Je marche dans la rue, un sourire un peu débile plaqué sur les lèvres. Ça fait deux mois que Hellen et moi sommes ensemble. Et je crois que sans elle j'aurais abandonné depuis longtemps. Chaque jour qui passe, le frère de James cherche à me détruire un peu plus, comme si j'avais agit d'une mauvaise manière envers lui. J'ai arrêté de chercher à comprendre, mais je ne peux m'empêcher d'y penser régulièrement. Qu'ai-je fait ? Je haussais les épaules et passais rapidement à autre chose mais ce serait me mentir que de dire que ça ne m'atteint pas. Je n'ai pas encore assez enduré pour savoir construire autour de moi un mur protecteur. Une armure sur laquelle les insultes à ma difference ne feraient que rebondir au lieu de me frapper et me blesser.
Plongé dans mes pensées, le monde extérieur n'est plus qu'un défilé d'images sans aucune importance, jusqu'au moment où la crosse froide d'une arme se loge entre mes côtes, qu'une main se pose sur mon épaule avec force et qu'une voix murmure doucement à mon oreille.- Tu bouges ? Tu meurs.
N'ayant pas envie de vérifier si on peut toujours marcher avec une balle, certainement enduite de je ne sais quelle substance vu les temps actuels, logée entre les côtes, j'obéis. L'homme m'entraîne dans une ruelle sombre et je m'attends à ce qu'il demande mon argent, l'hologramme à mon poignet ou encore que je fasse un braquage de banque. Il me dit simplement, en me regardant droit dans les yeux :
- On attend le van ici, pas de problème j'espère. Hein, Scott ? Demande-t-il en insistant fortement sur mon prénom.
On aurait pu dire que c'était simplement pas mon jour de chance, mais non. L'homme sait exactement à qui il a à faire. Et s'il sait ça, il sait certainement d'autres choses. Je ne le connais pas. Et je doute que James ou encore son frère n'emploient de tels moyens simplement parce qu'ils ne peuvent pas me supporter. C'est à la fois exagéré, démesuré et largement au-dessus de leurs moyens. Je me place face à lui et commence à exercer une pression insupportable sur mes ailes, jusqu'à ce que je sente mon tee-shirt et la protection commencer à se déchirer. Une fois mes deux ailes libres, je ne réfléchis pas des heures et m'élance vers le ciel. J'avais escompté que le temps que l'homme comprenne, que j'avais des ailes et que j'étais en train de lui échapper, je puisse m'enfuir, mais il devait savoir ça aussi. Il dégaine son arme sans ciller et tire deux balles puis une et encore deux. Je parviens à esquiver les quatre premières mais la cinquième se loge dans mon épaule au moment même où je parviens à la hauteur des immeubles environnants. Il ne me reste que quelques mètres et je pourrais fuir la ruelle. Le paysage se met alors à tourner de manière incontrôlable, je ne sais plus où est le ciel et où est le danger. Je réagis comme réagirait l'animal qui m'a donné ses ailes. Je les replies contre mon corps et je me laisse tomber. Au moment où, enfin, mes sens se remettent en place, le noir me happe et je tombe lourdement sans plus rien contrôler.
Un sceau d'eau glacé me réveille brutalement mais je n'ouvre pas les yeux tout de suite. J'analyse ce qui se trouve autour de moi. Je suis à plat ventre sur une table en métal, ou dans un matériau froid, mes poignets tout comme mes chevilles et mes ailes sont attachés. Une respiration à ma droite. C'est tout ce que je pouvais tirer. Pas d'odeur particulière ni de bruits caractéristiques. Alors seulement j'ouvrais les yeux. L'homme qui est face à moi semble être un scientifique. Je le vois à cet air mélancolique de celui qui n'a pas de vie sociale à part ses recherches et cette prise de conscience fait se fracasser une lourde vague de peur mêlée d'un millième de nostalgie, pour mon enfance ''paisible'', en moi. Il me détaille.
- Qui t'as fait ça ? Demande-t-il avec une voix de fumeur, cette voix cassée.
- Qu'est-ce que ça peut te faire ? Ripostais-je dans la foulée.
Sa main claque sur mon omoplate, y laissant une marque de feu.
- Réponds moi ! Hurle-t-il.
- Toi aussi. Dis-je, nullement impressionné par sa colère, bien qu'il soit inquiétant qu'il perde le contrôle de lui aussi au bout d'un échange de mots.
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Homme-Loup
Fantasía"Aujourd'hui, la science est arrivée à un tel point que l'Homme est en capacité de modifier jusqu'au génome humain pour pouvoir soigner les maladies face auxquelles nos ancêtres ne pouvaient qu'abdiquer." Dr Bersheker, conférenc...