08. Attirance Inévitable

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ALISON

Je reste bloquée à ses mots, incapable de les oublier. Depuis la veille, ses paroles restent profondément ancrées dans ma tête à la manière d'un parasite. Depuis hier soir, je cogite. Je passe et repasse ce qu'il a dit en essayant d'en déchiffrer la signification.

Pourquoi Wesley semblait-il aussi paniqué ?

Je ne cesse de chercher des explications, une réponse à offrir aux questions qui se sont formées en moi. Néanmoins, rien ne me vient. Peu importe la manière dont je tourne le problème ou alors la façon dont j'aborde les informations que j'ai déjà, rien ne me vient.

Il avait l'air si terrifié, hier, exactement comme s'il avait commis un crime impardonnable ; et je n'ai toujours pas déterminé s'il était seulement dramatique ou non.

Je ne le connais pas suffisamment pour pouvoir décider de quoi que ce soit. Tout ce que je sais pour le moment, c'est qu'Aaron est également au courant. Mais impossible de lui demander : il est bien trop fidèle à son frère.

J'ai alors employé les grands moyens : la recherche sur Internet.

C'est sans surprise que je n'y ai rien trouvé – quel idiot a dit que la vie entière des gens se trouvait là-bas ?

J'aurais pu insister sur ce mystère si j'avais un peu plus de détermination, mais c'est loin d'être le cas. Aujourd'hui, je n'ai absolument pas la tête de me préoccuper du cas de Wesley quand je vais devoir faire ma rentrée dans mon nouveau lycée en plein milieu d'année – qu'y a­-t-il de pire ?

Je ne suis pas à l'aise devant les gens de manière générale, alors je n'ose imaginer la torture que ce sera d'être une nouvelle élève en cours d'année.

Mon plus gros souci, c'est l'intégration – précisément la chose pour laquelle je ne suis pas du tout douée. Parce que je ne suis pas du genre à aller vers les autres – je le fais surtout par contrainte – et je ne suis encore moins du genre à me faire rapidement des amis.

À mon ancien lycée, je n'en avais qu'un et c'est seulement parce que nos parents étaient eux-mêmes très proches. Tout ça en dit long sur ma capacité à créer des liens sociaux. Ces années passées dans l'ombre m'ont fait perdre l'habitude d'avoir de réels contacts, alors je me retrouve piégée.

Je me rassure vainement en me rappelant que si les choses ne se déroulent pas comme prévu, j'aurais toujours Aaron.

Tout de suite apaisée, je récupère une veste dans mon dressing et l'enfile par-dessus ma tenue de sport. Mes baskets aux pieds, mes écouteurs dans les oreilles et mon téléphone dans les mains, je resserre une dernière fois ma queue de cheval avant de passer la porte d'entrée avec un sac sur les épaules.

Depuis près d'un an, j'ai pris l'habitude de courir plusieurs kilomètres. Si c'était initialement un entraînement qui m'était imposé, c'est rapidement devenu une façon pour moi de respirer – ironiquement, c'est en courant que je pouvais enfin remplir mes poumons.

En arrivant à Seattle, j'ai alors décidé de faire perdurer cette habitude en l'utilisant pour également me rendre à une boulangerie française du coin, là où ils servent aussi les meilleures pâtisseries de la ville. C'est là-bas que j'achète les indispensables croissants d'Aaron qui ne se gêne pas pour faire ressortir ses origines françaises dès qu'il en a l'occasion.

C'est aussi un moyen pour moi de pouvoir découvrir le quartier à travers ce petit footing quotidien.

Dans mes oreilles, c'est la voix de Dean Lewis qui retentit. Son ton m'apaise immédiatement, ce qui me pousse à maintenir un bon rythme tout en murmurant les paroles de Waves. J'ai l'habitude de courir avec du Beyoncé parce que ses chansons ont cette énergie dont j'ai besoin pour maintenir ma motivation, mais j'ai aujourd'hui essayé d'adopter une nouvelle tactique, plus douce, gardant tout de même Sandcastles pour l'écouter en chemin.

Sensitive Love I : ÉmergenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant