Princesse Ruby

Chapitre 9

– Maintenant on se tutoie ? Me reprenais-je plus tard, en me reculant de son étreinte.

Un sourire en coin venait renforcer son côté taquin, tandis que je levais les yeux au ciel. Me rendant compte que je venais de me laisser emporter par mes émotions, je secouais la tête, prête à repartir dans l'affront.

– Pouvons-nous oublier cela ?

– Oui, à une condition, ajouta-t-il, en faisant un pas vers moi.

Son torse venait subitement buter contre mon buste ; sa main se posa sur mon épaule, tandis que je relevais les yeux afin de croiser son regard. Ses prunelles émeraudes me fixaient, intensément, me provoquant un oubli de battement de mon pauvre petit cœur.

– Désormais nous allons nous tutoyer et tu m'appelleras par mon prénom. Qu'en dis-tu ? déclara-t-il, l'air très sérieux.

– Les babysitteur et leurs clients ont le droit à tant d'intimité ? Répliquais-je.

– Évidement que oui.

Je détournais mon regard du sien, commençant à être dangereusement hypnotisée par cette fossette.

– Ok. Je le ferai, avouais-je.

– Parfait, compléta-t-il, visiblement heureux de cet accord.

– Peux-tu quitter mes appartements, maintenant ? Reprenais-je quelques secondes après.

– Je peux éventuellement quitter notre salle de bain, maintenant, si tu le souhaites, dit-il, en enfonçant ses mains dans ses poches.

Il attrapa d'un mouvement sa serviette, s'avança de nouveau près de moi, déposa... un petit baiser sur ma joue, puis partit en sifflotant de la salle de bain.

Il se joue de moi.

Et bien entendu, je commençais à tomber dans le panneau...

**

– Ne mange pas si vite Ruby, me sermonna mon petit brownie, l'air dur.

Je faisais exprès de mâcher excessivement mon morceau de pain, énervée de savoir qu'il avait encore laissé ses affaires traîner dans ma chambre. Il continue de me chercher. Mais il est vrai que depuis ce fameux matin, nous ne nous étions pas revu.

Monsieur doit "trier quelques papiers", je présume.

Arrêtant finalement de penser à monsieur j'embête tout le monde, je me mis à réfléchir à ce que je pourrai faire en cette fin d'après-midi ensoleillée. Soudainement une merveilleuse idée me traversa l'esprit. Le liquide pour nettoyer le sol venait s'interposer dans mon champs de vision. Un sourire étira mes lèvres, tandis que je reposais lentement mon morceau de pain.

– Ruby, retire moi rapidement ce sourire qui ne me présage rien de bon, s'interposait aussitôt Matteo, alors que je continuais de sourire.

Mais oui ! C'est ça ! Direction ma chambre ! Il me faut un maillot de bain et vite !

Je me suis mise à directement courir en direction de mon sanctuaire favori ; arrivée là-bas j'attrapais une serviette et mon maillot, puis partis me changer dans la salle de bain. Plus tard je revenais dans la cuisine, attrapais le liquide (sous les cris de petit browni énervé), puis je repartais pressement en direction du grand salon.

Bien sûr je fermais la porte à clé, personne ne pouvant ainsi me déranger. Et hop, je renversais tout le liquide par terre. Je posais un pied dessus et... ah oui ça glisse bien, dites-moi ! Je retirais mon peignoir, puis resserrais les ficelles de mon maillot de bain.

Je pris entre mes mains un coussin et hop ! Je me lançais déjà dans cette folle aventure.

C'est génial ! Carrément génial !

**

PDV Esteban

– Elle a donc tout découvert, dit-il dans un souffle, visiblement exaspéré.

– Tout va bien, ne vous en faites pas. Je préfère qu'elle ait su aujourd'hui, qu'elle ne l'apprenne dans quelques mois. Après tout, il m'aurait été très dur de lui cacher cela, repris-je calmement, en me positionnant près de la fenêtre.

– Elle est très curieuse, je te prie donc de bien faire attention Esteban, continua-t-il, alors que j'esquissais dans un sourire.

– Oui, ne vous en faites pas.

– Je ne veux pas qu'elle apprenne pour tu sais quoi, Esteban. Excuse-moi de t'embêter avec cela mais...

– Tout se passera bien. Je sais ce que j'ai à faire, le coupais-je aussitôt, en admirant les jardins.

– Elle est farouche, cela n'est pas du tout gagné d'avance... souffla-t-il à l'autre bout du combiné.

– Je le sais. Je l'ai assez observé pour le savoir, renchéris-je, en repensant encore à toutes ces vidéos qui m'avaient été données.

– Je te la confie, prends en soin Esteban. Je dois te laisser, merci pour tout, reprit son père, tandis que j'acquiesçais.

– Comptez sur moi. Au revoir George, fut ma dernière phrase, avant que notre discussion ne s'achève.

Je reposais le cellulaire sur le bureau, en laissant échapper un soupir. Malgré le fait que je connaisse toute d'elle, j'avais la nette impression qu'elle risquait bien de me surprendre dans les jours qui allaient suivre. Ce matin elle m'avait fait prendre conscience d'une chose : malgré ses airs de diablotin, cette femme pouvait cependant se laisser porter par ses émotions.

À cause de mon passé.

Tout cela est derrière moi. Cet homme que j'appelais autrefois père n'est désormais plus de ce monde. Il est mort sous les barreaux. S'il ne l'avait pas été, je me serai juré de le faire sous mes propres mains. À l'époque j'étais faible. Beaucoup trop même. Mais désormais, tout a changé. J'ai changé. Plus jamais je ne me laisserais faire, ne me laisserais piétiner par quelqu'un. Non, cela n'arrivera plus.

J'ai grandi. Dorénavant, je suis un homme puissant. Plus rien ne me fera succomber, sauf... elle.

Ma faiblesse d'aujourd'hui, celle qui pourrait être la seule qui viendrait rompre ce caractère que je m'étais intentionnellement créé, était celle qui se trouvait désormais à mes côtés.

Ruby.