14. Verdict Faussé

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AARON

Je grogne, mais ne lutte pas pour autant lorsque le professeur se saisit de mon bras et celui d'Alison pour nous traîner tous les deux jusqu'au bureau du proviseur. Derrière nous, le mec mal au point nous rejoint rapidement après un petit tour à l'infirmerie où il récupère de la glace pour sa blessure à la mâchoire franchement endommagée.

La brunette à côté de moi a la tête baissée, sûrement en train de regretter de s'être autant emportée tandis que sa cible a la tête bien haute malgré le sang présent sur ses lèvres. Il est évident qu'elle n'a pas fait ça pour le pur plaisir de casser la gueule à un mec ; elle avait forcément une raison.

À travers sa posture, je tente de deviner ce dont il s'agit, de savoir ce qui a bien pu se passer entre eux pour que la situation puisse dégénérer de cette façon. Qu'a-t-il bien pu faire pour autant attiser sa colère ? J'ai beau essayer de comprendre, aucune explication suffisamment crédible ne me vient à l'esprit – ou alors, elle est vraiment un agent secret du gouvernement.

Frappant à la porte, le professeur s'enfonce dans le bureau en nous laissant derrière afin de discuter avec le proviseur.

Pendant ce temps, je me tourne vers Alison :

— Ça va ?

Elle lève succinctement les yeux vers moi avant de les rabaisser.

— Oui, tout va bien.

Je ne prends pas.

— T'es sûre ? T'avais l'air de–

— Je vais bien, Aaron. C'est plutôt à Jimmy que tu devrais t'adresser, tu ne crois pas ?

Sans que je n'aie le temps de répondre quoi que ce soit, la porte face à nous s'ouvre d'un coup, laissant sortir le même professeur de tout à l'heure avec un sourire l'air de dire, « Je n'aimerais pas être à votre place, les gamins ».

Derrière lui se tient le proviseur, dans son costume habituel, qui nous ouvre un peu plus grandement la porte en nous invitant à entrer. Il nous demande de nous asseoir sur les chaises de son bureau sur un ton chaleureux et presque relaxant, bien qu'il soit évident qu'il ne fait que camoufler sa colère afin de la déverser au moment voulu. Je prends l'initiative de m'installer entre Alison et Jimmy – le nom de l'abruti, apparemment – qui pourraient très bien reprendre leur bagarre à tout moment.

Enfin, « bagarre » est un bien grand mot quand Jimmy n'a vraiment que subit les coups en peinant à s'en sortir.

De toute façon, s'il avait osé lui faire quelque chose, il ne serait plus là pour en témoigner.

Le directeur, un ami de la famille, aborde une expression sévère qui devrait probablement nous effrayer, même si ça n'a pour effet que de me faire rire intérieurement en connaissance de sa vie privée – ce mec ne vit que des péripéties qu'il ne se retient pas de raconter à mon père. Il nous scrute chacun notre tour, toujours avec autorité.

— J'espère que vous vous rendez compte que votre comportement est inadmissible. Surtout vous, Madame Field ; vous êtes arrivée lundi et commettez déjà du désordre ?

— Je suis désolée, s'excuse-t-elle d'une petite voix. Je ne voulais pas causer de problèmes.

Elle a peur pour son avenir, je n'en doute pas.

— Quelle salope ! s'exclame soudainement le mec à côté de moi. Et tu ne voulais pas non plus causer de problèmes quand tu m'as frappé au visage ?

Je me tourne immédiatement vers lui.

— Traite-la encore de salope et c'est mon poing que tu te prendras dans ta–

Sensitive Love I : ÉmergenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant