'' Ne te ví llegar no te ví venir, sin embargo siempre estuviste ahí '' [ Je ne t'ai pas vu arriver, je ne t'ai pas vu venir, mais t'étais toujours là ]
Le rideau s'abaissait. On recevait les applaudissements de la foule enthousiaste par notre spectacle. On avait toutes les étoiles du monde dans nos yeux ce soir là. Mais moi, moi j'étais assise derrière à me demander si j'avais fait le bon choix en Avril dernier. Je me demandais si j'étais bien à ma place là derrière les rideaux à regarder mes amis et ma familles danser comme jamais auparavant. Si je voulais vraiment de toute cette vie. Si j'allais y arriver sans lui. Il était mon pilier ma force la plus profonde, mon courage de me lever tous les matins. Il était la personne qui me faisait me surpasser pour toujours offrir une meilleure version de moi même. Est ce que j'allais y arriver sans lui ? J'avais pris la décision par défaut. Je voyais bien que mon absence pesait sur le moral de mon fils. Mon fils. Il passait de ville en ville avec moi en fonction de nos spectacles, de mes disponibilités à me voir ou pas, à manger ou non avec moi. Ça lui plaisait pas tout ça. C'était pas pour lui. Alors en Avril dernier j'avais décidé d'arrêter la danse. J'aimais mon fils du plus profond de mon cœur et je voulais tout sauf le rendre malheureux. C'était beaucoup trop dur pour lui. Mais là, ici, maintenant, mon esprit divaguait à ce qu'était ma vie il y a quelques années. Aucune attache, aucune interdiction, une libéré à toute épreuve qui n'appartenait qu'à moi. Ma seule attache c'était lui. Lui qui est parti une nouvelle existence sur les bras. J'avais eu beaucoup de choses à digérer depuis. Son départ, mon accouchement, son manque, sa foutue absence, sa putain de lâcheté. Il était pas près à être père mais avais je été prête à devenir mère moi ? J'avais pas vu que j'étais enceinte. J'avais pas prévu tout ça. Il est arrivé et il est plus jamais reparti. Lui. Mon amour est devenu inconditionnel. Je m'étais raccrochée à lui. De toutes mes forces les plus vitales. Je n'avais plus que lui. J'avais tout perdu en quelques secondes. Alors ma nouvelle vie elle était serte très bien mais est ce que c'était la mienne ? Celle que j'avais toujours voulu ? J'avais pas rêvé d'éduquer un petit garçon sans son père. J'aurais su par n'importe quel moyen que j'étais enceinte j'aurais sûrement avortée vu la réaction qu'il avait eu. J'avais tellement peur de le perdre. Et puis finalement je l'avais quand même perdu et j'étais devenue mère sans avoir la possibilité de me préparer à quoi que ce soit.
'' - Maman on va manger ?
- On y va. Qu'est ce qui te ferait plaisir ?
- Macdo !
- Encore ?
- Oh oui !
- Maman va devenir obèse si tu continues à la faire manger si mal que ça !
- Mais non maman t'es très belle ! '' mon petit Lucas était tellement gentil. Je ne mangeais qu'avec lui. Sans sa perte bouille d'ange je n'arrivais pas à avaler quoi que ce soit. Ce n'était pas tellement pour lui prouver que j'allais bien ou non mais plutôt me dire à moi même que j'arriverais à survivre sans l'homme de ma vie. Enfin non. Il l'aurait été, il ne serait pas parti. Il m'aurait pas laissé dans cette merde. C'était définitivement pas son fils. Mais le mien. Il en avait pas voulu. Lucas Ikonomova. J'avais aimé ce prénom tout de suite lorsque je l'avais eu dans mes bras après avoir accouchée toute seule. Sans l'aide de personne. Complètement paniquée. Mais tellement heureuse quand il avait commencé à hurler d'une vive voix. J'avais du tout acheter en catastrophe. Des vêtements pour nouveau nés, un petit lit minuscule, une petite veilleuse, enfin tout le bordel quoi. Rapidement aussi j'avais du déménager de mon petit appartement. J'avais besoin d'une seconde chambre pour que Lucas puisse grandir avec tout l'espace dont il aurait besoin au cours de sa vie. Alors voilà plus de cinq ans que j'étais maman seule. Cinq quand que je faisais tout pour mon fils. J'étais pas la meilleure mère mais j'étais de loin la plus aimante. Rayane n'est jamais revenu. Il n'a plus jamais appelé. Et finalement c'était pas plus mal. C'était sûrement trop tard. Même pour moi. Enfin pour ma raison. Mon cœur lui j'en sais trop rien. Il faudrait que je le vois pour le dire. Mon fils était né le 12 Juillet à environ dix heures dans mon lit. C'était pas très commun. Mais ça il le saurait plus tard. Cela faisait aussi peut être trois ans que Lucas me posait des questions sur son père '' Tous les autres à l'école ils ont un papa. Il est où moi mon papa ? '' je ne savais pas quoi répondre. J'arrivais pas à m'avouer que j'avais perdu son père et qu'il en souffrait tous les jours. Ça me tuait. Vraiment j'en pouvais plus. Et puis à chaque tentative il prononçait ce mot '' Papa '' qui m'arrachait les tripes avant de les tordre de douleur. Comme si un camion me passait dessus. Il avait le droit de voir son papa c'est vrai. Mais il n'avait pas le droit de se faire rejeter. Car honnêtement je ne sais pas comment réagirait Rayane s'il voyait son fils pour la première fois. Il ne m'avait peut être pas cru quand je lui avais dit que j'avais accouché et que j'avais besoin de lui. Après tout il était à l'autre bout du monde. Mais c'était pas une raison putain. Il m'avait mise enceinte il fallait qu'il assume non ? Il avait bien su le faire rentrer.. Mais non. Lâche.
On arrivait alors dans le macdo le plus proche et on s'installait après avoir commandé. Il mangeait de bon appétit. On aurait dit son père. Son portrait tout craché. Lui sur des vieilles photos. La même mâchoire, les mêmes yeux verts, les mêmes cheveux fins qu'il touchait à longueur de journée. J'avais un Rayane miniature devant moi. Tout simplement. Il avait chopé quelque peut mes expressions de fausse française comme '' Bon matin ''
'' - À quoi tu penses maman ? '' j'avais le droit de lui dire qu'il ressemblait comme deux gouttes d'eau à son père lyonnais et comédien ? Il avait le droit de savoir après tout. J'espérais seulement qu'il n'allait pas me poser trop de questions.
'' - Je pensais que tu ressemblais beaucoup à ton papa. '' il s'arrêta alors tout à coup de manger ses nuggets et me regarda dans les yeux avec son foutu sourire éclatant capable de faire décrocher la lune à n'importe qui. Le sourire de Rayane.
'' - C'est vrai ?
- Oh que oui.
- Il était gentil mon papa ? Comment il était ? Dis moi s'il te plaît ! J'ai tellement envie de le connaître !
- Oui il était très gentil. Et très drôle. '' Ah quand même. J'avais envie de pleurer. Tous les souvenirs que je retenais de mon passé commun avec Rayane revenait à la surface.
'' - C'est tout ? Allez dis moi maman s'il te plaît..
- Qu'est ce que tu veux savoir Lucas ?
- Ah euh... Comment il s'appelle ?
- Rayane.
- D'accord.. Dis maman vous vous êtes rencontrez comment ?
- Avec la danse. On a gagné tu sais l'émission que je faisais quand j'étais plus jeune.
- Danse avec les étoiles ?
- Non mon chéri mais avec les stars. Oui c'est ça. On a gagné tous les deux la cinquième édition. Mange ça va être froid et après tu ne vas plus vouloir en manger.
- Ah oui pardon.. Tu l'as rencontré à quel âge ?
- J'avais vingt sept ans.
- Et pourquoi vous êtes plus tous les deux si vous étiez amoureux ?
- C'est une longue histoire mon chéri... '' j'en avais fini pour aujourd'hui. J'avais les larmes aux coins des yeux et je ne voulais certainement pas craquer devant mon fils. Je pris mon téléphone pour regarder l'heure.
Merde.
Mon téléphone avait appelé quelqu'un au hasard sans que je ne lui demande quoi que ce soit. J'avais la poisse.
Rayane.
La conversation durait depuis dix minutes. Ce qui voulait dire que s'il était toujours au bout du fil c'est qu'il avait entendu toute notre conversation avec Lucas.
Merde.
'' - Allo ? '' personne ne répondait mais j'entendais distinctement sa respiration dans le micro. Alors c'était ça ? Il avait écouté toute une conversation avec mon Lucas et il ne daignait même pas répondre ? Il était encore plus lâche que je ne le pensais. Je riais nerveusement. Alors surtout garder son calme.
'' - Alors t'en es à là ? T'en es à même plus oser répondre ? T'es encore plus con que je le pensais même après toutes ces années. Ne va pas penser que j'ai fait exprès de t'appeler. Ce que t'as entendu tu l'oublie. C'était pas pour toi et ce gosse t'en as pas voulu alors c'est le mien. J'aimerai bien t'oublier mais voilà comme t'as très bien entendu il te ressemble énormément. Alors je sais que t'en as rien à foutre mais pas lui tu vois. Alors fais comme s'il ne s'était rien passé. En fait ne change rien par rapport à ces cinq derniers années. T'as raison. Allez salut. '' mes larmes coulaient le long de mes joues s'écrasant sur le sol. Lucas m'attendait dans la voiture, j'en profitais pour sécher mes larmes. Il ne devait jamais rien savoir. Jamais.