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« c'est une perfection de n'aspirer point à être parfait »

- Fénelon

Je trouvais cette citation jolie.
     Comme tu suis bien mes indications, je suppose que tu ne t'es pas arrêtée dans ta lecture. C'est bien, tu écoutes toujours ce que je te dis.
     Tu as vu mes erreurs et mes choix, alors je te laisse lire l'un d'entre eux et tu verras que j'ai essayé, j'ai réellement essayé de l'arrêter mais que rien n'a fonctionné.
     Tu verras que je suis tombée bien bas mais pas dans l'immédiat.

     « Mes parents vont me tuer à l'instant même où je passerai cette porte.
     Cela doit faire cinq minutes que je suis devant chez moi à trouver la force d'entrer à la maison, mais tout ce que je peux faire et regarder la grande porte en bois comme si elle allait s'ouvrir toute seule. Je dois prendre mon courage à deux mains sais que je ne suis plus très douée pour être courageuse depuis quelques temps déjà. J'ai oublié ce qu'était véritablement ce mot. « L'élégance sous pression » a dit Jérôme.
Je dois arriver avec élégance à la maison tandis que mes parents me feront pression pour savoir où est-ce que je me trouvais. C'est ça que je dois faire ? Je pince les lèvres, dubitative.
Je vais décevoir ma sœur encore une fois, elle qui espère tellement que je redevienne comme avant, comme Alex, mon jumeau qui semble me détester.
Quand je rentre, c'est le silence complet. Pendant un instant, je crois même que personne est à la maison.
Pendant un court instant.
- Alex ? C'est toi ?
- Non, c'est Katerina.
J'entends ma mère se précipiter jusqu'au hall d'entrée, suivie rapidement de mon père. Je souris vaguement, comme pour m'excuser en gardant la tête haute. Mais je ne la garde pas très longtemps quand je vois le regard noir que me lancent mes parents.
- Où est-ce que tu étais ? Tu as disparu pendant deux jours ! hurle ma mère. Deux jours !
Je déteste quand elle crie de cette façon, j'ai l'impression d'avoir commis la plus grande erreur de ma vie.
- Nous nous sommes inquiétés au point de te croire morte ! poursuit-elle sur le même ton. Où est-ce que tu étais ?
- Nulle part, dis-je simplement.
- Nulle part ? Tu plaisantes j'espère ? intervient mon père.
Mon père ne me dispute pas souvent, cependant, quand il le fait, je sais que cela ne sent rien de bon. Je peine à retirer mes chaussures et pour cause, je n'ai rien avaler depuis deux jours, je n'ai prise au une douche également. Mes cheveux sont attachés à la va vite.
Je ne ressemble à rien.
- T'étais avec lui ? gronde mon père. Il t'a fait du mal ? Qu'est-ce qu'il t'a fait ?
- Il ne m'a rien fait ! froncé- je les sourcils.
Pourquoi tout le monde continue à croire qu'il me ferait quelque chose ? Il ne me fera aucun mal, jamais.
- Tu continues à le voir malgré nos interdictions, malgré ce qu'il représente ! Comment peux-tu faire cela ? hurle mon père.
- Il est recherché par toute la ville ! ajoute ma mère, furibonde.
- Vous ne comprenez pas !
- Il n'y a rien à comprendre, Katerina.
Alex claque la porte de la maison en me regardant avec noirceur. Je n'en reviens pas qu'il puisse prendre parti des parents alors qu'il a toujours été de mon côté. J'ai l'impression d'être trahie. Il passe à côté de moi en prenant soin de le bousculer tandis que ma sœur évite mon regard. Mais je sais qu'elle est soulagée de me voir à nouveau, je sais qu'elle a eu peur pour moi.
J'ai envie de m'enfuir loin d'ici sauf que c'est impossible.
- Tu seras accusée de complicité, continue ma mère.
- Je ne suis complice en rien !
- Alors va dire cela aux élèves de ton lycée qui sont morts. Va dire ça à toutes ces familles qui ont perdu quelqu'un. Va dire que tu n'es pas responsable alors que tu n'es pas, et tu le sait très bien.
Être accusée par son meilleur ami que des personnes sont mortes à cause de moi est une chose mais être accusée par son propre frère, c'en est une autre. Je me sens blessée par ses paroles car il rejette la faute de toutes ces morts sur moi comme si j'avais commis ces crimes.
Peut-être que j'ai influencé l'état d'esprit de Jérôme, c'est sur même, mais ce n'est pas moi qui ai tué ces personnes, pas de mes mains. Je porte du sang sur les mains, c'est Jérôme qui les a tués. Pas moi.
Je me réfugie dans ma chambre malgré les protestations et hurlements de mes parents. Fermant la porte à double tours, je les entends du haut de ma chambre. Je me sens tellement mal que je ressens le besoin immédiat de m'en aller.
J'ouvre la fenêtre, m'accroche à plus grosses des branches de l'arbre avant de descendre et de m'enfuir. Je ne sais pas où je vais, mais j'y vais. Je cours, parce que j'en ai marre. Je cours parce que je ne peux plus supporter tout cela. Je ne veux plus, je ne peux plus. S'ils croient que je vais rester enfermée dans cette maison à rester les bras croisés, ils se trompent.
Je monte sur le toit de l'immeuble où la dernière fois j'ai été assommée par le Batman. Je ne connais pas la raison qui l'a poussé a m'assommer et m'amener dan d'une grotte, je ne ressens cependant pas le besoin de la connaître.
Le vent souffle fort sur le toit, les jauges sont d'une couleur foncée, les nuages ont assombri le ciel comme jamais. J'ai l'impression de dominer tout NYC, d'avoir tous les pouvoirs en main sur cette ville alors que je ne suis rien. Une simple fille.
Un bruit se fait entendre derrière moi. Sursautant, je me retourne et le découvre pour la première fois en plein jour. C'est autre chose que le voir en pleine nuit, cette dernière lui va comme un gant tandis que le jour lui procure une allure méprisante, impressionnante.
Son masque noir cache plus des trois quart de son visage, seulement la bouche est visible tandis que son costume est totalement noir, jusqu'à la cape. Son symbole est gravé sur le torse de sa combinaison. Sa cape s'agite dans le vent.
Je ne savais pas qu'il allait venir, je pensais qu'il vivait la nuit, se fondait dans la masse le jour. Apparemment, cette activité qu'est combattre le crime n'est pas simplement un travail de nuit.
- Où est-il ?
- Je ne sais pas de quoi vous parlez.
Je peux sentir son mépris dans son regard même si ses yeux sont pratiquement impossible à voir. On pourrait presque distinguer la couleur, noir, il me semble. Rien d'étonnant.
- Où est-il ? demande l'homme chauve-souris en haussant la voix.
     J'ai l'impression que ma tête va exploser, je ne sais plus rien, je ne comprends plus rien et je ne sais plus quoi faire. Tout le monde me lâche, Jérôme l'a fait en premier. Je sens partir tout le monde les uns après les autres au fil du temps. Je me retrouve seule, sans aide alors comment puis-je survivre ?
     Je ne veux pas le trahir, j'en suis certaine. Mais je dois avouer où il se cache, pas pour moi, pour lui. Jérôme doit être aidé, il le faut. Peut-être qu'il ira mieux un jour, qui sait ? Peut-être qu'il redeviendra celui qu'il était auparavant.
- Pourquoi m'avoir assommée l'autre nuit ?
- Parce que je savais qu'il te rechercherait. Il te surveille comme si tu étais sa proie et il t'a conduit à lui. Alors maintenant, dis-moi où il se cache !
     Il est agressif et représente bien l'imagine qu'il s'est créé. Les larmes débordent toute seule, Jérôme est un véritable sujet sensible, mon plus grand point faible. Que se passera-t-il si je lui avoue où il se cache ? Va-t-il le tuer ? Le faire prisonnier ? Je ne sais pas si j'ai fait le bon choix en appelant à l'aide à Batman.
     Mais après ce que j'ai vu il y a deux jours, Jérôme est capable de se mettre volontairement en danger, comme si c'était son trip. Il joue avec la vie comme s'il jouait avec des cartes. Peut-être est-ce pour cette raison qu'il se fait appeler le Joker.
     C'est tellement dur de trahir une personne.
- Il se doutera que je suis responsable.
- La vie est pleine de doutes.
- Comment tu peux résonner ainsi ? Tu sais que c'est mal de trahir quelqu'un ?
- Je peux concevoir que tu sois amoureuse de ce type mais pas au prix de la vie des gens.
     Vient-il de clamer haut et fort que j'étais amoureuse de mon meilleur ami alors qu'il n'en est absolument rien ? C'est trop dur de faire un choix, de devoir le balancer mais tout ce que je veux est le sauver.
- Où est-il ? demande-t-il à nouveau de sa voix effrayante.
- Sur les quais de Murray Hill, le premier bâtiment. Appartement 66.
- Tu fais le bon choix.
     Il saute dans le vide sans même me remercier et je suppose que viens de faire une grande erreur. Peut-être que je n'aurais pas dû, peut-être que Jérôme me le fera payer très cher. Mes larmes glacées coulent le long de mes joues, le vent fouettant dans mes longs cheveux.
     Jérôme était tout ce que j'avais, il ne m'a pas laissée le choix.
- Je suis tellement désolée, murmuré-je dans le vide. »

     C'était une erreur de le trahir. Cependant, quand Batman a dit que j'étais amoureuse de lui à cette époque, je n'y ai pas cru une seconde. J'ai tout nié en bloc et j'ai continué encore et encore à éviter de penser à ces sentiments.
     Je suis restée pendant des heures sur le toit de ce bâtiment. J'ai même entendu les sirènes de la police dans les rues de la ville, au loin, quelque part sur ce quais, je savais que Batman faisait son travail de sauveur et de protecteur.
     Je savais que j'allais regretter ma trahison mais d'un autre côté, je ne la regrettais pas. J'avais toutes les raisons à croire que j'avais fait quelque chose de juste, de bon.
     Quand il est revenu, sa cape noire volant dans les airs derrière lui, j'ai su que tout ne s'était pas passé comme prévu. Il était blessé, à la jambe je suppose puisqu'il avait du mal à tenir debout mais il n'a pas flanché.
     Il ne flanche jamais.

     « Je me relève vivement, observant qu'il s'appuyait plus sur une jambe que l'autre. Il est blessé. Je ne peux pas observer son visage, décrypter son expression et savoir si Jérôme va bien ou non. Je pince les lèvres, redoutant de poser là question.
- Tu es blessé ? demandé-je.
- Il y a eu plusieurs morts.
     Je me fige de terreur. Je croyais que le Batman ne tuait personne ?
- Tous tués par ton meilleur ami, dans la moindre pitié.
- Il les a tous assassinés ? Et toi alors ? Que s'est-il passé ?
     Malgré elle fait que je m'inquiète plus pour Jérôme que pour quiconque dans cette ville, je ne peux pas m'empêcher de me préoccuper de l'état de ce héros qui nous protège au péril de sa vie.
- Tu dois te sentir soulagée de savoir que ton petit-ami de toujours soit encore en vie.
- Ce n'est pas mon petit-ami ! levé-je les mains au ciel. Pourquoi a-t-il tué tous ses potes ?
- Il a dit : « vaut mieux être seul que mal accompagné. »
     Chose qui ne lui ressemble pas du tout mais plus rien ne m'étonne désormais.
- Tu seras la prochaine cible, dit Batman.
- Il ne me fera aucun mal.
- Non, pas à toi. Mais à ta famille, oui. À ta sœur, tes frères, tes parents.
- Alors protège-les. Je te le demande, je t'en prie, le supplié-je. Protège-les. Surtout ma petite sœur.
     Il monte sur le rebord du toit avant de se jeter dans le vide sans répondre à ce que je demande. La supposition est là : il ne le fera pas. Parce qu'il ne peut pas protéger ma famille en permanence sans penser à toute la ville.
     J'ai surmené signé mon arrêt de mort. »

     Non, il ne m'a pas tuée. Comment ai-je pu douter de lui ? Certes, quand il m'a retournée après, il n'a pas été tendre avec moi. Mais tu vois, j'ai demandé à ce que tu sois protégée. Toi, ma petite sœur. Parce que je t'aime tellement.
     Tu devrais t'arrêter là pour cette fois, reprendre ton souffle.
     La suite s'annonce palpitante.

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