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Lorsque j'ouvre les yeux, mes membres, engourdis à force d'avoir gardé la même position, m'alertent. Mon corps ne réagit comme ça que lorsque que ça fait plusieurs jours que je suis dans une même position. Je remarque que je ne suis pas la seule à être enfermée. Tout autour de moi, il y a des cages semblables à la mienne, habitées par des hommes, des femmes, en sale état, certains entrain de divaguer, d'autre en train de pleurer. Mais la plupart de ces prisonniers sont assis, l'air hébété, sans rien faire d'autre que de loucher sur les barreaux de leur cage. J'essaie de fouiller mes souvenirs pour retrouver quand je suis arrivée ici, mais je devais être évanouie... Je me tourne vers un homme, sur ma gauche, qui est adossé à sa couchette, face à moi.

- Ça fait combien de temps que je suis là ?

- Trois jours. Dit-il, la voix cassée.

- Et vous ?

- Deux ans. Soupire-t-il. Enfin je crois... J'ai perdu le compte depuis le temps.

Je me ratatine dans mon coin, honteuse. Ça fait deux ans qu'il vit dans ce trou à rat. Deux ans que l'Organisation l'a fait prisonnier pour je ne sais quel acte. Et autant de temps que sa famille le pense disparu, voir même mort je ne sais où.
Je fais un rapide calcul. Scott et moi avions disparu depuis une semaine et demie lorsque j'ai été relâchée. Et si on y ajoute les trois jours que j'ai passés ici, ça fait depuis quasiment deux semaines que mes parents ne savent pas où je suis. Et quatre jours que Scott doit subir je-ne-sais-quoi par son frère. Je me relève, incapable de me laisser abattre comme ces gens, et regarder, morte à l'intérieur, les barreaux rouillés de cette prison illégale. Je regarde la serrure, j'ai un peu de chance il semblerait, c'est une serrure simple, comme les cadenas. Je passe une main le long de ma cuisse et en sors une fine tige de métal. Heureusement pour moi que l'Organisation ne m'a pas fouillée avant de me jeter dans les bas-fond de la ville. Je la plie en deux jusqu'à ce qu'elle casse, puis glisse le premier morceau dans la serrure et fais jouer les autres balanciers avec le deuxième morceau. Et en quelques secondes, je suis libre, la porte s'étant ouverte dans un grincement faisant taire tout les petits bruits environnants. L'homme d'à côté sursaute alors que je lui lançais les tiges, pour qu'il puisse sortir de là.

- Ça fait trop longtemps que tu es là. Que vous êtes là. Lançais-je à l'intention des autres.

Il me remercie d'un regard et se traîne jusqu'à la porte de sa cellule. Normalement, tout le monde est capable de forcer ces serrures très simples, même sans formation, j'espère que c'est le cas des gens ici. Je traverse plusieurs couloirs avant de reconnaître les lieux. J'entre dans la salle qui sert de salle de conseil en arrachant presque la porte tant j'y mets de la force et de la volonté.

Les trois hommes cessent de parler pour me dévisager.

- Je veux te parler seule à seul. Dis-je en montrant du doigt un homme, enfin le chef, celui que j'ai si facilement mis à terre lors de mon arrivée.

Certainement alerté par mes nouvelles capacités, il hoche la tête et fait signe aux autres de partir. Alors que les deux hommes passent à côté de moi, je ne peux m'empêcher de me moquer un peu.

- C'est bien, vous les avez bien dressés ceux là.

- Qu'est-ce que tu veux Doris ?

- Premièrement, que tu arrêtes de penser que m'appeler par mon nom de famille est une insulte, et ensuite que vous laissiez partir mon frère. Alors peut-être qu'on pourra discuter.

- Hâte de voir ça.

- Et faire des phrases complètes c'est trop compliqué pour ton petit cerveau, abruti ?

- On va baisser d'un ton sinon tu vas devenir enfant unique.

- Vous touchez à un seul de ses cheveux et adieu l'Organisation !

Homme-LoupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant