Chapitre 19

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– Nous arrivons bientôt ? Râlait pour la dixième fois Ruby, en me fixant.

Je m'arrêtais à un stop et en profitais donc pour me tourner face à elle. Je plaquais immédiatement ma main contre ses lèvres roses, alors qu'elle fronçait déjà les sourcils.

– Oui. Maintenant arrête de me poser cette question, Ruby, répondais-je, en retirant ma main de ses douces lèvres.

Je passais ensuite la deuxième et m'insérais plus tard dans une nouvelle file.

– Esteban... On arrive bientôt ? Me questionna encore et toujours ma petite Ruby, tandis que je posais une main sur sa cuisse gauche.

Je ne me gênais point pour pincer sa peau à travers le tissu noir de sa robe et aussitôt elle se manifesta par un petit saut sur son siège.

– Mais cela fait mal, sombre crétin !S'exclama-t-elle, en me pinçant le bras.

Évidement aucune émotion ne passa sur mon visage, n'ayant en aucun cas ressenti cette douleur.

– Si tu ne veux pas que nous ayons un accident, ce qui serait très fâcheux, je te prierais de rester sagement à ta place et de sceller tes lèvres roses.

– Sinon quoi ? Le méchant babysitteur va me punir et m'enfermer dans le coffre de la voiture ?

– Non, hors de question. J'utiliserai une charmante manière : je scellerai tes lèvres à l'aide des miennes, complétais-je, un sourire machiavélique en coin.

Ah tiens. Ruby ne disait plus rien désormais. Le feu passant finalement au rouge, je m'arrêtais, puis me retournais une nouvelle fois.

– Tes joues ont la même couleur que ce feu. C'est très mignon.

– Tu es gênant comme homme, me murmura-t-elle, en regardant droit devant elle.

– Sûrement oui.

Quelques minutes plus tard nous étions finalement arrivé, et je me dépêchais d'aller ouvrir la portière de Ruby. Évidement elle en sortit avant, manquant au passage de me briser les jambes quand elle eut ouvert la portière. Mademoiselle m'offrait immédiatement un clin d'œil, puis commença à admirer tout autour d'elle. Je me dépêchais de la rejoindre, en entourant sa taille de mon bras. Aussitôt elle me lança un étrange regard, que je le lui rendais par un sourire.

Je la tenais fermement contre moi, avançant ensuite jusqu'à l'entrée du restaurant. Tout avait été prêt, préparé, pour que personne ne puisse venir nous déranger ce soir ; journalistes et autres médias indésirables, bien entendu. Je souriais, ravi de savoir que nous allions passer la soirée rien que tous les deux.

Enfin pas tout de suite, mais plutôt vers la fin...

– Mon petit Esteban ! S'écria subitement une voix aiguë, avant que je ne sente Ruby s'échapper de mes bras.

Elle était là.

– Bonsoir Lenora, cela faisait longtemps, lui murmurais-je, très heureux de la revoir.

Elle mit fin à notre étreinte quelques secondes plus tard, en se reculant ; elle me regarda ensuite avec une certaine admiration, dont je ne me lasserais probablement jamais. Ses longs cheveux gris avaient été ramenés en une natte qui retombait désormais sur son épaule droite. Elle posa une main frêle et froide sur ma joue, en commençant à me parler en espagnole. Ces mots remplis d'une incroyable gentillesse venaient aussitôt me toucher.

Soudainement elle se détacha de moi, se recula, puis elle vint précipitamment enlacer Ruby dans ses bras.

– Et je vois que tu as enfin une compagne ! Que dis-je, une merveilleuse et magnifique compagne ! Elle est sublime Esteban ! S'exclama-t-elle, alors que Ruby me lançait des regards totalement remplis d'incompréhension.

– Je te présente Lenora, une grande amie à ma mère, intervenais-je, en voyant déjà ma petite Ruby perdu.

Lenora se recula ensuite, en laissant cependant ses mains se poser sur les épaules de Ruby.

– Pourquoi m'as-tu caché cette jolie demoiselle, Esteban ? Me questionna-t-elle en souriant, faisant donc illuminer son visage marqué par la vieillesse.

– Disons quelle aime bien se cacher, répondais-je, en venant de nouveau entourer sa taille de mon bras.

Un petit coup de coude venait gracieusement atterrir dans mon ventre, me laissant échapper un petit rire.

– Rentrez dans mon restaurant, voyons ne restez pas là ! J'ai hâte d'entendre vos histoires de couple ! S'exclama immédiatement Lenora, en attrapant la main de Ruby.

Ruby lui offrait un mince sourire, puis se laissait finalement guider à l'intérieur du restaurant. Plus tard nous nous installions à une table, Ruby se retrouvant à ma droite et Lenora en face de nous. Voyant bien les regards insistants que Ruby me lançait, sa main qui me pinçait la cuisse, je me décidais d'éclaircir quelques points.

– Tu connais toute l'histoire Ruby, maintenant. Inutile de t'en cacher plus. Lenora a été celle qui a aidé ma mère a porté plainte contre les coups de cet homme. Grâce à elle, nous avons pu sortir de cet enfer. C'est elle qui a redonné l'espoir à ma mère, m'a fait devenir ce que je suis en parti aujourd'hui. Elle représente beaucoup pour nous deux.

Je tournais la tête et mon cœur commença à dangereusement se remuer en voyant ces deux prunelles noisettes marquer par une tristesse. Je déposais ma main sur la sienne, en la caressant avec lenteur.

– Ne pleure pas, Ruby ; je ne voudrais pas que tu tâches ton visage avec ce maquillage et que Lenora prenne peur, chuchotais-je, en essayant de lui faire renaître son merveilleux sourire et de faire disparaître cette émotion.

Un petit souffle s'échappa d'entre ses lèvres, tandis que je réalisais petit à petit qu'elle n'avait pas enlevé sa main de la mienne. Je lui souriais, puis reportais mon attention sur la femme qui avait changé notre vie. Elle nous fixait, ses yeux bleus remplis d'émerveillement et d'une tendresse.

– Tu es devenu un homme fort, Esteban. Je sais que tu la protégeras, tes yeux ne trompent pas, dit -elle tout bas, en fixant Ruby qui s'était légèrement raidie à l'entente de ces paroles.

– Oui. Je la protégerai, avouais-je en portant sa main à mes lèvres et en déposant un baiser brûlant sur sa peau.

Mon regard n'avait pas quitté le sien et je savais que ce baiser lui avait provoqué plusieurs sensations. Par la suite Lenora décida de poser quelques questions à Ruby, et la conversation commença donc.

Bien entendu, ma main étant toujours fermement accrochée à la sienne...

Princesse Ruby Où les histoires vivent. Découvrez maintenant