en ai pas parlé car je doutais de l'efficacité du traitement... Chaque jour, je me préparais un mélange à base de salive de t'chamas et de plantes. Oui, je sais, ça a l'air dégoûtant ! Mais c'est grâce à ça que j'ai survécu...


- Oh ! Mais j'y pense ! Il devait empoisonner le fortifiant qu'il te faisait boire chaque soir ! Dans ce cas-là, les t'chamas t'ont sauvé la vie à deux reprises ! Souviens-toi quand l'un d'eux a renversé le gobelet qu'il te tendait... C'est à partir de ce moment-là que tu as commencé à reprendre des forces. C'est pour ça qu'ils étaient si agressifs avec Siley quand il s'approchait de toi ! Ils devaient le sentir...


- Oui, peut-être... Si tu savais comme j'ai eu peur tout à l'heure, ajouta soudain Caân en suivant le fil de ses pensées, j'ai cru que je te perdais... Tu ne respirais presque plus et tout ce sang qui coulait... Heureusement que Liliel était là ! C'est très étrange, il a surgi de nulle part et il m'a dit qu'il était un disciple de Warjan avant de guérir ta blessure aussi facilement que si tu t'étais juste tordu une cheville ! Je n'avais jamais vu ça ! Tous les disciples de Warjan, que je connais, sont de bons guérisseurs mais pas à ce point-là ! Il t'a presque ressuscitée ! D'ailleurs, c'est grâce à lui que Siley et ses hommes de main ont pris la fuite. Il est arrivé en criant à l'aide et cela a attiré l'attention d'une patrouille qui passait à proximité. On a vraiment eu de la chance !


- Oui, ajouta Ayma rêveuse.


Ils restèrent silencieux, comme si l'écho de leurs paroles emplissait l'espace entre eux.


Ils auraient pu mourir... L'horreur d'une telle éventualité saisit Ayma à la gorge. A cette pensée, elle avait l'impression de suffoquer. Elle croisa le regard lumineux de son cousin et le soulagement fit taire son angoisse. Ils n'étaient plus en danger ! Ils se trouvaient en sécurité à l'intérieur du palais, protégés par la garde princière. Elle adressa alors une prière muette aux dieux dans un élan de reconnaissance. 


Quant à Siley... Il hantait leur esprit. Chacun se remémorait des souvenirs, des discussions... Avait-il fait ou dit quelque chose de suspect ? Comment pouvait-il leur sourire ainsi tout en les trahissant ? Et tous ces bons moments partagés à l'auberge, ces rires autour de leur repas le soir après le service...


- Et que penses-tu du Prince ? finit par demander Ayma afin de chasser tous ces souvenirs dérangeants.


Caân eut l'air embarrassé. Il prit le temps de bien choisir ses mots. Après tout, les murs avaient peut-être des oreilles...


- Je ne l'imaginais pas ainsi... Il semble... jovial.


Il fixa la porte close comme s'il pouvait voir au travers. Ayma comprit son inquiétude. Elle changea donc de sujet.


- En tout cas, Corlin m'a fait une très bonne impression. Crois-tu qu'il va nous aider ?


- Je ne sais pas, répondit-il. Peut-être vaudrait-il mieux envisager la possibilité qu'il n'en fasse rien. Comme ça tu ne serais pas déçue...


- Oui, tu as sans doute raison.


Ils parlèrent encore un peu avant de décider d'un commun accord d'essayer de dormir. Ayma crut qu'elle n'y arriverait jamais. De trop nombreuses idées se bousculaient dans son esprit ! Elle s'enfouit sous les couvertures moelleuses et respira profondément... mais elle ne perçut pas l'odeur des woxes. Un peu déçue, elle appuya davantage sa tête sur l'oreiller et sombra aussitôt dans un profond sommeil... qui ne dura, malheureusement, que quelques minutes car elle fut réveillée par un bruit sourd.


Quelqu'un frappait à la porte !



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A bientôt !

Caro Mélu


Com Plëa - La légende de P. *En Pause*Où les histoires vivent. Découvrez maintenant