On dirait (3)

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'' Tu me dis de regarder la vie en couleur. Quand il fait noir tout autour de moi ''

J'me demande juste comment t'as fait. Alors oui c'est vrai que ça devait être vraiment étrange tout ce que je cachais de cette façon. Alors oui je t'ai écarté de ma vie pour que t'ai pas à fréquenter toute cette merde dans laquelle j'étais enfoncée jusqu'au cou. Non j'avais pas envie de te mêler à tout ça. Parce que personne ne mérite de vivre ça. À part moi apparemment. Enfin, c'est ce qu'il disait à chaque fois, que tout ça c'était à cause de moi. Je te jure, je te promet que t'avais pas à plonger la tête la première dans cette merde. T'aurais dû resté dans ton petit confort, que j'envie d'ailleurs. Mais ça t'as pas trop besoin de le savoir. Si tu te demandes pourquoi je suis encore avec un monstre pareil, crois bien que moi même j'le sais pas. Ça durait depuis deux ans si ça aussi tu te le demandes. En fait, depuis que je suis sortie de l'autel avec lui à mon bras. Je te jure que j'avais cru en lui de toutes mes forces. Mais j'ai vite déchanté. Alors oui tu te demandes aussi pourquoi il fait ça. Pour m'éduquer. Enfin, ça c'est ce qu'il dit. Il veut que je me comporte exactement comme il le souhaite. À vivre c'est encore pire qu'à raconter je crois. Tout a basculé quand je suis rentrée plus tôt et qu'il était avec ses potes sur le canapé. Il a voulu me donner une bonne leçon. J'étais encore avec toi et apparemment ça ne lui plaisait pas des masses. Il m'a traité de tous les noms. J'ai senti mes côtes se briser, ma tête cogner contre le meuble de l'entrée. Un énorme meuble en chêne. J'ai jamais voulu de cette vie moi. Alors oui t'as dû le deviner parce que t'as appris à me connaître à mon détriment : j'espérais ne jamais retrouver un homme semblable à mon père. Mais j'ai jamais voulu accuser cet échec. Je voulais pas dire à ma mère qui n'est même pas sur le même continent que moi que ma vie était encore pire qu'elle auparavant. Que j'ai même pas été capable d'épouser un homme que je connaissais parfaitement. Alors tu dois te demander aussi qu'est ce que je fous avec lui : bah je t'avais juste pas rencontré. C'est con hein ? Ouais et c'est très cliché. Je sais pas comment serait la vie avec toi mais je sais aussi parfaitement qu'elle serait faite que de fou rire. Parce que moi je t'ai observé pendant les entraînements. Que tu faisais exprès de rallonger. Ne crois pas que je n'avais pas compris. Non je t'ai pas ignoré. Non j'ai pas essayé de te connaître. Mais j'ai une bonne excuse, je voulais pas te mêler à tout. Et puis finalement t'as quand même fait ça. Je me demande bien comment c'est certain. Mais rien que quand je te vois là au bord de mon lit, cerné par les jours d'insomnies que tu viens de passer pour restée à mes côtés bah j'ai compris. Ouais j'ai très bien compris que tu savais tout. Tout ce que je pouvais peut être laissée paraître. Tout au plus. Alors j'ai eu envie de te tuer. Je vais pas te le cacher, de toute façon tu l'aurais deviné. Et puis j'ai cogité en plongeant dans le vert de tes yeux. Et là, j'ai eu envie de t'embrasser. Ouais c'est vrai, pourquoi je devrais me faire chier à me faire taper dessus alors que je t'ai toi, là à porté de main ? Il faut vraiment être la dernière des connes pour ne pas l'avoir compris plus tôt, mais passons. T'es magnifique. Ça aussi j'me le suis toujours pas avouée, puisque j'avais le visage de Dylan partout, menaçant comme pour me montrer clairement que c'était lui le chef dans toute cette histoire. Alors il était peut être l'homme entre nous deux. Mais j'étais pas une petite fille. Oh non. Je savais pas me défendre mais j'men fiche. J'ai toujours peur de me retourner devant lui. Et puis le viol est arrivé. Il a tout détruit. Tout sur son passage. En soi c'est sûrement moins '' grave '' qu'un viol normal puisque c'était mon mari. Mais s'en était un quand même. Et ça avait tout réveillé en moi. Ouais qu'est ce que j'étais en train de faire ? Pourquoi je laissais tout courir aussi facilement depuis ces deux dernières années ? J'suis sûre que t'as pas compris non plus. Ouais c'est un peu tordu. Mais je crois que je préférais être mal accompagnée que seule. Et pourtant on dit que le contraire est mieux. Aujourd'hui j'en suis intimement convaincue. Tout ça j'le méritais sûrement pas. Alors au milieu de tous ces nuages noirs dans lesquels je vivais depuis de longs mois, je voyais enfin un rayon de soleil. Ouais je voyais enfin le bout du tunnel. Cette lumière, c'était toi.

One shootOù les histoires vivent. Découvrez maintenant