On a commencé à ras du sol. On s'est élevé à aimer cette suite, celle que nous avions à écrire. Sachant comment me compléter, comment connaître mes failles les plus profondes. Et peut-être que sa présence m'était devenue plus vitale qu'elle ne l'aurait dû. On s'est évaporé loin, loin tellement qu'on s'est sûrement perdu de vue.
Il faut parfois se méfier des apparences.
Et ses bras autour de moi me ramènent à la réalité imposée. Et celle qui nous empêchait d'être ceux qu'on aurait voulu. Moi en tout cas j'étais pas celui que je voulais avec la femme que j'aimais. Et apparemment sans incrustation aucune elle vivait comme tel. Ça aurait été fantastique de voir les étoiles, allongés l'un face à l'autre, à refaire le monde à notre façon. Parce qu'elle a la magie et le pouvoir de m'impressionner. Parce qu'il n'y a sûrement qu'elle qui maitrise mes émotions. Elle est celle que j'avais attendu. Celle que j'ai cru possible de posséder. Celle qui aurait dû combler mon bonheur.
Mais cette femme-là n'était pas la mienne.Et puis ses bras se resserrent autour de mes flancs, me faisant succomber de notre paradis perdu. Ma tête balance entre mon destin et mon désir. Mes paupières s'ouvrent, mes pupilles se dilatent à sa vision. Et puis mon cœur bat plus vite encore. Comme si elle contrôlait mon rythme cardiaque. Des coups virevoltent soudain dans le silence étendu de la chambre. Et rapidement la voix appelle la femme étendue à mes côtés.
On aurait dû être loin, l'un de l'autre, loin de tout.
Sa petite voix m'ordonna de sortir du lit, plus vite sûrement que je n'y étais entré.
'' - Sors, sors, vite ! '' la fenêtre ouverte, laissant échapper les rideaux blancs dans le vent matinal me fit frissonner de la tête aux pieds. Mon regard sonda le sien, ses yeux braillaient dans l'intensité méditerranéenne. Ses cheveux épousaient sa nuque saillante de suçons. Et les marques violettes déjà semblaient illustrer l'amour interdit nous unissant. Si toutefois quelque chose nous avait unit. Et commencer à ras du sol, comme nous l'avions fait est dangereux. Tellement. On a cru décoller. Sûrement au septième ciel des enfers. Elle trompait. Moi et surtout son mari. Et entre ses décisions je semblais m'échapper totalement. J'étais pas maître de mon destin. J'avais rien à foutre ici. J'étais pas à ma place.Elle faisait son choix, celui qu'inconsciemment j'avais toujours redouté. Elle me sortait de sa vie, en balayant toutes les fondations. En rasant les constructions bancales de notre relation. Et plus vite qu'elle n'aurait dû, la porte se referma sur moi, m'enfermant dehors.
'' - J'y crois pas... '' la sensation de changer de dimension pénétra mon cœur de ses pics acérés. Cette nuit aurait dû être celle de la réconciliation. Celle nous offrant une reconstruction de toutes ces conneries bancales. Finalement aucune suite s'écrira entre nous, puisqu'elle a arraché la page d'écriture à peine entamée. L'encre continuerait de couler si elle n'y avait pas remit le bouchon tout juste retiré.Mes yeux constamment fixés à la baie vitrée, semblaient distinguer deux silhouettes derrière celle-ci. Les rideaux ne volaient plus. Le vent s'engouffrait dans mes cheveux tout juste levés. La scène s'incrusta dans ma chair intime. Comme son emprunte sur moi en avait pris possession. Et rien n'aurait pu m'aider à la dégager. Comme elle seule pouvait le faire. Sûrement qu'elle le méritait. Sûrement qu'elle mettait de terminer seule, comme elle en avait si peur.
Et moi au milieu ?
Elle et son mari.
Elle sans moi.
Qu'est ce que je foutais encore là ?L'information ne parvenait pas à communiquer avec mon système nerveux. Comme si je croyais encore à ma possible présence dans sa vie toute tracée.
J'observais à la dérobée les possibilités s'offrant à moi, qui me permettraient de quitter ce balcon ridicule face à la mer agitée. Les vagues coupaient le paysage serein de ce début de journée. Le vent soufflait plus fort qu'il n'était permis. La température fraîche glaçait mon torse nu. Elle n'avait même pas été capable d'assumer ses actes. Ayant préféré me foutre dehors.