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Le réveil après cette nuit douloureuse est plutôt compliqué. Passant une main au-dessus de mes points de suture, je vérifie que ma blessure a bien cicatrisé et m'étire comme à mon habitude. La cicatrice est lisse, bien droite comme il le faut, ma régénération hors du commun a bien fait son boulot. Mes ailes se tendent brutalement avec l'habituel bruit de métal. Et manquent le visage de Hellen de peu. Mais ses réflexes la sauvent de la décapitation pour la deuxième fois en quelques heures à peine.

- Bonjour à toi aussi ! Dit-elle en souriant et en se relevant.

- Euh... bonjour. Tu m'as fait peur !

- Ah... Bon c'était juste pour dire ça.

Et sans même me laisser le temps de réagir ou de comprendre, elle s'en retourne dans sa chambre. Je fronce les sourcils sans comprendre mais le cerveau encore à moitié endormi, j'abandonne et commence à me lever. Je choisis un tee-shirt blanc avant de m'apercevoir que si j'ai un problème avec ma blessure, plein de gens qui risqueraient de s'en apercevoir. Ça arrive parfois, que la cicatrice se ré-ouvre sur un mouvement trop brusque. Alors j'opte pour une couleur noire avec une chemise rouge ouverte. Je mets mes lentilles, mon bonnet gris, un jean de la même couleur, des rangers noires et rouges et c'est parti ! Au moment où je jette mon sac sur mon épaule indemne, Hellen rentre dans ma chambre habillée de la même manière que moi. Jeans gris, tee-shirt noir avec des bijoux rouges et bonnet. Elle rit puis retourne dans sa chambre. Lorsqu'elle revient, elle a simplement changé de haut, qui est maintenant bleu foncé. On descend manger. Matthew, qui m'adore depuis que je l'ai sauvé et que je joue avec lui tout les week-ends, enfin quand Hellen ne sort pas, me saute dans les bras. J'esquisse une grimace lorsqu'il s'appuie sur mon épaule blessée. La cicatrisation ne doit pas être tout à fait terminée.

- Scooott ! Hurle-t-il.

- Salut bonhomme ! Ça va ?

- Voui ! S'exclame-t-il tout content avant de retourner tourner dans ses céréales.

Après avoir mangé, et baillé au moins dix fois chacun, on part en cours. Et heureusement, on finit à quatorze heures aujourd'hui, parce que sinon, durant les cours du soir, j'aurais dormi à coup sûr ! Et peut-être même ronflé !
Non ce n'est vrai, je n'arrive pas à ronfler, même en faisant exprès. Je fais un espèce de grognement mais Hellen se moque parce que c'est pas le bruit typique du mec qui dort bien. Apparemment, si je suis fatigué, pendant ma phase de sommeil profond, je parle parfois. Mais rien ne se rapproche de près ou de loin à un ronflement.

Bruce, le frère de James, me pique encore mon bonnet avant de me le relancer alors qu'on est en cours. Du coup le prof me remet en place et Bruce et sa troupe se moque. De toute façon maintenant tout le monde sait pour mes oreilles et j'ai dit que c'était un style norvégien, comme à tout ceux de mon entourage.

J'ai l'impression que les cours passent à la vitesse d'un escargot asthmatique en insuffisance de vitesse et que le prof fait exprès de nous garder un peu plus longtemps. Mais on finit par quitter le lycée après un énième bâillement. Lorsqu'on arrive à la maison, on mange et dès la fin du repas, Matthew me saute dessus pour que j'aille jouer avec lui, ce qui est devenu une sorte de rituel désormais.

- Matt, j'ai des devoirs à faire et après on joue d'accord ? Demandais-je doucement tout en étouffant un bâillement.

Il hoche la tête un peu déçu. Dès qu'on est dans nos chambres, Hellen vient dans la mienne. On fait nos devoirs ensemble, elle sur mon lit et moi au bureau. Elle me passe les réponses qu'elle trouve et je fais de même. Comme ça, on va plus vite et on peut donc, une fois les différents exercices terminés, dormir. Elle se tourne pour se coucher plus confortablement alors que je pose ma tête sur le bureau. Mais elle se redresse et proteste :

- Bah viens à côté de moi, j'ai la flemme de bouger, et puis c'est ton lit à la base !

Déjà à moitié endormi, je me lève et vais me coucher à côté d'elle. Elle dort déjà, son visage auréolé de ses cheveux bruns. Je m'endors à mon tour sans vraiment réfléchir aux conséquences si quelqu'un nous voyait. Je ne suis pas sûr que sa famille soit très heureuse de savoir que Hellen est aussi proche de l'homme censé être son garde du corps.

Je me réveille un peu avant Hellen. Il est seize heures quarante-cinq. On a dormi un peu plus de deux heures. J'allais me tourner pour libérer mon aile gauche qui était un peu engourdie quand je m'aperçois que Hellen se sert de mon torse comme d'un oreiller, une main sur mes abdominaux et l'autre juste en dessous de mon cou. Je fige mon mouvement et réfléchis à une manière douce de la réveiller. Mon cerveau semble tourner dans le vide. L'image du sceau d'eau me vient à l'esprit mais ce n'est pas du tout une manière douce, même si elle me ressemble plutôt bien. Soudain, je sens sa main gauche glisser jusqu'à l'autre côté de mon torse et ça me donne une idée. Je ne sais pas trop comment m'y prendre parce que je n'ai jamais cherché le contact avec des gens avant de la rencontrer. Je pose une main sur sa tête et caresse doucement ses longs cheveux bruns. Ils sont tout doux et soyeux. Je joue avec ses mèches jusqu'à ce que je sente sa respiration s'accélérer. Alors je repose délicatement la mèche que j'avais à la main à sa place et lisse ses cheveux. Je la sens sourire puis elle se tourne pour me regarder avant de se redresser.

- Bien dormi ? Je lui demande.

Elle rougit un peu lorsqu'elle comprend que je suis réveillé depuis plus longtemps qu'elle puis hoche positivement la tête.

- Oui, tu es très confortable.

Je ris et me lève. Je déplie mon aile gauche, qui émet un craquement pas très classe. Je grimace alors qu'elle sourit. Elle s'élance dans sa chambre, se brosse les cheveux, enfin je suppose, puisqu'elle revient avec ses cheveux nattés. Pendant ce temps, je me suis juste étiré comme si ma vie en dépendait. Hellen rit puis retourne dans sa chambre et sort pour venir toquer à la mienne. De cette manière, personne ne peut se douter que nos portes de communication ne sont plus fermées. Je lui ouvre la porte en lui tirant la langue avant qu'elle ne se mette à crier.

- LE PREMIER EN BAS A GAGNÉ !!! Hurle-t-elle à tue-tête.

Puis elle s'élance dans les escaliers en courant. Je finis d'enfiler mon tee-shirt, m'avance jusqu'à la rambarde, vérifie que personne ne me peut voir et saute carrément en bas. Le choc des deux étages est rude mais je fais une roulade pour en absorber la puissance.

- GAGNÉ !! Je hurle comme un gosse, oubliant un instant mon rôle dans cette famille.

Hellen arrive peu de temps après, essoufflée d'avoir descendu les deux étages en courant de toutes ses forces.

- T'as triché ! Proteste-t-elle.

- T'avais pas dit de règles particulières ! Ripostais-je.

- Bon les enfants ! C'est fini ?!S'exclame Catherine en arrivant.

On rit et on va dehors. Matthew est assis sur un transat, un ballon sous le bras, en train de lire un livre sur sa liseuse. Ou plutôt d'en regarder les images vu la vitesse à laquelle il fait tourner les pages virtuelles. J'arrive derrière lui et pique son ballon. Il pousse un cri surpris et commence à me courir après. Il saute sur mon dos et je continue de courir comme si de rien n'était. Hellen nous rejoint alors qu'on est sur le terrain de jeu. C'est un simple rectangle en herbe synthétique connecté à un réseau Internet. On choisit le sport et des objets créés en quelques secondes viennent nous aider. Hellen et Matt se lèguent contre moi et je finis couché sur le ballon, Hellen et Matt sur mon dos, morts de rire.

Homme-LoupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant