Sensitive Love I : Émergence

28. Plannification

ALISON

Aujourd'hui,

Je fixe d'un mauvais œil l'horloge suspendue au mur en face de moi qui émet un son à chaque seconde qui défile, comme un tempo avant la fin de ma patience. Je tente vainement de me remettre les idées en place tandis que mon esprit tout entier est en pleine panique. Depuis hier soir, rien ne va plus. Tout est brouillé.

Je ne parviens toujours pas à réaliser la situation ; je n'arrive pas à la concevoir.

Je ne peux tout simplement pas croire que tout ça est réel, que ce soit bien produit et que ça ne vient pas de mon imagination. C'est tout bonnement impossible que Takeshi se soit fait enlever. Impossible que j'aie été là pour le voir. Impossible que ça se soit produit au sein de la maison des Davis alors qu'une fête avait lieu à seulement quelques mètres.

Les images de son enlèvement tournent en boucle dans ma tête où je vois son manque de résistance et sa confiance qui perdure malgré tout. Takeshi s'est juste rendu en me laissant seule face à tout.

Je ne peux m'empêcher de penser à lui et ce que cet inconnu est en train de lui faire. Je m'inquiète. J'essaie tant de bien que de mal de me rassurer en me disant qu'il ne risquerait pas de le tuer avant que Fenikkusu san ait eu son mot à dire, mais je ne peux pas non plus effacer l'idée qu'il puisse lui faire quelque chose d'autre. Qu'il puisse lui faire du mal.

Takeshi a été préparé pour ça, il a été confronté à ce genre de situations, mais je m'inquiète pour lui. Je m'inquiète de ce à quoi il peut penser, de ce qu'il peut ressentir, seul, et de sa patience qui diminue au fil des minutes. Ça fait déjà neuf heures qu'il est tenu prisonnier, comment savoir s'il va bien ?

Tout ce que j'ai pu faire depuis, c'est contacter son père qui est venu ici avec ses hommes en tout juste deux heures. Depuis, ils se sont tous retrouvés dans l'hôtel de Fenikkusu san qui a aussi une filiale à Seattle. Ça fait des heures que j'attends tandis qu'ils sont en train de débattre derrière cette porte qui ne me permet pas d'entendre ce qu'ils racontent – j'ai tenté d'y coller mon oreille, mais rien.

Me noyant dans mon angoisse, je ne me rends même pas compte que je viens de glisser ma main dans la poche de ma veste à capuche. Ce n'est que lorsque je sens mes doigts en contact d'une surface froide que j'en prends conscience. Je lâche un soupir, sachant déjà de quoi il s'agit.

Depuis hier, je n'ai pas cessé de l'examiner, pensant que ça pouvait être un indice. Je l'ai contemplé de tous les côtés afin d'y trouver quelque chose qui pourrait m'aider à retrouver Takeshi, mais tout ce je vois, c'est le collier que Takeshi m'a offert le jour où nous nous sommes mariés.

Mon cœur se serre en le voyant ; il laisse du regret s'échapper de moi. Il est difficile de me dire que je ne reverrai sûrement plus jamais celui qui me l'a donné. C'est peut-être pessimiste de ma part de m'attaquer tout de suite au pire, mais je ne vois rien d'autre qu'une fin tragique sous mes yeux.

Lorsqu'il m'a livré ce bijou, c'était comme la plus belle chose au monde pour moi. Après mon départ de la SSBA, je me sentais coupable de le garder alors que je partais sans rien dire, alors je l'ai laissé dans sa chambre. Je ne pensais pas qu'il le garderait. Je ne pensais pas qu'il aurait eu le courage de le conserver auprès de lui après ma fuite.

Je ne parviens pas à comprendre pourquoi il me l'a glissé avant de se rendre, mais ça doit forcément signifier quelque chose. Takeshi ne fait rien sans but précis, il fait face aux choses jusque dans le moindre détail. Je pourrais le confondre à un romantique, mais ce n'est pas non plus son style. Il ne laisse jamais rien au hasard, tout chez lui est planifié.