Chapitre 12

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PDV Ruby

– Au secours ! Princesse en détresse qui se fait séquestrer par son babysitteur ! Hurlais-je depuis déjà cinq minutes, en me tortillant dans tous les sens.

Reprends ton souffle Ruby ; respire et inspire. Puis... hurle !

– S'il vous plaît, je vais me faire démembrer ! Ce satané fou est allé chercher du poison dans les cuisines, aidez-moi ! Criais-je pour la sixième fois, en ressentant encore des brûlures aux poignets.

Ça fait super mal, non mais oh !

Soudainement la porte s'ouvrit, laissant apparaître le terrible fou. Un plateau bien garni dans les bras, il le déposa sur la commode puis s'avançait vers moi, comme si tout était très normal.

– Retire moi ça immédiatement ! Hurlais-je comme une excédée, cette satanée brûlure se faisant ressentir davantage.

Voyant bien que j'étais au sommet de ma colère, très sombre, Esteban posa un genoux sur le matelas puis s'empara de mes poignets. Un petit clic se fit entendre, avant que la paire de menotte ne tombe à terre. Je ramenais mes pauvres mains vers ma poitrine, mais mon visage se décomposa en une fraction de secondes quand je vis cela.

Mes poignets étaient rouges, vifs, abîmés.

– Mon Dieu, l'entendais-je murmurer, avant que je ne sente deux mains se poser sur le dessus de mes poignets.

J'eus un mouvement de recul, brusque, en sentant soudainement mes poignets me brûler. Je relevais mes yeux vers Esteban et ce que j'y voyais, me donnait étrangement un mal au cœur. Ses prunelles étaient marquées par plusieurs émotions, mais surtout la tristesse, la culpabilité.

– Je ne voulais pas que ta peau soit marquée... je... excuse-moi... Dit-il, l'air paniqué.

– Il faut mettre de la crème et ça ira mieux, tu sais,
repris-je plus calmement, en le voyant se lever du lit.

Il claqua en moins de deux la porte, alors que je soupirais. Je me calais de nouveau contre le coussin, et plus tard, la porte claqua de nouveau. Esteban se précipita jusqu'à moi, puis commença à sortir une trousse de secours.

Ça sert de faire des bêtises. Là-dedans vous trouverez tout ce que vous avez besoin pour un petit bobo...

Esteban commença à sortir des tas de bandages, puis à ouvrir péniblement le flacon de désinfectant, les mains presque tremblantes.

Oula...

– Je vais bien, Esteban. J'ai eu pire, tu sais,
reprenais-je, en posant une main sur la sienne.

Tous ses gestes furent arrêtés, avant que je ne le vois remonter petit à petit son regard jusqu'au mien.

Ses yeux émeraudes reflétaient une sombre tristesse, encore mêlée à celle de la culpabilité.

– Tout va bien... Chuchotais-je, en essayant du mieux que je pouvais de le rassurer.

Je sais pourquoi il réagit comme ça. J'ai compris. C'est évidement en lien avec sa terrible enfance...

– Je vais te soigner, ne bouge plus je t'en prie, dit-il d'une voix douce.

J'acquiesçais de la tête, le laissant donc faire. Il inspira, puis posa délicatement un coton imbibé de désinfectant sur l'un de mes poignets. Cela commençait à me picoter, mais je ne voulais rien laisser paraître.

Même si c'était de sa faute, il ne fallait pas lui faire plus de peine qu'il en avait déjà...

Quelques secondes plus tard il entoura mon premier poignet d'un petit bandage, puis reproduisait la même chose sur le deuxième. Je me laissais encore une fois, totalement faire, savourant par la même occasion ses douces caresses que me prodiguaient ses mains.

– J'ai fini. Comment tu te sens ? Me demanda-t-il ensuite, comme si j'avais eu subi quelque chose de très grave.

– Bien. Ce n'est rien. Mais si tu pouvais retirer tout cette peine qui marque ton visage, je me sentirai encore mieux, Esteban, avouais-je.

Il passa une main dans ses cheveux bruns, en inspirant encore une fois.

– Je ne voulais pas te faire du mal... marmonna-t-il d'une voix tiraillée, alors que je ne savais plus quoi faire.

Bon eh bien... Un moment faut bien l'aider quoi...

Ma main partit toute seule sur sa joue, dans un magnifique clappement.

Aïe. Mon poignet. Heureusement que je fais cela pour la bonne cause...

– Tu vas arrêter de t'apitoyer sur ton sort, non mais oh ! Je vais bien, tu vas bien, nous allons très bien ! C'était juste un petit accident et comme je te l'ai dit, j'ai eu bien pire ! Maintenant tu me retires ce visage peiné, tu m'enlèves ces mauvaises ondes et tu me fais ton magnifique sourire qui me fait presque succom..."

Oui. Bien joué Ruby. Continue de laisser parler ton impulsivité, voyons.

La fin de ma phrase se perdit entre mes lèvres, alors que je le voyais commencer à sourire. Un silence s'installa aussitôt dans la pièce, tandis que je voyais monsieur finalement regagner son grand sourire.

– Un problème avec mon sourire, Ruby ? Demanda-t-il d'une voix rauque, alors que je me raclais la gorge.

– Hum. Disons que non, pas tout à fait...

Esteban se leva soudainement du lit, emportant avec lui le matériel spécial "sauver Ruby de ses conneries". Il attrapa ensuite le plateau, puis revenait à sa position initiale. Je le regardais faire, comme hypnotisée, avant que je ne le vois attraper une cuillère dans sa main. Il la plongea directement dans la soupe, puis me la porta à mes lèvres... ?

– J'ai des mains, répliquais-je immédiatement.

– Tu as mal, rétorqua-t-il.

– Faux.

Esteban lâcha soudainement la cuillère, la laissant retomber dans le bol de soupe. Il se pencha vers moi, puis son doigt s'appuya brusquement sur mon poignet gauche. J'eus un mouvement de recule, très brusque, un gémissement s'échappant de mes lèvres.

– Mais ça va pas ! M'exclamais-je, en lui faisant les gros yeux.

Ce maudit sourire venait de nouveau étirer ses lèvres, tandis que monsieur reprenait la cuillère entre ses doigts.

–Tu as mal. Je suis ton babysitteur, rappelle-toi Ruby. Mange maintenant.

– Tu vois ce genre de choses dans les films, dans les livres. La femme qui accepte que son cher et tendre petit ami lui donne la becqueté. Or ce qui change, mon très cher Esteban, c'est que toi et moi ne sommes pas un couple. Bien évidement, cela n'arrivera jamais, avouons-le nous. Ensuite, nous ne sommes pas assez proches et j'ai des mains pour le faire. Alors range ta cuillère, merci.

Monsieur haussa un sourcil, comme s'il était étonné de mes paroles. Lentement, très lentement il reposa la cuillère dans le bol de soupe, puis trempa son doigt dans ce liquide orange et le porta à ma bouche encore ouverte...

Enfin. Il n'aurait pas dû. Ma réaction fut immédiate. Mes crocs bien acérés et pointus se refermèrent sur sa chair. Allez hop, du balai le petit Esteban.

Princesse Ruby Où les histoires vivent. Découvrez maintenant