ALISON
— Déjà ? Et moi qui pensais que tu allais tenir plus longtemps que ça.
Je pose le chiffon sur mon épaule tout en me jetant sur le canapé, le téléphone posé contre mon oreille. À l'autre bout du fil, le rire vaincu de Ruby résonne comme un aveu de sa défaite.
Deux jours que j'ai commencé ce travail, deux jours que je ne l'ai pas vue. Je ne peux plus retenir mon ricanement : elle n'a vraiment pas pu tenir plus de quarante-huit heures avant de m'appeler. C'était plutôt prévisible, considérant son côté surprotecteur qui a tendance à très souvent prendre le dessus sur ses actions.
Mais j'avais foi en elle. Je pensais qu'elle tiendrait au moins un jour de plus. Les gens ont cette manie de vous surprendre.
— Ce nouveau travail n'est pas trop dur ?
Je note sa tentative pour changer de sujet, mais je ne m'attarde pas plus longtemps dessus. La main posée sur mon front, j'essuie d'un seul geste les gouttes de transpiration qui y résident en me redressant.
— Disons que pour le moment, ça va plutôt bien. En plus, leur maison est gigantesque, j'arrive toujours pas à en croire mes yeux ! Toi aussi, tu serais impressionnée. Mais le beau soleil de Los Angeles me manque ; j'aurais dû lui faire mes adieux en prenant l'avion.
Pour être tout à fait honnête, je suis complètement épuisée. Il est seulement six heures du soir pourtant, je sens déjà l'envie de retourner me coucher dans mon tout nouveau lit – bien plus confortable que celui que j'avais à Los Angeles.
La vérité, c'est que ma nuit a été troublée.
Réveillée à quatre heures avec cette impression que j'étais sur le point de m'écrouler, la nuit n'a vraiment pas été très bonne. Une très mauvaise habitude qui perdure depuis quatre ans. C'est comme si mon corps n'était pas en accord avec mon esprit et qu'il décidait, de son plein gré, à me donner du fil à retordre.
Mais si, habituellement, je parviens à maîtriser ces nuits incomplètes, les deux longues heures d'avion qui me sont restées et tout le travail d'aujourd'hui, m'ont achevée. Si j'ai pu montrer un quelconque enthousiasme pour ce nouveau travail dans le passé, il a aujourd'hui entièrement disparu.
Comment lui en vouloir ?
— Je vois que tu as l'air de t'y plaire. Tant mieux. Comment ont été les Davis ?
— Je n'ai vu que Madame Davis et elle a été très accueillante. J'ai eu un peu de mal avec leur fils, mais–
— Leur fils ?
Elle a l'air aussi étonnée que moi lorsque je l'ai appris, peut-être même plus. Je me mords la lèvre inférieure pour retenir un mauvais rire.
— Ouais, moi aussi j'ai été surprise. C'était assez tendu au départ, mais les choses ont l'air d'aller mieux.
Espérons que ça perdure.
— Hum... je vois. Et il a quel âge ? Tu dois t'en occuper ?
Je lève les yeux au ciel face à tant de curiosité de sa part. L'un de nos plus grands points communs. Parfois, j'ai réellement l'impression qu'un lien de parenté nous unit tellement nous pensons de la même manière.
Ces quatre dernières années, c'est elle qui s'est en grande partie occupée de moi. Elle est celle qui m'a placée dans ces deux familles d'accueil et qui a veillé à ce que les choses se passent correctement. Tous les mois, elle me rendait visite pour vérifier mon état, et même s'il y a eu quelques débordements – beaucoup, même – elle ne m'a jamais laissée tomber.
VOUS LISEZ
Sensitive Love I : Émergence
Teen Fiction𝐓𝐎𝐌𝐄 𝐔𝐍: Émergence À la suite d'un accident de voiture dévastateur qui a brisé son monde à quatorze ans, Alison s'efforce de maintenir un semblant de normalité tout en portant le poids de ses secrets. Désormais dix-huit ans, une opportunité se...