Sensitive Love I : Émergence

16. Renier ses Sentiments

ALISON

Ça fait deux jours.

Deux jours que Wesley est parti sans dire un mot. Deux jours qu'il a tenté de m'embrasser. Deux jours que je repasse en boucle ce moment dans ma tête. Deux jours que je me demande ce que j'ai fait pour le faire fuir. Deux jours que je culpabilise. Deux jours que je m'en sens responsable.

Ça fait surtout deux jours que je rumine sans savoir quoi faire de tout ça.

Je tente de revenir aux dernières minutes que nous avons passées ensemble pour comprendre le faux-pas que j'ai fait. Dans mes mots et dans mes actions, j'essaie de trouver quoi que ce soit d'offensant, de blessant ou de déplacé que j'aurais pu dire.

Il y a forcément une raison pour laquelle il s'est échappé de cette manière et qu'il n'est pas revenu depuis. Aaron m'a assuré qu'il séjournait dans un hôtel, sans m'en raconter plus. Je ne l'ai pas non plus questionné là-dessus parce que je me sens tellement fautive dans tout ça.

Qu'est-il en train de faire, tout de suite ?

Et s'il préparait un retour à Los Angeles ?

Cette pensée seule me noue l'estomac.

— Et donc, voilà. J'espère que je t'ai tout expliqué correctement.

J'ai un mouvement de recul, relevant alors la tête vers Cameron.

— Euh...

— Tu n'écoutais pas, c'est ça ?

Je m'humecte les lèvres, gênée.

— Désolée.

Il soupire en gardant un sourire, paraissant plus amusé de la situation qu'énervé. Après avoir conclu une séance de tutorat, nous avons décidé de la faire chez les Davis sous l'accord d'Aaron – enfin, je lui ai seulement dit que j'amenais quelqu'un. Madame Davis m'a aussi affirmé qu'il n'y avait aucun problème à ce que je ramène des gens dans le domaine des cours.

Depuis tout à l'heure, mon nouvel ami se peine à m'expliquer le dernier concept qui me torture les méninges. J'ai rapidement assimilé tout ce que j'avais manqué, mais il reste cette notion que je ne parviens pas à saisir complètement. Je sais bien qu'une fois qu'elle sera intégrée à mon cerveau, tout me viendra facilement, mais pour le moment, il doit se répéter pour que je le comprenne.

D'ailleurs, j'ai bien de la chance de m'être fait un ami aussi bon à l'école.

— C'est bon, tu peux reprendre, l'intimé-je en lui faisant un signe de la main. Je te promets de t'écouter, cette fois-ci.

— T'es sûre que tu ne veux pas en parler ?

Je hoche négativement de la tête.

— Non, c'est rien. J'avais juste l'esprit ailleurs.

— Eh bien, on n'aurait pas dit qu'il était juste ailleurs. À quoi tu pensais ?

Je saisis mon crayon et m'empare de la feuille où il m'a donné de nouveaux exercices, tentant une fuite à ses questions.

— À rien de spécial.

— Oui, bien sûr.

Raté.

— Je veux dire que ce n'est rien qui vaille la peine d'être raconté.

— Tu veux plutôt dire personne, non ?

Serrant un peu plus mon crayon, j'évite ses yeux bleus.

— Je plaisante, Alison, rit-il. On n'a pas besoin d'en parler si t'en as pas envie. De toute façon, t'as des maths à comprendre, tout de suite.