Ray

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Vas-y, ferme les yeux et souris. Oublie tout et continue comme si de rien n'était. Ça, c'était ce que je tentais désespérément de m'enfoncer dans la tête. Enfin, seulement que quand il était face à moi. Que quand ce lâche était là, qu'il faisait évidemment comme si lui non plus ne m'avait pas remarqué. Mais je commençais sérieusement à le connaître. Du moins, j'avais à comprendre les mimiques de son corps. Vu, que, j'étais sa foutue prof de danse. Oui sa prof de danse. Et ça s'arrêtait là. Sauf, qu'il était plus d'accord que moi pour cette direction-là. Moi, je n'étais même pas certaine d'avoir mon mot à dire. Pourtant dans une décision de couple, on est censé être deux, non ? C'est bien ce que je m'étais dit une semaine plus tôt. Le fait est que s'il voulait vraiment jouer, il ne savait pas encore avec qui il allait se battre. Parce que putain je suis gentille, j'ai vraiment tout fait pour qu'entre nous ça fonctionne. Mais cet abruti ne comprenait jamais rien. Ce n'était pas de ma faute si cette saison, pendant une semaine on échangeait nos partenaires. J'étais prête à lui dire que moi si ça n'aurait tenu qu'à ma décision on aurait jamais été séparés. Mais c'était l'occasion pour voir ce qu'il ressentait véritablement pour moi. Ah bah j'ai pas été déçue. Ah ça non, j'en ai pris pour mon grade. Quand j'ai vu qu'il n'en avait strictement rien à foutre, moi aussi j'ai décidé de rentrer dans ce jeu-là. J'étais plus joueuse qu'il ne pourra jamais l'être. J'ai arrêté de lui envoyer des messages, j'ai arrêté de lui sourire quand je le croisais dans les couloirs. Fini les bonjours le matin parce que je n'attendais que lui dans toute l'équipe. Rayane, c'était un peu comme mon rayon de soleil. Il a vite fait de partir. Mais je pouvais pas me dire que j'avais perdu tous les efforts que j'avais mis en œuvre. Alors, j'ai décidé de construire une chorégraphie digne des plus sensuelles que Bryan pouvait supporter. Il était très timide, il ne fallait pas l'oublier. Mais ça tombait parfaitement puisque la production m'avait demandé de lui faire oublier cette timidité. J'avais donc deux missions pour cette semaine-là ; faire sortir un sentiment et en faire oublier un autre. Sur deux personnes diamétralement opposées. Tout ça parce que Ray était une vraie pile électrique. Il courrait partout, faisait que des conneries, demandait tout le temps des pauses. Alors que Bryan non. Mais rie n'y faisait ce n'était pas le même partenaire, ce n'était juste pas le même homme. Et clairement je ressentais pas la même chose que quand c'était Ray qui me prenait dans ses bras. Mais plus incompréhensible que lui, c'est impossible. Un jour il me dit qu'il est heureux qu'on soit si proche, et la seconde d'après je suis qu'une putain de prof de sport. Certainement que quand toute cette incroyable histoire sera terminée, on entendra jamais plus parler l'un de l'autre. J'aimerais dire que ça serait certainement mieux comme ça de toute évidence. Mais je peux pas le laisser me filer entre les doigts aussi facilement. Parce que même s'il est spécial, même si j'arrive pas toujours à le gérer, je l'aime. Je l'aime plus que de raison. Et putain ça me fait mal quand il dit des trucs comme ça devant moi. Je suis humaine putain et j'ai un cœur fragile. Encore davantage depuis que je l'ai rencontré. Mais personne, je dis bien, personne ne le sait. Et surtout pas le principal intéressé. Qu'est-ce-qu'il penserait ? J'ai peur de le perdre. J'ai peur de le voir faire exprès de mal danser pour partir. Moi j'ai envie d'aller le plus loin possible avec lui parce que je sais parfaitement qu'après je risque de ne plus le revoir. Peut-être qu'à la tournée. Et après ? Moi je veux tellement plus.
Alors je fais exactement comme lui : je baisse la tête quand je le vois et surtout je ne lui parle pas, personne n'ose me parler de lui, tellement la relation est tendue en ce moment entre nous. Quand j'enfile le costume qui a été fait sur mesure pour moi, je pris réellement pour qu'il fasse réagir mon brun. Parce que ce n'était certainement pas pour faire plaisir à Bryan que je m'habillais comme ça. J'aurais largement privilégiée un vieux sac à patate. Mais je devais aller au bout de mon idée. Je devais aller au bout de tout ce que je m'étais fixée. On ne s'était pas parler depuis plusieurs jours. Il faisait la gueule, je le voyais parfaitement. Ça fait gamin, mais c'est tellement mignon sérieusement. Et, contrairement à moi, je sais déjà qu'il va réussir une magnifique danse. Fauve m'a dit qu'ils avaient travaillé très sérieusement. Qu'ils avaient pas trop rigolé. Qu'il n'était pas de si bonne humeur comme je lui avais toujours répété. J'avoue que je comprenais pas pourquoi. Ça ne devait avoir aucun rapport avec moi. Il n'en avait strictement rien à foutre, non ? Ça fait une semaine qu'il m'évite. Alors aucun problème, moi aussi je peux l'ignorer. Il passait le premier. C'était l'occasion d'évacuer mon stress, mais aussi et surtout ; de doser mon interprétation de toute à l'heure. J'allais danser en fonction de lui et uniquement de lui. Bryan savait ce qu'il avait à faire, et honnêtement, qu'il y arrive ou non, j'avais tout donné pour qu'il ait toutes les cartes en main.
'' - Tu crois qu'il va y arriver ?
- Pourquoi ça en serait autrement ? '' c'était Katrina qui venait tout juste de me rejoindre. Je savais qu'il y avait quelque chose d'étrange entre nous. Parce qu'à par nous, personne ne semblait étonné de tous les changements, ça ne changeait rien à la compétition. Même que ça amenait de l'action et du défit. Ouais c'est sûr. Alors pourquoi, pourquoi nous on réagissait comme des gamins ? Pourquoi on voulait se montrer qu'on y arrivait parfaitement l'un sans l'autre alors que putain pour moi c'était pas le cas ? Et j'avais raison de dire ça à mon amie blonde, il a dansé à la perfection, n'étant que dans une bulle à part de tout. Comme s'ils n'étaient plus que deux au monde, excluant tous ceux qui pouvaient les regarder danser. A ce moment là, j'me suis sentie de trop, comme une voyeuse qui regardait une confession. Fauve n'avait ni choisi cette choré, ni cette musique par hasard. Elle me l'avait clairement dit. Ça la rendait carrément malade de nous voir nous chercher comme ça. Selon elle – et uniquement – selon elle, on était fait pour être ensembles. Apparemment lui n'était pas du même avis. Il semblait très épanoui de danser avec elle. Fallait que j'me batte cul et chemise pour qu'il apprenne des pas de samba et elle arrivait à créer une danse malade avec lui, incarnant presque la perfection. Alors non, putain non, on était pas fait pour être ensembles. Ou alors on était vraiment mauvais pour s'y prendre. Surtout qu'il ne comprenait jamais rien. Ni pourquoi j'avais fait venir son père dans l'émission, ni pourquoi j'avais choisi la danse du bollywood et surtout pas pourquoi on l'avait dansé comme ça ! Je voulais qu'il soit heureux, je voulais qu'il comprenne que moi je l'étais avec lui. Tout ça traduisait exactement, ça voulait tout dire et putain on dirait que c'est du chinois.
Donc j'allais danser au plus chaud possible. Je savais qu'il n'allait pas en louper une miette. Comme moi je vais d'observer. J'aurais tout fait pour qu'il comprenne. Alors j'allais tout donner pour qu'il se sente exactement comme moi. Je voulais qu'il comprenne ce qui allait arriver s'il continuait à jouer aux cons. La personne, la femme que je suis s'il venait à me perdre. Je n'ai que la danse pour m'exprimer. Je comptais bien être très explicite.
'' - Donne tout d'accord ? Ça va aller.
- J'espère que je vais pas faire n'importe quoi. '' j'espérais aussi parce que je jouais gros dans cette histoire. Plus que j'aurais dû certainement. Mais est-ce-qu'il me donnait vraiment le choix ? Ray est une des rares personnes pour qui il faut se défoncer. J'ai plus la patience qu'il entende tout ce qu'il aurait déjà dû. Maintenant moi aussi j'allais jouer. Et en tant que danseuse. C'était ma spécialité. Je l'ai senti dés le départ, une incompréhension nous sépare. Voir que ses yeux aurait dû me suffire.
Mais non, il me fallait tellement plus. '' Sur une samba, Bryan Joubert, et sa partenaire, Denitsa Ikonomova. '' ça y est c'était à nous. J'allais tout donner. Je m'imaginais que j'étais avec lui, que cette danse aurait dû être avec lui. Que c'était lui qui promenait ses mains sur moi, à qui j'enlevais son t-shirt. Mais ça me suffisait pas. J'avais besoin de plus. Parce que même si j'essayais de croire que c'était lui, c'était pas le cas. Il avait l'air heureux de ce qu'on avait fait. Aucun sourire crispé, aucun regard fuyant.
Peut-être que j'avais toujours eu tout faux.
'' - Moi je regardais Rayane qui fair-play vous applaudissait, mais j'le sentais un peu.. Hein Rayane ? Un petit mot à dire peut-être..
- Non non pas de mots à dire, on verra ça dans la loge après. Hein Bryan ? '' oh non, je savais parfaitement qu'il était très sérieux. Juste après il éclatait de rire pour que personne ne comprenne mais moi c'était déjà fait. Il savait pas à quel point tout ce qu'on disait là derrière c'était sérieux putain. Parce que moi j'avais beaucoup trop de choses à lui dire, à lui faire comprendre. Mais il ne m'adressait presque aucun regard. Il m'avait bien dit il y a quelques minutes devant les caméras qu'il était content de me retrouver. Mais en face c'était tellement différent putain. Il avait passé la semaine à faire la gueule. Qu'il n'aille pas me faire croire qu'il était content de me retrouver. J'étais même persuadée qu'il était content de cette semaine switch.
Quelle merde.
Non mais parce que je savais bien que finalement j'étais la seule pauvre conne qui allait être contente la semaine prochaine de le retrouver. Qui me disait pas qu'il allait faire exprès de mal danser pour pouvoir s'en aller presque juste après ? Moi je savais plus quoi penser.
Rayane avait fini premier hors relais. J'étais partagée entre le fait d'être hyper fière de lui mais aussi tellement jalouse. Pourquoi nous on arrivait pas forcément à aller aussi loin dans les performances ? Pourquoi avec moi il travaillait pas correctement ? Je devais tellement l'énerver putain ça devait être pour ça. En même temps je pouvais pas lui jeter la pierre. Mais s'il voulait vraiment aller le plus loin possible avec moi, il allait vraiment devoir me faire confiance. Et là c'était pas gagné.
Je marchais en direction de ma loge sans faire attention aux quelques personnes membres du staffe qui me rappelait ô combien mon costume les avait rendu fous. Mais moi très clairement j'en avais strictement rien à foutre. Mais alors rien. Le seul que je voulais qui me remarque n'était même pas capable de me parler. N'était même pas capable de me sourire. J'étais rien pour lui. Et il serait temps que j'le comprenne. Parce qu'entre nous deux, c'était pas lui qui souffrait. C'était moi. Et uniquement moi. Ça avait assez duré de déguster pour lui, pour tout ce qu'il était pas capable de reconnaître. S'il avait réagit comme ça, c'était que quelque part il en avait pas rien à foutre de moi. C'était le seul espoir que je m'accordais de croire.
Je rentrais dans ma loge et enlevais ma robe rose qui avait remplacé l'objet du délit. J'avais échoué. Il n'avait rien compris, ni par rapport à lui ni à moi. C'était sûrement bien fait pour ma gueule. Je mettais à la place un grand débardeur qui s'arrêtait au niveau de mes genoux. La porte s'ouvrit silencieusement sur le brun que je rêvais de voir revenir.
'' - Rayane ? Qu'est-ce-que tu fais ici ?
- Faut qu'on parle.
- Et de quoi ? Tu m'as évité toute la semaine j'te signale. Pourquoi tout d'un coup tu veux m'obliger à parler avec toi ?
- La danse. La samba. Le costume. C'est quoi ce bordel ?
- Aha... C'est ça alors ? T'es jaloux ?
- N'importe quoi.
- Ah oui ? Prouve-le moi dans ce cas.
- Et comment ?
- Ose me montrer que t'en as rien à foutre de moi. '' j'étais gonflée de lui dicter un truc pareil. En fait j'étais tendue comme un arc. Si je me trompais sur toute la ligne ? Il allait me tuer s'il continuait à me regarder comme ça. Sa main glissait dans mes cheveux, signe qu'il a toujours fait, depuis la première fois qu'on s'est rencontré. Mais elle n'avait jamais eu une tellement signification. Là c'était la propriété. La possessivité. La haine mêlée à l'amour. On dit qu'entre ces deux sentiments il n'y a qu'un pas. J'y crois. Ouais désormais j'y crois vraiment. Ses yeux scintillaient plus que d'habitude. Il m'avait vraiment manqué. Cette semaine a été tellement longue sans lui.
'' - Prouve-moi que j'suis rien pour toi. '' sa bouche venait s'écraser contre mes lèvres me propulsant dans une autre dimension, loin, très loin d'ici. Il est celui dont je rêve toutes les nuits, celui qui me rend dingue rien qu'en posant ses doigts sur moi. J'entendais vaguement les affaires partir sur le sol alors qu'il me posait sur la table située derrière moi. Il m'allongeait complètement sur la table et étalait mes bras au dessus de ma tête.
'' - Je t'aime Ray. ''

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Coucou les amis ! C'est un OS que j'avais déjà écrit que j'ai eu du mal à former mais je l'ai enfin fini. Vous en pensez quoi ?
On se retrouve bientôt pour la suite d'un des Os que vous m'avez demandé !
Xxx Lisa.

One shootOù les histoires vivent. Découvrez maintenant