Chapitre 18

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–Arrête de dire n'importe quoi, Esteban ! S'exclama aussitôt mon petit diablotin, visiblement énervée.

Elle secoua sa main dans la mienne, pour finalement les faire séparer. Ruby me lança un regard noir, puis s'empressa d'accélérer le pas. Je laissais échapper un sourire en coin, puis me décidais de la rattraper. En quelques enjambées je fus devant elle, en tenant fermement ses épaules.

– Calme toi Ruby, soufflais-je, en cachant du mieux que je pouvais mon sourire.

Comment ne pas laisser mes lèvres s'étirer en un sourire, quand je voyais ce petit air colérique tirer son visage.

– Je ne suis pas ta femme, est-ce clair babysitteur de je ne sais quoi ! S'exclama-t-elle, en fronçant les sourcils.

Ma blague ne lui a pas plu à ce que je constate. Dommage...

Je recommençais à marcher tout droit, sous ses nombreuses protestations.

– Je pourrai t'envoyer en justice pour avoir fait des attouchements très déplacés envers ta cliente !Continua-t-elle à s'exclamer, encore énervée.

– Deux familles royales qui s'affronteraient en justice. Quelle perte de temps, soupirais-je.

– Pas pour moi, non !

Je ne relevais pas sa remarque et continuais de l'emmener de force vers un coin très spécial pour moi. Plus tard et des cris de mon diablotin, nous y arrivions enfin. Étrangement Ruby arrêta d'hurler comme un ours et s'avança petit à petit vers la cascade qui entourait la prairie.

– Comment faire taire une femme en moins d'une minute, me chuchotais-je à moi-même, en la suivant.

– Si je t'enfonce une pierre dans la gorge, alors ta phrase pourra finalement changer : comment faire taire un homme en moins de dix secondes,
ajouta sèchement Ruby, en me lançant un petit regard.

Je souriais, ravi d'avoir pu entendre l'une de ses répliques acerbes. Il est vrai que j'aime beaucoup cela dans son comportement.

– Aimes-tu cet endroit ? Soufflais-je plus tard contre son oreille, en essayant de faire toucher mon bras au sien.

– C'est très joli. Par contre arrête avec tes rapprochements, j'ai également des yeux derrière la tête.

– Pourquoi es-tu si méfiante avec moi ? Pourquoi me repousses tu sans cesse ? Demandais-je, en me plaçant devant son corps.

– Toujours se méfier des hommes, dit-elle simplement.

– Un homme t'a déjà blessé dans le passé ? Questionnais-je soudainement, tendu et pressé de connaître la réponse.

– Oui, il est vrai. Mais je reste quand même sur mes gardes avec n'importe qui, reprit-elle en posant une main sur mon torse, puis en me contournant.

– Jamais je ne te blesserai, déclarais-je très sérieux.

– Je ne sais pas. Je vais te dire les choses clairement, Esteban. Je ne veux absolument pas m'attacher à toi. Bientôt tu repartiras et nous mènerons nos vies respectives comme avant, continua-t-elle, tandis que je sentais une colère traverser mon cœur.

– Pourquoi partirais-je... soufflais-je.

– Car tu as des responsabilités au sein de ton palais et que moi aussi, compléta-t-elle, ce qui me laissait aussitôt un arrière goût dans la bouche.

– Je ne vais pas partir, murmurais-je.

Ruby me lança un regard indéchiffrable, avant de se retourner et de partir faire tremper ses pieds dans l'eau claire. Je soufflais d'exaspération, puis partais la rejoindre.

Elle ne le sait pas encore mais pourtant, je ne compte plus jamais quitter sa vie. C'est impossible. Mon cœur bat au rythme du sien depuis déjà trop longtemps...

**

Quelques heures plus tard.

Nous avions passé le reste de la journée ensemble à se balader dans cette immense propriété. Nous n'avions reparlé de ce sujet d'abandon et d'attachement. Non, au contraire, Ruby m'avait posé quelques questions sur moi. Mes activités favorites, que faisais-je la journée dans mon palais, en Espagne, quelle était ma couleur favorite et même, elle avait été jusqu'à me poser des questions sur ma mère.

Jamais elle n'avait osé enclencher le sujet de mon père. Elle avait rapidement compris que cet homme ne faisait plus parti de notre famille et que jamais je ne voudrais réentendre parler de lui. Alors elle m'avait juste posé quelques questions sur ma mère, lui vouant soudainement une profonde admiration.

Et comment ne pas le faire... Cette femme a subi pendant de longues années tous ces coups affligés par cet homme, que j'appelais autrefois père. Elle en a même pris certains pour moi, à ma place. Ma mère représente tellement pour moi, que je me devais de l'éloigner à tout prix de son passé. Désormais elle vit en Grèce, dans un très grand château. Elle est heureuse ; son regard n'est plus marqué par la peur ou bien la tristesse.

Non. Ma mère est aujourd'hui heureuse. Elle profite pleinement de cette vie qui lui avait été enlevée un moment à cause de cet infâme homme. Et je suis davantage heureux pour elle, car on m'aurait informé qu'un certain homme, nommé Alexander, lui redonnerait bel et bien le sourire...

Elle a retrouvé une lumière dans sa vie. Elle l'a finalement trouvée, comme moi je l'ai trouvé avec elle.

**

– Tu es magnifique, avouais-je, en m'approchant de son corps qui étais extrêmement bien mis en valeur dans cette robe noir.

– Tu m'as dis que nous allions dîner chez une personne qui compte beaucoup pour toi. Je me devais de faire un effort.

– Merci d'avoir accepté mon invitation, chuchotais-je, en prenant délicatement sa mains dans la mienne.

Malgré nos petites chamailleries de cet après-midi, Ruby était bel et bien là devant moi. Dans cette sublime robe, qui ne faisait qu'accroître cette beauté naturelle dont elle avait été gâtée.

– Je n'allais pas refuser un repas. Et puis, j'ai très hâte de voir à quelle conquête tu comptes me présenter, rétorqua-t-elle, ce qui me décrocha un sourire.

Cette femme s'est mise en tête que j'allais la présenter à une de mes conquêtes. Certes j'en ai eu, quelqu'unes dans ma vie. Mais jamais je n'oserais présenter Ruby à l'une d'entre elles. Les pauvres, elles auraient bien trop peur, hontes, et auraient été très jalouses. Le charme de mon petit diablotin et très bien mêlé à son caractère dynamique. Elle rendrait jalouse des dizaines de femmes, aucun doute là-dessus...

Et c'est bien ceci qui m'a fait tomber amoureux d'elle, il y a déjà trop longtemps de cela.

– Tu verras, cette fameuse conquête est une femme adorable, lui susurrais-je contre son cou, avant de laisser frotter mes lèvres contre celle-ci.

Je sentis son corps se manifester d'un petit sursaut, ainsi qu'un adorable frisson. Je souriais contre son cou qui sentait son parfum, puis laissais glisser un bras autour de sa taille.

– Allons-y Ruby, repris-je, en ayant très hâte de voir et connaître sa réaction face à la fameuse conquête.

Princesse Ruby Où les histoires vivent. Découvrez maintenant