39. Retour Imprévu

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ALISON

Je devrais lui en vouloir pour ce qu'il a fait.

Aaron n'avait pas le droit de fouiller dans mon passé de cette manière. Il n'avait pas le droit de déterrer des souvenirs pour lesquels j'ai tant lutté afin qu'ils restent cachés. Il n'avait pas le droit d'y plonger sans mon consentement.

Cette période de ma vie, j'essaie de l'effacer. C'est une période qui m'affecte encore beaucoup trop ; elle me fait mal, tellement de mal. Je devrais donc lui en vouloir pour l'avoir évoqué.

Pourtant, je ne peux tout simplement pas m'y résoudre.

Parce que quelque part, je suis rassurée que ce soit lui qui l'ai appris parmi toutes les personnes que je connais. J'ai beau essayer de lui en vouloir, j'ai beau essayer de trouver une quelconque rancune dans mon for intérieur, j'ai beau essayer de chercher en moi une raison de le détester, tout ça est vain.

Je n'y parviens pas. Je n'apprécie pas tant que ça l'idée que son amie soit au courant, mais je ne suis pas en colère contre lui. Si je suis bien quelque chose, c'est soulagée.

Lorsqu'il m'a avoué savoir ce qui est arrivé chez Damien, c'est comme si j'étais à nouveau là-bas, entourée de toutes ces personnes que je méprise. Je me suis retrouvée prise dans un piège, comme autrefois, n'ayant aucune issue pour échapper au cauchemar.

Peu importe à quel point je criais, à quel point je suppliais, à quel point je désespérais pour que quelqu'un me vienne en aide, personne n'a répondu à l'appel. J'étais comme seule contre tous, sans rien ni personne de mon côté. Personne ne bougeait, tout le monde me regardait sans une once d'empathie.

J'étais terrifiée, paralysée par ma propre peur.

Lorsque j'étais en bas, c'était comme si tout autour de moi s'était arrêté. Dans une obscurité totale, c'était comme s'il n'y avait rien aux alentours. J'étais toute seule. Sans personne. Sans rien.

Depuis que j'ai perdu mes parents, je me suis sentie seule, mais à ce moment précis, c'était différent. C'était comme s'il n'y avait que du vide. Tout était juste du néant.

Jamais je ne veux ressentir la même chose.

Je me secoue la tête et me mets à observer le paysage à travers la fenêtre, ne voulant pas faire revenir à la surface ces souvenirs déplaisants.

L'amie d'Aaron – Karen, si je me souviens bien – est au volant de sa voiture tandis que le brun est assis sur le siège passager. L'atmosphère s'est complètement détériorée depuis que nous avons quitté la maison d'Aria et même la musique que dégage la radio n'arrive pas à la calmer.

Je suis assez nerveuse à la pensée que les parents d'Aaron soient véritablement de retour. Si j'ai de nombreuses fois discuté avec sa mère, je ne sais même pas à quoi ressemble son père.

En prenant de mes nouvelles il y a quelques jours, Ruby m'a prévenue qu'il avait une aura plutôt intimidante après le temps passé à converser avec lui pour que j'obtienne ce travail.

Je ne sais pas quoi attendre de lui, mais je me rassure en me disant que Madame Davis, elle, est une personne aussi gentille que bienveillante.

J'ignore pourquoi ils sont revenus ou ce que ça implique pour mon travail, mais je devine que ça a un lien avec la vidéo que Karen m'a montrée.

J'ai été particulièrement choquée lorsque j'ai vu Aaron se battre aussi violemment, j'ai eu de la peine à le reconnaître. Je n'ai pas tout de suite compris de quoi il s'agissait, mais lorsque son amie m'a expliqué que la vidéo avait été quelque peu modifiée, ça m'a rassurée, mais pas totalement.

Sensitive Love I : ÉmergenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant