46. La Ville de l'Amour

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ALISON

Allongée au milieu de mon lit, j'observe avec intérêt le plafond comme s'il était la chose la plus palpitante que j'aie jamais vue. Ça fait une heure que j'essaie de me reposer, mais toujours rien. Je n'arrive pas à comprendre comment ça peut être possible quand je rêve de dormir depuis ce matin.

Aujourd'hui, après un vol qui m'a laissée avec un épuisement débordant, les visites que nous avons faites n'ont rien fait pour arranger. Heureusement, les organisateurs avaient prévu le coup et nous ont laissé avec des choses qui ne nécessitent pas trop de marches – pour une journée à Paris, tout du moins.

Demain, nous allons à Montmartre, ce qui risque de pas mal nous épuiser. C'est pourquoi il est important que je me repose ce soir, mais mon corps ne semble toujours pas avoir intégré le décalage horaire.

Tout ça, ça me met à mal parce que je sais que la journée de demain sera bien pire que celle d'aujourd'hui si je n'en fais rien.

Pourquoi est-ce toujours au mauvais moment que je veux dormir ?

Soufflant de frustration, je récupère mon téléphone sur la table de chevet et y retrouve le même message de Wesley de ce matin auquel je n'ai toujours pas répondu – il a dû me l'envoyer vers minuit, depuis Seattle.

WESLEY :

Hey. J'espère que tu vas bien. On peut s'appeler ? J'ai envie d'entendre ta voix.

Je serre mon téléphone dans ma main, incapable de lui écrire quoi que ce soit en réponse. Moi aussi, je veux lui parler. Le problème, c'est que j'ignore ce que je ferai une fois que j'entendrai sa voix.

Je n'ai pas envie qu'il sente ma nervosité ou mes doutes. Je ne veux pas qu'il me demande une réponse, qu'il me demande des explications. J'ai besoin de temps avant de le confronter, mais je ne sais pas s'il le prendra bien.

L'ignorer pendant une semaine, c'est torturant. Je n'ai pas envie de faire ça, mais je sens que j'en ai besoin. J'ai besoin de temps pour réfléchir à ce qu'il m'a dit. Lui a eu du temps pour lui avant de me les dire ; ça m'est tombé dessus sans que je ne le voie venir.

Les choses vont peut-être vite entre nous, mais je ne vois pas ça comme une mauvaise chose. Il y a simplement des personnes avec qui tout va à la vitesse de la lumière, des personnes qu'on rencontre et dont on est incapable de se séparer. Que les choses aillent vite n'est pas une mauvaise chose tant que je peux garder le rythme.

Tout de suite, je dois me reposer pour mieux courir après ça.

Au bout d'une demi-heure, je perds ma patience et me lève pour me changer les idées. Il est déjà vingt-deux heures : Aria et Lauren doivent être en train de dormir puisque leurs corps ne les faillent pas comme le mien.

J'arrive à la cuisine pour me servir un verre d'eau avant de m'installer au comptoir. Toujours mon téléphone en main, je suis tentée d'appeler Wesley, mais je réfute cette idée en repensant à combien elle est mauvaise.

À la place, je me contente de laisser mon téléphone et de contempler les alentours. Nous avons eu la joie de séjourner dans un hôtel plutôt bien situé dans Paris grâce à l'argent amassé, ce qui fait que nous nous trouvons dans un endroit qui respire la richesse comme la maison des Davis, mais d'une différente manière.

Ce qu'il y a autour de moi est bien plus poussé que chez eux, comme si ici, tout était dans l'excès – non pas que je m'en plaigne, mais ce n'est pas une chose avec laquelle je pourrais vivre toute ma vie.

La tête dans mes mains, je lâche un long soupir en ne trouvant rien d'intéressant autour de moi. De retour sur mes pieds, je vais chercher dans ma chambre une veste que j'enfile et m'approche d'une des fenêtres pour examiner la vie extérieure.

Sensitive Love I : ÉmergenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant