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Il me faut plus de temps que d'habitude pour me remettre de ce nouvel espoir qui s'envole. En écoutant les filles du café décrire Scott, je me suis dit que j'allais le retrouver, là ce soir, et pourtant non, ce n'est que partie remise. Et une partie de moi est toujours en train de me dire que ce n'est peut-être qu'un autre dealer de drogue, qui a décidé de jouer avec mes nerfs et mes émotions, qu'a vu cette Jenna. C'est peut-être même l'acteur lui-même... J'ai l'impression, que chaque fois qu'un espoir s'envole, c'est une partie de moi qui part avec lui.

Je passe les quatre jours suivants à errer dans la rue comme une âme en peine. Je passe mes insomnies, où je vois Scott mourir, brûlé vif par un avion en flammes, à m'entraîner sans relâche. Je regarde les gens marcher dans la rue. Tous ont un but dans leur vie. Mon but est une cause perdue. Plusieurs fois je crois apercevoir Scott. Je sillonne la ville en long, en large et en travers. Prenant les nombreux trains volants de la ville pour aller plus vite. Et puis soudain tout s'enchaîne.

Un homme marche dans la rue devant moi. La foule est très dense et compacte, et même avec ma souplesse, je peine à ne pas me faire emporter par le courant des gens. Alors que lui... Il efface ses épaules musclées avec une vivacité et une souplesse féline hors du commun. Il porte un tee-shirt sombre qui moule ses muscles tout en puissance, sur son bras, il y a une veste en cuir noir. Ses cheveux bruns sont soigneusement décoiffés et seule une mèche retombe sur son front. Sa veste, sa coiffure, son jean noir serré et les chaussures de dockers qu'il porte lui donnent ce petit air de bad boy très connu par ici. Mais quelque chose d'autre me pousse à le suivre. Et cette chose ce sont ses yeux. Lorsque j'ai pris le métro tout à l'heure, je suis passée devant lui avant de trouver une place. Et ses yeux, bien que fermés, n'étaient pas bridés.

J'ai enfilé une casquette noire et rabattu ma capuche par dessus, mes cheveux rassemblés en chignon sur ma nuque, s'il y avait eu un risque pour que quelqu'un me reconnaisse, celui-ci était désormais impossible. Au départ en me levant, c'était pour cacher ma fatigue et ma tristesse que je l'avais mise mais finalement ça allait me servir.

Alors que l'on passe devant une de ces nombreuses ruelles que seuls les habitants connaissent, un éclat de rire particulièrement bruyant retentit. Je tourne la tête dans la direction du son avant de regarder la réaction de l'homme que je suis.

On dit que des regards peuvent soulever des montagnes, que d'autres déclenchent des tempêtes. Je crois que notre regard aurait déclenché toutes les catastrophes naturelles connues et inconnues...

Si je n'avais pas immédiatement baissé les yeux. Mon cœur reprend difficilement son rythme normal. Le pauvre a loupé un ou deux battements.

Si la mèche devant ses yeux m'a empêchée d'en connaître la couleur, de tout le reste rien n'a changé. Les mêmes oreilles pointues, le même profil, les mêmes gestes, les mêmes cheveux, la même réaction,...

Néanmoins plusieurs choses sont tout de même différentes par rapport à mes souvenirs et c'est ce qui me pousse à ne pas l'appeler Scott, de peur d'être à nouveau déçue, parce que je ne suis pas sûre de le supporter. Sa carrure déjà impressionnante de base semble encore plus imposante, et il y a cette cicatrice qui court de son coude jusqu'à sous son tee-shirt au niveau de l'épaule. Il semble connaître les lieux, empruntant des raccourcis, là où la foule est moins dense. Je le suis tantôt de près tantôt de loin, me cachant parmi les nombreux groupes de touristes qui visitent cette ville très connue. Il finit par bifurquer vers un immeuble. Sans se douter que je le suivais, il tape une série de touches qui déverrouille la porte. Il s'engouffre dans le hall. Je me précipite vers le clavier holographique et regarde le code. J'ai tout juste le temps de le lire avant que le clavier ne disparaisse emportant avec lui la série codée. 7393D. Je tape à mon tour la série de chiffres et la lettre avant de me mettre à courir. Heureusement les couloirs à ciel ouvert du Japon me permettent de voir la porte qui finit de se fermer. 23B. Je répète les chiffres dans ma tête puis une fois sûre de les connaître par cœur, je saute par dessus la balustrade. Fort heureusement pour moi, il n'y a personne dans la ruelle lorsque j'atterris.

Homme-LoupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant