Friends zone

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Non non j'avais pas finis par lui dire ça ? Je relevais la tête pour le sonder alors que son visage ne dégageait aucune expression. Il me regardait juste comme il l'avait toujours fait. Depuis qu'on s'était rencontré et puis toutes les fois qu'on s'est vu pour s'envoyer en l'air dans le plus simple appareil. Les choses n'avaient jamais vraiment été compliquées. A chaque fois on suivait le simple fil de nos sentiments. On se laissait porter. Toutes les fois ça se terminait de la même façon. Mais non, non aujourd'hui les choses avaient changé. Pour pleins de raisons. Parce qu'il m'a embrassé pour la première fois, parce que j'ai fini par lui dire je t'aime et putain parce qu'il ne s'est pas encore enfui à toute jambe. Qu'est-ce-que je pouvais répondre de mieux à ça ? Lui non plus apparemment, puisqu'aucun mot ne franchissait ses lèvres. Ses pupilles vertes dilatées brillaient comme des billes noires. Je sentais qu'il n'avait pas envie de partir. Son érection contre ma cuisse me rattrapait. Lui aussi. Rayane plaquait de nouveau ses lèvres contre les miennes comme signe de capitulation. Je revivais. Non, en fait je vivais pour la première fois. Parce que même si ça avait toujours été fantastique, rien n'avait jamais été plus beau que passer ces moments-là avec l'homme qu'on aime et que putain, il le sache. Son nez passait de ma bouche à mon cou en mordillant les endroits sensibles de ma peau. Il savait exactement à quel endroit j'étais la plus sensible. La plus douce aussi. J'agrippais ses cheveux soyeux de mes doigts tremblants. Aucune barrière de tissus ne s'immisçait entre nous. Je rêvais chaque instant de pouvoir être dans ses bras librement. Je rêvais qu'il soit à moi comme j'étais à lui. Qui pouvait bien me le reprocher ?
'' - Rayane...
- Chut princesse. '' j'avais dû mal à ne pas bouger quand ses lèvres se baladaient sur moi de cette façon-là. La fraîcheur de la fenêtre n'était bientôt plus qu'un mauvais souvenir. Son corps recouvrait entièrement le mien. Ses mains étaient partout sur moi, ses lèvres aussi. Il faisait tellement de choses en même temps que je savais plus exactement où donner de la tête. Il m'écarta les cuisses délicatement, encore plus qu'il ne l'avait jamais fait. Mon amour pour lui se décuplait chaque seconde un peu plus. S'il était possible que ce soit le cas. Je m'accrochais à lui. C'était le seul moyen pour moi de montrer à quel point j'avais besoin de lui, à quel point j'avais de choses à donner. Il ne m'avait pas répondu. Je me faisais aucun film dans ma stupide tête. Je savais bien que s'il n'avait pas répondu c'était pour ne pas me faire de la peine. Je savais qu'il ne m'aimait pas. Ou pas suffisamment pour me répondre ce que moi j'aimerais entendre. On aurait dû être beau, on aurait dû s'aimer toutes les nuits sans avoir peur du lendemain. Parce que je savais pas comment on serait demain matin. Je savais pas si je pouvais me contenter de ça. Même si ça avait toujours été le cas. J'ai toujours pris ce qu'il voulait bien me donner sans demander rien en retour. Parce que j'avais tellement peur qu'il me laisse. Après tout, qu'est-ce-qui me prouvait que lui aussi, il m'aimait ?

Ma main passait frénétiquement sur le matelas frais à la recherche d'un corps chaud qui n'aurait dû pas être loin. Sans lever la tête de l'oreiller, je sentais très franchement qu'il manquait le corps lourd et dur dont je rêvais tant. La fraîcheur de la couette relevée me réveillait un peu plus vite que je l'aurais voulu. J'ouvrais timidement mes yeux vivement agressés par les rayons matinales du soleil. Il était là, assis dans le lit, le dos à l'air, la tête en vrac, les yeux dans le vide. J'en déduisais qu'il était perdu dans ses pensées. Qu'il était magnifique. Ça lui faisait ça tout le temps. Pas seulement quand je lui avais dit ce que je ressentais la veille. Mais je me doute que ça n'a pas dû aider. C'était plus fort que moi, j'avais besoin de lui dire, moi j'ai pas maîtrisé mes mots quand ils ont dépassé ma pensée, qu'ils sont allés plus vite que moi. J'aurais voulu me taire. Mais non j'y suis pas arrivée. Je levais ma main doucement pour lui caresser le flan gauche. Sa tête se tournait vers moi très lentement. Ses yeux étaient remplis de larmes. Je me redressais à mon tour.
'' - Ça ne va pas ? '' ce sont les seules choses que j'ai été capable d'articuler. Quelque part je savais ce qu'il allait me répondre. Toutes les choses qu'il m'a inlassablement répété chaque tentative de lui dire que je l'aimais. Putain ça faisait quoi ? Trois ans qu'on vivait comme ça. Si lui pouvait continuer à évoluer de cette façon, ce n'était pas mon cas. Ce n'était vraiment pas fait pour moi. Il me disait bien qu'il ne voyait que moi. Mais concrètement, qu'est-ce-que j'en ai à foutre ? Et aussi et surtout comment je pourrais en être certaine ? Non mais parce que moi je savais exactement ce que je faisais lorsqu'il n'était pas avec moi. Mais lui ? Non j'en sais rien. J'ai confiance et c'est indéniable qu'il est droit comme la justice. -J'en savais quelque chose- mais j'arrivais pas à me dévoiler entièrement à lui tant que je ne saurais pas exactement où je dois aller. Alors quoi ? Ce n'est pas parce qu'il me regardait avec les larmes aux yeux que j'allais céder à continuer comme ça. Il ne veut pas s'engager ? Moi je veux plus continuer à être sa copine de lit. Y a tellement de choses que j'aimerais vivre avec lui. Des choses qu'on peut pas faire aujourd'hui.
'' - Je peux pas faire ça Déni. On peut pas, tu le sais.
- Tu te trompes, j'en sais rien. Tu as entendu ce que je t'ai dit hier ?
- Bien sûr que j'ai entendu... C'est justement ça le problème.
- Je croyais qu'il y avait quelque chose entre nous.
- Mais c'est le cas ! Mais je peux pas t'offrir autre chose que des coucheries de temps en temps. Je peux pas, j'ai un métier qui me fait bouger tout le temps. Et je pourrais pas gérer une relation à distance. Je veux pas que tu souffres.
- Et tu te demandes jamais ce que moi j'en pense ? Tu te dis pas que j'ai envie d'essayer ? On a rien à perdre toi et moi.
- Si. Justement. J'ai pas envie de te perdre toi. '' sauf que c'est en continuant dans cette voie-là qu'il allait finir par perdre. Je suis gentille, je suis patiente. J'ai même cru que putain je pourrais vivre toujours comme ça. Mais non, non sérieux c'est impensable. S'il n'est pas à moi aujourd'hui, il ne le sera jamais. Je pourrais me donner corps et âme pour lui, seulement si j'ai quelque chose en échange. Je ne demande que son amour, que de l'attention. Rien d'autre. Et c'est encore trop pour lui ? Il ne sait pas comment j'me sens parce qu'il n'a jamais été dans cette situation de toute sa vie ! Il n'en sait rien parce que dés qu'il veut quelque chose il l'a. Moi, moi s'il ne donne pas du sien, il ne m'aura pas. Parce que je pense mériter mieux que ça. Je veux mieux que ça.
'' - Ce n'est pas possible. '' ces derniers mots sonnaient comme des coups de poignards dans mon estomac. La bile me montait à la bouche, mes yeux se remplissaient de larmes. J'aurais tellement donné pour lui.
'' - Ce n'est pas possible tu dis ? Très bien. '' oui très bien. J'avais compris cette fois-ci.

One shootOù les histoires vivent. Découvrez maintenant