Dépérir ( 2 )

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'' Y te vas y te vas no me quedas nada porque no estas '' [ Et tu t'en vas et tu t'en vas, il ne me reste rien parce que tu n'es pas là ]

Bip bip bip '' Vous êtes bien sûr le répondeur de Denitsa Ikonomova laisser moi un message '' '' Toi non plus tu je décroches pas ce téléphone à ce que je vois. Alors j'ai tant foiré que ça ? Je suis passé à notre ancien appartement. T'étais pas là. Et apparemment tu as changé la serrure. J'aurais bien voulu récupérer des affaires. Je rentre à peine de Belgique et mes affaires sont pourries. Et j'ai pas trop envie d'aller faire les magasins à cette heure-ci. Dis moi où tu es ? Est ce qu'on peut se revoir ? Je veux tout t'expliquer. Je pense qu'on en a besoin tous les deux. Rappelle moi quand tu veux, bisous, Rayane. '' J'avais à peine le temps de raccrocher qu'un message vocal et un appel manqué apparaissaient à mon écran. Denitsa. '' Rayane, c'est moi. C'est Denitsa. Je savais d'avance que tu n'allais pas me répondre. J'ai pas juste envie d'entendre ta voix grâce à ce stupide répondeur que je connais par cœur... '' mes mains se crispaient sur mon téléphone. Au fur et à mesure que ses paroles s'écoulaient je dévalais de plus en plus vite les escaliers. Je claquais la porte de ma voiture et passais la première. Ses pleurs au téléphone et le vent dans le micro étaient insoutenables. Qu'est ce que j'avais fait ? Et moi qui voulais juste passer chercher des affaires ? Non mais quel abruti putain ! Je la connaissais Denitsa pourtant j'aurais dû prévoir qu'elle allait être malheureuse. Et tout ce qu'elle a dit sur mon compte c'était vrai. Je suis pathétique. J'ai même pas cherché à savoir ce qu'elle voulait vraiment j'me suis laissé berner par les opinions des gens extérieurs qui ne connaissaient même pas notre situation, ce que l'ont vivait. J'ai pris peur quand on m'a dit qu'elle allait bientôt vouloir des enfants et se marier. J'étais prêt à ça moi ? C'était cette question que je m'étais posée. En fait la douleur que je ressentais à ce moment précis ne représentait sûrement rien par rapport à ce qu'elle devait endurer. '' Adieu '' putain je passais la vitesse supérieure et atteignais les studios de Danse. Elle était censée y être partie à pieds. Des sirènes de pompiers m'interpellèrent. Un brancard et cinq pompiers. Une foule d'une dizaine de personnes en train de pleurer choqué. J'avançais en courant droit vers eux. Dites moi qu'elle va bien. Dites moi que tout cela n'est qu'un affreux cauchemar. Que tout ceci n'est pas réellement en train de se passer. Putain que j'ai pas tué ma danseuse !

'' - Elle n'a toujours pas repris connaissance ?
- Non, je suis navré Monsieur. Il va falloir la laisser se reposer maintenant. Mademoiselle Ikonomova a besoin de repos. Vous pourrez repasser la voir demain dans les heures de visites. '' Lorsque la porte fu poussée, le médecin d'une quarantaine d'années se retourna vers la danseuse qui elle somnolait paisiblement. Comme si sa tentative de suicide n'était jamais arrivée. Elle avait eu beaucoup beaucoup de chances de s'en sortir indemne. Et cet homme qui courait partout ; il criait partout au ciel qu'il était le plus grand des abrutis. Que sa femme ne la méritait pas. Qu'elle ne le pardonnerait jamais et encore moins à lui même. Qu'il avait failli la tuer. Son rythme cardiaque était tout à fait normal. Plus de peur que de mal le bébé aussi allait bien.
'' Denitsa il faudrait vous réveiller. '' dit le docteur le lendemain matin. Il avait besoin de savoir ce qu'il s'était exactement passé. Et il devait également lui expliquer les conséquences de ses actes. Lorsqu'elle émergea tout doucement ses yeux marrons foncés rencontrèrent ceux de l'homme qui se tenait debout à côté d'elle. Elle grogna de mécontentement. Déjà elle s'était loupée mais en plus ce n'était pas cet homme-là qu'elle désirait voir plus que tout. Malgré tout.
'' - Je vais devoir vous demander ce qu'il s'est passé.
- Le bébé ?
- Le bébé va bien. Je vous expliquerais juste après. Qu'est ce qu'il s'est passé ?
- J'ai sauté d'un pont.
- Pour quelle raison ?
- Parce que je suis malheureuse.
- À propos de quoi ? Je suis psychologue. Vous pouvez me raconter je ne vois jugerais pas si c'est ce qu'il vous fait peur.
- Le papa du petit est parti. Je n'ai eu aucune explication. Je n'arrivais tout simplement plus à vivre avec cette douleur quotidiennement. Voilà tout.
- Et pour le bébé ?
- Je ne voulais pas qu'il naisse sans père. Je ne voulais pas qu'il soit seul.
- Il vous aurait eu vous.
- Pas du tout. ''
Leur discutions fut interrompu par l'entrée de l'homme qui courait partout et jurait aux quatre coins du couloir qu'il était le dernier des hommes à mériter de vivre. La douleur que ressenti Denitsa à l'entrée de l'homme de sa vie dans la pièce lui coupa le souffle. L'appareil auquel elle était branchée s'emballa au rythme des battements du cœur de la jeune femme. Rayane le remarqua. Elle décida de tout d'abord l'ignorer. Après tout, qu'avait il fait durant de longs mois? De plus sans aucune explication ! Elle n'allait pas lui tomber dans les bras de cette façon. Elle était faible face à lui mais peut être pas si minable. Alors elle tourna de nouveau sa tête vers le médecin.
'' - Et pour mon fils ?
- Il va bien. Mais vous devez arrêter la Danse vraiment. Bientôt si vous continuer sur cette lancée vous allez perdre votre petit. De plus vu ce qu'il vous est arrivé ces dernières vingt quatre heures dont les chocs émotionnels et physiques il serait recommandé de ne pas trop bouger pendant les prochaines semaines de votre grossesse. C'est le pris à payer pour ne pas faire de fausse couche. ''
Les doigts de Rayane passaient nerveusement dans ses cheveux à plusieurs reprises. Alors elle allait devoir endurer tout ça ? En plus de ce qu'il venait de se passer ? Elle était encore plus belle que dans ses souvenirs les plus proches. Et malgré sa situation personnelle, et la présence contestable de sa nouvelle copine, Aya, il se mordait les lèvres pour ne pas hurler de terreur face à la situation. Bordel il pensait l'avoir oublié. Qu'elle ne lui ferait plus d'effets. Qu'elle faisait partie de son passé. Visiblement il n'avait rien compris et son cœur était en train de lui faire savoir.
''- Bien je reviendrais plus tard. Reposez-vous bien et manger d'accord ? Vous êtes beaucoup trop mince pour une femme enceinte de plus de trois mois. Me suis-je bien fait comprendre ?
- Oui. '' Le docteur passa la porte et laissa les deux anciens amants dans la même pièce.
'' - Denitsa ?
- Qu'est-ce que tu veux ? '' un petit pincement au cœur toucha Rayane en pleine poitrine. Mais il le méritait parfaitement. Alors il se tue à répliquer.
'' - Comment tu vas ?
- Ça t'intéresse ?
- Bien sûr que oui !
- Ah bon ? '' il souffla longuement. S'ils continuaient à faire les gamins de douze ans ils n'y arriveraient jamais.
'' - J'ai eu ton message hier soir. '' un rire amer secoua le petit corps engrossé de Denitsa.
'' - C'est pour ça que t'es là alors ? T'as eu pitié de moi alors t'es venu t'assurer que j'allais bien, que éventuellement mon fils allait bien. Après t'allais de nouveau disparaître au bras de ta nouvelle maîtresse. '' coup de poignard. Putain elle pensait vraiment ça ? C'était légitime se disait Rayane pour calmer son cœur qui se déchirait sous ses paroles.
'' - Non. Pas du tout. J'ai compris que j'étais le plus grand des cons.
- Moi ça fait trois mois que je sais ça.
- Tu vas me laisser parler ou tu vas continuer de me pourrir ?
- Je sais pas à toi de voir. Qu'est ce que tu comptes me dire ? Que tu regrettes ? C'est un peu con quand même réfléchis bien. Qu'est ce que t'en fais de l'autre ? Aya c'est ça ? Elle aussi tu l'as mise enceinte et tu l'as abandonné lâchement par peur ? Par peur des responsabilités ? Si t'en veux pas t'as qu'à pas coucher ou alors tu te protèges. Je sais pas. Mais tu fais pas le con comme tu le fais maintenant. Alors vas y dis moi tu comptes faire quoi ? Je paris que t'es venu là en courant quand t'as eu mon message la tête baissée sans réfléchir aux conséquences de tes actes. Et maintenant que je te dis tout ça tu comprends que t'as encore merdé parce qu'effectivement tu sais pas quoi faire des tes dix doigts et de ton cerveau. '' elle le connaissait bien. Ça faisait vraiment flipper. Prit d'un courage insoupçonné Rayane prit place sur le lit à côté d'elle. Elle se raidit à son contact mais ne dit rien essayant de ne pas montrer à quel point il la troublait.
'' - Je suis désolé. Tu ne sais pas à quel point je m'en veux. De tout. Pas seulement d'être parti comme ça. Je m'en veux d'effectivement ne pas t'avoir demandé ce que toi tu attendais de nous deux. J'ai préféré croire des gens extérieurs que toi, la personne qui partageait ma vie. J'ai jamais été aussi con sérieux. J'me donnerais des claques. Mais je te promet que quand je t'ai vu sur ce brancard, blanche comme un linge et salement amochée.. j'ai cru que c'était moi qui était dans cet état. Que c'était moi qui allait y passer. Tout ça c'était ma faute. Bordel j'ai parcouru tout l'hôpital en criant au monde entier mon putain de désespoir. Ma foutue connerie. Alors je sais que mes excuses te font sans doute ni chaud ni froid. Que tu veux sûrement plus jamais me revoir mais voilà je tenais quand même à te dire tout ça. Et puis si c'était à refaire t'aurais déjà la bague au doigt et j'aurais été l'homme le plus heureux quand tu m'aurais annoncé que tu portais un mini nous, le fruit de notre amour..
- Pour l'instant ce bébé c'est le mien. Et il va falloir me montrer que t'as grandi dans ta tête si tu veux que ce soit le tiens aussi. Compris ? '' son plus beau sourire étirait alors ses traits. Ce sourire. Celui qui renversait tout sur son passage. Celui qu'elle aimait voir sur son visage et qui le rendait encore plus beau. Elle était faible. Elle était amoureuse. Et c'était ça le plus formidable.
Vie à deux. Vie à trois. Vie reconstruite. Amour pour la vie.

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Coucou ! Alors voilà la deuxième partie que je serais peut être amenée à modifier mais très peu. Donnez moi vos avis ! Vous avez envie de quoi la prochaine fois ? Dites moi tout : pas de vent s'il vous plaît !

One shootOù les histoires vivent. Découvrez maintenant