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Deux jours se sont écoulés depuis que je me suis réveillé avec deux ailes de métal au milieu du dos. Et comme à partir d'aujourd'hui je n'ai plus besoin de soins cicatrisants, je repars chez Alan. Tout simplement parce que là-bas, j'ai une vie, même si j'ai passé mon enfance ici. Lorsque j'ai annoncé ça à Bersheker, il a bien voulu expliquer ce qui s'était passé chez son ami scientifique, celui sur lequel Alan m'avait demandé d'enquêter et que je n'avais pas vu lorsque Bersheker avait invité ses amis pour leur montrer mes ailes. Il avait lui aussi réussit à avoir un enfant loup. Sauf que celui là était dangereux, vicieux. Sans pourtant, que le traitement administré ne soit différent du mien. Il a quasiment tué le scientifique lorsque celui-ci a formulé l'envie de l'abattre. Juste avant de mourir de ses blessures, le scientifique a pu tuer sa création. Une balle entre les deux yeux, ça ne pardonne pas.

Ça avait été les adieux et j'étais reparti.

- Prends bien soin de toi et n'oublie pas de me rendre visite de temps entemps. Je sais que tu ne me considère pas comme tel mais je suis un peu ton père.

Je n'avais que hoché la tête. Non pas que je sois en désaccord avec ce qu'il disait mais plus pour rendre les adieux plus faciles. J'avais récupéré mon sac dans l'arbre et étendu mes ailes. Les jours passants, j'avais réalisé de plus en plus de prouesses techniques. Je suis désormais parfaitement capable de voler entre les arbres sans les couper. Parce que oui, le métal de mes ailes n'est pas magnétique, est incassable et presque inrayable, mais très tranchant. J'ai même failli décapiter un soldat de Bersheker, une fois. Je survolais une dernière fois la maison et partais.

Plusieurs heures plus tard, j'arrive au-dessus de la ville. Je me pose dans une ruelle sombre à deux pâtés de maison du centre d'entraînement. J'enfile alors ma veste en simili-cuir sur mes ailes repliées, pour les cacher, ce qui donne juste l'impression que je me tiens un peu plus voûté qu'à mon habitude. La veste tombe jusqu'à mes cuisses, ce qui me permet aussi de cacher la plume principale de mes ailes sans risque qu'elle soit révélée par un mouvement trop brusque. J'aurais pu voler encore des heures comme ça. Une fois sûr que personne ne peut se douter de ce que cache ma veste, je commence à courir. De cette manière, lorsque j'arrive dans le bureau de Alan pour mon rapport, je suis un peu essoufflé.

- Ah ! Scott ! Comment vas tu ? On a pas eu de tes nouvelles et ta balisede numécran donnait des indications immobiles.

- Moi ça va, je suis ici pour mon rapport.

Je lui déballe toute l'histoire, en omettant soigneusement de parler de ma récente implantation d'ailes.

- Et il n'y a pas eu de complications ?

- Pas particulièrement plus que d'habitude.

- Et ton dos ?

- Ça a disparu.

- Tume montres ?

- Nonça ira.

- Ce n'était pas une question.

- Ce n'était pas une réponse.

- Tuas quelque chose à cacher ?

- Nonmais je n'aime pas le contact des autres et je n'aime pas m'exhiberde cette manière. Tu le sais.

- Bien.

Son ton laisse à supposer que tant qu'il ne saurait pas pourquoi je tiens tant à lui cacher mon dos je ne serais pas tranquille. Alors parce que ma tranquillité et ma liberté sont les choses auxquelles je tiens le plus, je cède.

- Tu en dis un mot à quelqu'un et tu sais ce qui arrivera.

Il hoche la tête et une vague d'inquiétude l'entoure un instant. Mon départ serait un coup dur pour son agence. J'enlève donc ma veste, puis mon tee-shirt. Comme je suis de face, il ne voit rien. Je me colle à une paroi de son bureau et déplie une aile, qui produit un bruissement métallique auquel je suis désormais  habitué. Malgré les proportions de la pièce, il suffit que je me décale d'un pas pour pouvoir toucher le mur opposé. Alan se lève d'un bond et recule avant de s'avancer doucement et de venir toucher une plume de métal. Tout mon corps réagit. Mes muscles se tendent et mon aile se replie presque d'elle-même.

Homme-LoupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant