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J'ouvre les yeux et le décor a encore changé. Je suis dans la chambre que j'ai occupé toute mon enfance. Je suis toujours attaché aux pieds du lit, par les pieds et les mains, et deux larges bandes de tissu intelligent m'entourent la taille et le torse. Ce tissu a la capacitéde deviner quand il est usé ou quand il ne sert plus à rien. Une bonne avancée dans la médecine à l'époque. Dans mon dos, quelque chose de froid et métallique est collé. Bersheker ouvre à nouveau la porte avec six de ses collègues et ils commencent à parler de moi comme si je n'étais pas là. J'essaye de me redresser mais les liens sont bien, trop bien, serrés. Je redresse la tête pour leur faire comprendre que je suis réveillé mais absorbés par leur langage scientifique dont je ne comprends pas un traître mot ils ne me voient pas. Ma tête bourdonne alors je la repose sur les oreillers et ferme les yeux. De toute façon essayer de comprendre ce qu'ils sont en train de raconter est voué à l'échec alors autant dormir.

Une main secouant mon épaule me réveille. Je me retourne avec un grognement. Des lames de métal s'enfoncent dans mon dos. Je grogne à nouveau avant de reprendre ma position initiale.

- Aller mon petit loup, il faut se lever ! Dit une voix au niveau de mon visage.

Mes oreilles se tournent vers la source du bruit, trahissant immédiatement mon état. Vaincu j'ouvre les yeux. Bersheker est devant moi.

- Oh non je pensais que c'était un mauvais rêve. Lançais-je acerbe.

- Ce n'est pas parce que tu as dix-sept ans qu'il faut me parler de cette manière. Riposte-t-il un énorme sourire dans les yeux.

Je grogne et me redresse en position assise puisque mes membres sont enfin libres. Puis je m'étire, en agitant les doigts et en baillant. Il y eut un bruissement métallique dans mon dos et Bersheker ouvre de grands yeux. Puis il éclate de rire et applaudit comme s'il venait de voir un spectacle d'acrobaties audacieuses et qu'après avoir douté des artistes, il les trouvait merveilleux. Je le regarde indécis. Repositionnant mes bras le long de mon corps, je marche jusqu'au miroir sur pied qui trône dans ma chambre depuis toujours. Il me renvoie l'image d'un homme plutôt grand, très musclé pour son âge, les pupilles verticales. Et en voyant la totalité de mon reflet, je sens une haine indescriptible s'emparer de moi et j'entre dans une colère terrible. Sans prendre le temps de chercher à comprendre pourquoi et comment, je balance mon poing dans le miroir pour ne plus jamais voir ça. Bersheker a assisté à tout cela avec des yeux horrifiés. Mes phalanges en sang laissent des petites gouttes rouges sur le sol, et alors que je m'approche, menaçant, de lui, il tente de justifier ses horreurs. Mais le mal est fait.

- Je... j'ai cru que...que ça allait te plaire... Dit-il d'une voix vacillante.

-Des ailes ! Tu m'as fait greffer des ailes de métal !! Tu n'aurais pas pu me demander un avis avant de te servir de moi comme on se sert d'un jouet ?! Est-ce que tu te rends au moins compte du fardeau que je vais devoir porter ?! Hurlais-je, avant de prendre une grande inspiration, tentant de me calmer. J'ai de l'ADN en commun avec combien d'animaux ?

Ma voix a beau trembler de rage, j'attends sa réponse avec anxiété,sans le montrer.

- COMBIEN ?!

Après un regard désespéré, il se jette à l'eau.

- Le loup, ce qui fait tes oreilles, ton odorat et ton ouïe. Le chat, tes yeux, ta vue dans le noir et ta souplesse. L'aigle, ta vue perçante et les ailes. L'éléphant, la mémoire. Le caméléon pour l'adaptation dans différents milieux mais ne t'inquiète pas tu ne vas pas changer de couleur, c'est juste dans ton cerveau. Le guépard qui te donne des muscles déliés, l'agencement de ton squelette et une force terrible, herculéenne comme on disait il y a des centaines d'années. Et c'est tout. Ça fait déjà beaucoup mais les autres animaux n'étaient pas assez proches de l'homme pour que je me risque à te faire partager leur ADN.

Homme-LoupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant