27. La Grande Cérémonie

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ALISON

Six mois auparavant,


Mes yeux se posent sur ma silhouette dans le miroir devant moi où mon apparence semble avoir bien mûri depuis la dernière fois que j'ai daigné la regarder. J'inspire profondément en remarquant à quel point mon visage est différent. Des traits plus durs et moins d'innocence : voilà ce que m'a laissé mon arrivée à la SSBA.

Les nombreuses blessures qui recouvraient ma figure dues aux entraînements plus violents sont désormais cachées sous un fond de teint qu'on m'a appliqué plus tôt.

Aujourd'hui, je ressemble à une tout autre personne. Je ressemble à quelqu'un de confiant, qui sait ce qu'il fait et qui n'a aucun doute. La réalité des choses est que je n'ai aucune idée de ce qui est sur le point d'arriver. Rien de ce qui se produit n'est dans mon contrôle ; tout ça m'a échappé à l'instant même où j'ai accepté cette stupide proposition.

Je ne sais pas ce qui m'a pris ce jour-là, peut-être que l'adrénaline de mon temps passé ici a endommagé quelques neurones chez moi, ceux qui font fonctionner ma rationalité.

À présent que je suis face à la situation, je suis en pleine panique, incertaine de savoir réellement ce que je suis sur le point de signer.

Après neuf mois auprès de l'organisation, j'ai pu faire face à énormément de situations, plus que je n'en aurais jamais cru possible. En neuf mois, un tas de choses se sont produites. En neuf mois, j'ai appris énormément de techniques et de stratagèmes. En neuf mois, j'ai appris à me battre et à former des plans pour des missions peu difficiles.

Ne pas se faire remarquer, être le plus discret possible : je sais me rendre invisible aux yeux de tous. Repérer les points faibles, savoir frapper où ça fait mal : je peux à présent me battre sans risquer ma vie.

Tellement de choses ont changé ces derniers mois. Tellement de choses ont disparu, surtout. Avec la fin du lycée et le diplôme que je n'ai pas obtenu, je me retrouve sans rien. Ruby m'a aidé à trouver un travail en tant que serveuse pour cet été, mais ça ne suffira certainement pas à m'assurer un avenir.

Quel genre de futur pourrait-il m'attendre, exactement ?

Lorsque j'affronte la vie devant moi, je ne vois rien. Je ne vois aucune suite à la mienne, aucune fin. La seule chose qui se présente sous mes yeux, c'est du noir. Un noir plus sombre que n'importe quel vide. Et j'ai peur. J'ai peur parce que je ne sais absolument rien.

Avant, j'avais au moins de l'espoir ; lorsque j'observe ma vie telle qu'elle est aujourd'hui, je n'ai juste aucun sentiment positif dans mon corps pour voir les bons côtés. Mon temps chez la SSBA me permet de tenir le coup, mais ce n'est pas suffisant. À quoi dois-je penser une fois que je retourne chez moi ? Comment continuer une fois que je me trouve dans le diner où je travaille ?

Il n'y a rien.

Absolument rien pour moi.

J'ai l'impression que je suis un projet laissé en pause qui ne sera jamais terminé. Ne pas voir de fin pour moi, c'est pire que d'en voir une tragique. Dans mes pupilles, c'est du néant que je croise. Je ne vois aucune lueur, aucune naïveté.

Il n'y a plus rien en moi.

Plus rien du tout.

Levant ma poitrine pour reprendre une inspiration censée me donner du courage, je n'en trouve aucun en moi. Tout ce que je récupère, c'est un automatisme.

Automatiquement, je me lève. Machinalement, je me dirige vers ma porte. Mécaniquement, je me confronte à la pièce dans laquelle un tas de personnes m'attendent. Tout de suite, c'est l'heure et il n'y a aucune chance pour que je puisse faire un pas en arrière.

Sensitive Love I : ÉmergenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant