Another

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J'aurais jamais dû accepter cette histoire. J'avais pas fait ça pour lui, enfin j'me disais surtout que j'étais là pour mon travail mais c'était bien qu'une excuse à la con. Si j'étais là c'était que j'en avais envie. Point. J'me répétais simplement des conneries parce que j'étais bien trop paumée pour me poser les vraies questions. Pourtant elles ne seraient pas de trop à ce moment précis. J'avais beau regarder le ciel dégagé je comprenais pas pourquoi j'étais venue au final. Ils auraient pu trouver quelqu'un d'autre. Mais il a valu que Monsieur Bensetti prenne la décision pour moi et donne mon nom sans me demander mon avis. Il avait estimé que j'allais être d'accord et il m'a annoncé le fait comme si ça n'avait jamais été un problème en soit. Bon, très bien, ça j'acceptais. Mais qu'est ce que j'en avais à faire moi d'être venue en Inde pour le voir embrasser une autre femme sous mes propres yeux ? Ça faisait des mois que j'essayais de lui montrer c'que je ressentais mais on aurait clairement dit qu'il avait d'la merde dans les yeux. Ou alors il faisait exprès de ne pas comprendre.
Dans les deux cas je savais vraiment pas comment j'devais le prendre. Et me voila à l'autre bout de la planète avec l'homme que j'aime en secret depuis plus d'un an, et dans quelques scènes je le vois faire ce que je rêve tous les soirs qu'il me fasse. Le pire je crois ça été cette scène dans la nuit du campement. J'étais derrière l'écran, je voyais et j'entendais tout ce qui ne me sera jamais destiné. J'avais vraiment envie d'lui envoyer des dizaines de claques en pleine gueule. Il comprenait rien. Il comprend jamais rien. C'était fatiguant à force.
Et voilà qu'il l'a demandé en mariage à présent. Pourquoi j'avais accepté d'être là au juste ? J'avais clairement pas ma place ici. Alors j'avais décidé que quand j'aurais appris la chorégraphie à toutes les personnes qui devaient être présentent pour la scène, clairement je prendrais le premier avion pour rentrer à Paris.
Fallait me comprendre putain, ou avoir juste vécu la même situation. Ça me tordait de l'intérieur. Ça m'arrachait les tripes. J'ai l'impression d'avoir tout perdu. Dés que je suis près de lui je perd tous mes moyens. Ses yeux, son sourire sont désarmant. Je pouvais pas me battre contre la montagne infranchissable qu'était la montagne de mes sentiments. J'en avais plein de cul d'être prise pour une conne, d'être trimbalée à droite à gauche. J'suis pas une valise sérieusement.
Mais je pardonne tout dés qu'il me regarde dans les yeux en souriant. C'est carrément flippant. Personne n'avait jamais eu cet effet là sur moi. J'étais la marionnette qu'il contrôlait. J'exécutais tout sans la moindre difficulté parce que tout c'que je voulais c'était qu'il soit heureux, et qu'il sourisse. Il est tellement magnifique quand ses dents blanches apparaissent.
Tout ça, tous ces efforts à la con pour le voir avec une autre femme. C'est pas humain de ressentir une douleur pareille. J'avais l'impression de brûler vivante.
Oui j'étais jalouse. Et alors ?
Il m'avait bien embrassé le soir de notre victoire. Chose que je n'ai jamais compris d'ailleurs. Et que je n'ai pas cherché à comprendre en fait. Ça me faisait trop de mal de me mettre devant les faits. Quoi ? Fallait bien se rendre à l'évidence qu'il ne m'aimera jamais comme moi je l'aime. Et quand bien même j'ai tout fait pour qu'il comprenne. Mais que d'Al.
Les danses, les câlins, les sourires, les paroles gentilles, les déclarations à moitié explicites. Tout j'avais tout fait. Mais rien. On aurait dit qu'il était fait d'une armure, totalement intouchable. Et j'en avais marre de me battre contre tout et rien à la fois.
J'étais donc dans ma chambre à regarder le ciel étoilé. C'est vrai qu'ici tout était magnifique, ça change comparé à Paris c'est certain. Un vent doux flottait sur mon visage. J'avais envie de pleurer, je voulais pas, craquer c'était pas possible. J'avais passé une bonne journée c'est vrai. On a beaucoup bougé pour ses différents tournages, j'ai vu beaucoup de paysages. C'est vrai que je l'ai un peu évité. C'est con de faire ça surtout qu'il ne doit pas comprendre pourquoi.
Mais c'est trop dur de le voir avec une autre à longueur de journée. Je dis pas qu'il n'a pas le droit, il n'est pas à moi après tout. Mais clairement ça m'emmerde.
Et je savais que j'étais une lâche de vouloir faire ça, mais je préférais clairement le laisser que d'être sa prisonnière. Fallait pas qu'il insinue qu'il ne m'avait jamais fait de mal, alors qu'il m'a volé mon cœur et qu'il me reste plus rien. Putain oui j'préfère tout perdre que de continuer à supporter cette situation. J'avais envie de tellement de choses pourtant. Il aurait pu m'éviter de souffrir c'est vrai, parce qu'il n'y a que lui qui me remplisse de bonheur.
J'avais envie de goûter sa peau, de sentir son odeur, de me coller à lui. J'ai vu plusieurs fois des lueurs dans son regard qui auraient pu me faire perdre la tête si je n'avais pas été lucide. Son regard m'appelait. Il n'avait qu'à me montrer le chemin et je l'aurais emprunté, sans chercher à comprendre.
Il me plait plus que c'est permis putain. J'voulais respirer son corps, je voulais passer ma main dans ses cheveux, je voulais le voir sourire chaque seconde de sa foutue existence.
Je me retournais et le découvrais dans ma chambre. Pas à pas je m'approchais délaissant la fenêtre sur le paysage. J'allais m'attaquer à le tempête de mon existence. J'étais aimantée par lui. Je savais que je devais pas craquer. Pas maintenant que j'avais pris la décision de déserter. J'avais cette putain d'envie de tout découvrir de lui, tout ce qui plane a toujours été interdit alors que j'en rêve tous les soirs. J'étais pas désespérée. Non, juste amoureuse. C'était pas un crime en soit mais ça l'deviendrait si j'en avais rien à foutre, si jamais je faisais comme si de rien n'était, comme si j'me mentais à moi même chaque jours un peu plus. Alors que la vérité était bien là et pire elle était presque palpable.
J'avais envie qu'il me fasse tout oublier, que je sois qu'à lui pendant quelques heures. J'avais envie d'être aimée comme moi je l'aimais. Parce que dieu seul sait à quel point j'ai mal quand j'le vois me sourire en plantant légèrement ses dents dans la lèvre inférieure. Concrètement il avait décidé de me tuer lentement. J'voyais que ça.
J'avais envie qu'il rêve de moi même quand j'suis pas là, juste pour que j'sois plus toute seule dans cette situation. J'en avais marre d'me sentir seule, j'avais besoin de lui. J'avais même la nécessité extrême qu'il soit chaque seconde à mes côtés. Mais fait impossible puisqu'il n'est pas avec moi et que probablement il ne l'sera jamais.
Je le regardais dans les yeux, j'allais bientôt craquer.
'' - Qu'est c'que tu fais là ?
- Je venais te voir.
- Je vois bien, mais pour quoi ? '' j'avais arrêté d'avancer. J'avais envie de m'éloigner de lui, pourtant mes pieds restaient plantés dans le sol. J'étais comme paralysée. Il avait des mains dans les poches de son jean et avec sa main droite la passait dans ses cheveux. Je trouvais ce geste tellement séduisant : et pas de chance pour moi il le faisait tout le temps. J'me souviens à quel point les entraînements étaient des supplices, parce qu'il le faisait tout le temps. Quel casse pied celui là.
'' - Fallait que j'te dise quelque chose. C'est Lucie elle.. '' je me mise à rire nerveusement. Certainement l'énervement extrême qui était en train de se développer au creux de mon estomac. Mes larmes me brûlaient mes yeux. Finalement j'étais la bête dans cette histoire. Comme si toute cette merde n'avait jamais été que d'ma faute.
'' - Sors de ma chambre.
- Quoi ?
- T'as très bien entendu, dégage. '' il me regardait choqué. Il fallait qu'il s'en aille. Je revoyais toutes les scènes qui passaient en boucle dans ma tête comme pour me narguer que moi j'aurais jamais le droit à ça putain. Je sais que c'est leur travail à tous les deux, qu'ils ont d'ailleurs pas forcément l'envie d'le faire mais qu'est ce que mon cœur en avait à faire concrètement ? Rien. Et j'avais décidé de l'écouter résultat : j'étais rongée par la jalousie. Et cette salope était en train d'me faire faire n'importe quoi. J'avais aucune envie qu'il s'en aille pour de vrai. Pire ; j'aurais eu envie qu'il ne parte plus jamais.
'' - Déjà Je partirais pas à moins que tu me passes sur le corps et en plus va falloir que tu m'écoutes.
- Honnêtement Rayane ? J'ai aucune envie de t'entendre parler de Lucie. C'est bon j'ai ma dose pour aujourd'hui. Et pis j'ai franchement aucune envie de t'écouter.
- C'est con parce qu'elle m'a parlé de toi. '' Je haussais un sourcil. Depuis quand elle lui parle de moi ? La jalousie m'étouffait j'me sentais bête et impuissante. Comme incapable de contrôler ce sentiment. J'allais exploser.
'' - C'est bien.
- Tu veux pas arrêter de faire la tête deux secondes et m'écouter, sérieusement ?
- Non et pis pour entendre quoi ? Que je fais la gueule dés que j'vous vois ensemble et qu'elle comprend pas pourquoi ? Très bien tu es venu chercher des explications ? Bah j'avais pas te les donner. J'ai pourtant essayé de te faire comprendre mais t'as jamais rien vu. Maintenant c'est bon j'en ai marre.
- Elle m'a dit que tu m'aimais. '' je crois que c'est à ce moment là que j'ai commencé à pleurer. Et à arrêter de respirer. L'entendre de vive voix, ça me mettait face à la réalité que j'ai désespérément cherché à ignorer. L'entende ça rendait mes sentiments concrets. Et le fait que ça ne soit pas partagé encore plus violent pour mes entrailles. J'avais pas besoin d'être confrontée à la réalité. Parce que tout c'que j'avais c'était mon cœur et j'avais clairement pas envie d'le retrouver en mille morceau. J'avais pas envie d'me battre alors je baissais la tête.
'' - Et je voulais savoir si c'était vrai.
- Ça changerait quoi ?
- Donc c'est vrai ?
- Si tu te demandes c'que ça changerait comme moi je sais déjà que ça ferait rien. Puisque je suis toute seule dans cette situation. Lucie l'a compris plus vite que toi. Mais t'inquiète pas je vais pas restée dans tes pattes plus longtemps. '' je prenais ma valise qui était déjà faite et me dirigeais vers la sortie en le contournant. Il n'avait pas bougé d'un cil. Ça répondait à toutes mes questions silencieuses. Au moins je ne regretterais rien.
'' - Attend tu vas où comme ça ?
- J'men vais. '' sans vraiment comprendre ce qui m'arrivait je me retrouvais propulsée dans ses bras. Son torse était chaud et musclé, dur et protecteur comme j'en avais le souvenir. Il n'a jamais changé et le sentiment que j'ai quand je suis avec lui non plus : j'me sens vivre, j'me sens en danger comme en sécurité. C'est vrai que j'aurais pu tout faire pour lui. Il n'avait qu'à demander.
'' - Putain Denitsa, quand elle m'a dit ça j'ai pas su quoi répondre. Et tu sais pourquoi ? Parce que j'me demandais juste comment une femme comme toi puisse ne serait ce que remarquer que je suis là. J'ai pas compris. Je t'avoue j'vais pas te mentir, j'ai pas compris tout c'que tu as essayé de me dire. Mais j'ai fini par comprendre.
- Et comment tu as compris ?
- Tu es jalouse. On est jaloux quand on aime. J'le sais parce que quand quelqu'un danse avec toi, j'suis dans le même état. '' cette fois j'étais mortifiée contre son torse. Ça voulait dire quoi ça au juste ?
'' - Qu'est ce que tu veux dire ?
- Ce que t'essayes de me faire comprendre depuis le début. ''

Je me réveillais en sursaut espérant que tout ce dont j'avais rêvé ce soit réalisé mais je trouvais personne à mes côtés.
J'avais tout faux. Il est parti. Même qu'au final il n'a jamais été là.
J'aurais tout fait pour toi.

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Coucou les amis. Nouveau OS que j'ai écrit en écoutant différentes musiques qui m'ont inspirées pour l'écriture. Vous ne devinerez jamais lesquelles !
Sinon merci pour tous vos commentaires, vous êtes adorables.
Xxx Lisa.

One shootOù les histoires vivent. Découvrez maintenant