Petits Démons et Fantômes Familiers

LES SEPT BULLES (partie 1)

Little impalpable worlds were those soap bubbles,

with the big world depicted, in hues bright as imagination,

on the nothing of their surface.

Nathaniel Hawthorne, The House of the Seven Gables.

On me disait que c'était la seule solution.

Et je suis allée voir le magicien. Après ton départ, j'ai passé plusieurs jours, plusieurs nuits à tourner en rond, à me morfondre, à m'arracher la peau des doigts contre les murs, et les nuits étaient bien pires encore. Le temps était trop lourd, ne passait plus. Et finalement, j'ai cédé. Je suis allée voir le magicien.

On me disait que le magicien pourrait mettre fin à mes souffrances, qu'il connaissait le cœur des hommes, celui des femmes aussi, et même celui des enfants. On me disait que c'était un puits de science, et qu'il trouvait une solution à tout, même à l'impossible, que si j'allais le voir, il m'aiderait à surmonter cette épreuve, à oublier. J'étais pourtant quelqu'un de fort, ou du moins je croyais l'être, je me croyais assez forte pour toujours avoir envie de vivre, de voir venir les choses et de les affronter. Parce que je pensais les voir venir avec toi. C'était au temps où je croyais en toi. En nous. Au temps où tu passais ton temps avec moi. Le magicien a ri quand je lui ai raconté notre histoire, il a dit que c'était toujours pareil, toujours la même histoire, que seuls les acteurs changeaient. Quand je lui ai dit combien j'étais malheureuse, le magicien a ri.

Le magicien m'a dit qu'il faut rire des choses, que rien n'est définitif, qu'il y a toujours plus de solutions que de problèmes. Et je ne l'ai pas cru, mais j'espérais qu'il avait raison. Je lui ai expliqué comment je t'avais chassé de ma vie, alors que je t'avais tout donné, et comment j'avais passé mes journées et mes nuits ensuite. Je lui ai expliqué comment j'ai voulu me pendre, et pourquoi, la corde autour du cou, je n'ai pas osé. Parce que je suis lâche, dans le fond. Au moins autant que toi. Mais le magicien a ri encore, car tout cela, il le savait déjà.

Le magicien a enlevé ses lunettes et sa barbe postiche, et s'est assis près de moi. Il m'a dit qu'il y a toujours plus de solutions que de problèmes, et qu'à mon problème, il y a sept solutions.

Et le magicien m'a donné sept bulles.

Une à une, il les a soufflées de ses lèvres, comme un personnage de bande dessinée, et lentement elles se sont élevées dans les airs, au-dessus de nous, mais pas trop haut, juste assez pour que nous puissions bien les voir. Et une à une, elles se sont mises à enfler. A l'intérieur des bulles, nous avons commencé à voir des reflets, des tourbillons, puis des formes animées. Bientôt, chacune d'entre elles semblait contenir quelque chose d'agité, de vivant, un monde. Le magicien m'a dit alors qu'il fallait les regarder attentivement, et écouter ce qu'elles me disaient, toutes les sept, jusqu'à ce qu'elles éclatent. Il m'a dit que lorsque les sept bulles auront éclaté, tout sera résolu.