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     Je ne sais plus trop quoi écrire.
     À vrai dire, je suis perdue. Perdue dans mes pensées, dans ma vie. Je n'ai qu'une personne pour me guider, c'est lui. Je ne pense pas qu'il est possible d'aimer quelqu'un comme moi je le fais.
     Étant donné que je ne parle à personne et que je n'ai plus d'amis, me confier est impossible. J'aimerais beaucoup avoir quelqu'un à qui parler, juste une amie. On pourrait sortir les soirs, regarder les étoiles et raconter tout un tas de choses. On pourrait rire ensemble.
     Mais une partie de moi se sent terriblement bien avec mon amour de toujours. Cette partie de moi, mon sombre côté, je l'aime beaucoup. Je l'admire pour sa force.
     Cependant, ces derniers temps, je me sens vraiment vide. J'espère que tu n'auras jamais à connaître ce vide, petite sœur.
     Bref, ce n'est pas vraiment de ça que je voulais te parler aujourd'hui. Tu te souviens, je t'ai dit qu'il y a des secrets dans les familles.
Laisse-moi te dire le petit secret des Valeska.
Jérôme Valeska a un frère jumeau.

     « En me réveillant, l'absence de Jérôme dans le lit se fait sentir. La place à côté de moi est froide. Je cligne des yeux plusieurs pour émerger de mon sommeil, jetant un rapide coup d'œil autour de moi.
Le temps n'est pas agréable, il fait gris. Grognant, je me redresse et m'étire. Les articulations de mes bras craquent tandis que je laisse échapper un bâillement. Tout paraît trop calme ici, ce n'est pas normal.
Ce n'est jamais calme avec Jérôme.
Quittant la chambre, j'entre dans le salon en fronçant d'avantage les sourcils. Il n'y a absolument personne. Étrange, il est six heures du matin. Me laissant tomber sur une chaise de la table du salon, je regarde par la fenêtre le ciel déjà bien gris pour cette heure ci tôt.
Mon pain au chocolat que je dévore comme un monstre assoiffé de sang ne suffit pas à apaiser ma faim. Je me fais quelques tartines à la confiture de fraise, rien de meilleur.
Mais mon petit-déjeuner vient être interrompu par une porte qui claque puis deux voix, dont celle de Jérôme.
Je ne bouge pas de ma chaise, il viendra à moi.
— Plus de dix-huit ans de silence. Pourquoi fais-tu apparition maintenant ? Es-tu jaloux de mon succès ?
J'entends le rire ironique de Jérôme. Levant les yeux au ciel, je continue mon petit-déjeuner, assise en tailleur sur la chaise quand Jérôme débarque dans le salon.
Mais il n'est effectivement pas seul.
Je tousse en laissant tomber ma tartine dans mon assiette, hallucinant à ce qu'il y a sous les yeux.
— Ah, tu es bien matinale aujourd'hui.
— Alors c'est elle ? crache l'autre de dégoût en me regardant.
Devant moi se tient Jérôme ainsi que son parfait sosie. Genre, ils se ressemblent comme deux gouttes d'eau, si je n'avais pas reconnu la voix de Jérôme, je n'aurais pas su lequel était lui. Néanmoins, l'autre a le regard plus dur, plus froid et le visage marqué par une impassibilité étonnante. Les yeux écarquillés font rire Jérôme.
— Mais...
— Kate, je te présente Jeremiah, mon frère jumeau.
— Depuis quand as-tu un frère jumeau ? rétorqué-je, confuse.
— Je l'ai appris il y a deux heures.
Je lève les sourcils par tant de froideur de la part de son frère jumeau. Il n'a pas l'air de m'apprécier, la façon dont il a a me regarder m'indique clairement qu'il pourrait m'éliminer à tout moment. J'en déglutis.
Plus le temps passe, plus les choses deviennent bizarres.
Jérôme s'arrête derrière ma chaise et passe ses bras autour de mon cou avant de poser son menton sur le sommet de mon crâne. Le toucher m'apaise et me rend moins nerveuse face à son jumeau, ce dernier brûlant d'envie de me tuer. Son regard est expressif contrairement à son visage.
— Cette fille, pas touche.
— J'avais compris, merci, réplique l'autre en croisant les bras.
Plus je l'observe, plus il me fait froid dans le dos. Jérôme m'embrasse le sommet du crâne avant de faire signe à son frère de le suivre dans la pièce à côté, loin de mes oreilles.
Jeremiah passe à côté de moi en me lançant le pire des regards, peut-être pire que le regard de mon frère Alex, auquel j'ai été habituée ces derniers temps. Le frère jumeau de mon copain à une forte odeur de parfum que je n'apprécie pas du tout, surtout dès le matin.
La question que je me pose est la suivante : qu'est-ce qu'ils fabriquent ? Jérôme me fera sûrement des confidences plus tard, quand nous serons tous les deux. Il est plus facile avec lui de parler que d'être tactile. Montrer son amour pour moi n'est pas une mince affaire, il y a des fois où je doute, sincèrement.
Le duo J&J sort de la pièce deux voire trois heures plus tard, au même moment que la pluie se met à tomber. Je fronce les sourcils car c'est signe de mauvais présage.
— Je vais dehors, marmonné-je alors qu'ils se trouvent dans le salon.
— Sous la pluie ?
— Je ne suis pas en sucre.
Je fais un signe de main comme quoi je reviens avant de filer en vitesse pour rejoindre l'immeuble où en général je retrouve Batman pour discuter.
La pluie est forte et trempe rapidement les vêtements, de la tête aux pieds. Enfin, après quelques minutes d'attente, comme s'il était doté d'un sixième sens, comme s'il avait su que j'étais là, Batman débarque en déployant ses ailes de chauve-souris. Il retire son masque n'ayant plus besoin de cacher son visage à présent.
— C'est fou, sous cette pluie j'ai l'impression que tout est plus grand, murmuré-je.
— Épargne-moi ton baratin.
Il s'assoit au bord du vide. Je pourrais le pousser et il tomberait dans le vide. Mais il trouverait un moyen de s'accrocher et là, il n'hésiterait pas à me tuer. Tout paraît sombre chez cet être, j'ai l'impression qu'il n'y aura aucune lumière pour l'éclairer.
Est-ce qu'il y en aura une un jour ?
— Est-ce que tu as déjà pensé à tout claquer et partir pour commencer une nouvelle vie ? demandé-je en regardant droit devant moi les gratte-ciel.
— Plus d'une fois. Mais je pense que mon identité me rattraperait et me jouerait des tours.
Les gouttes d'eau glisse le long de son costume tandis que ses cheveux deviennent rapidement mouillés. Il a les dents tellement serrées qu'il contracte sa mâchoire d'une puissance que je n'ai jamais vu. À moins que ce soit naturel, je n'en sais trop rien.
— Ma sœur est sous surveillance ?
— Elle est simple, le danger ne viendra pas dans sa vie. J'ai observé Zafrina pendant des heures, l'autre jour. Elle a l'air de tenir à ses amis mais ses amis n'ont pas l'air de tenir à elle. C'est une adolescente tout à fait normale.
— Ne tombe pas amoureux de ma sœur.
Batman tourne son visage vers le mien en levant les sourcils, cessant de serrer les dents puis, il éclate de rire. Qui a déjà vu rire ce type lorsqu'il est en public ? Personne.
Mais moi ça ne me fait pas rire.
— Surtout, ne tombe pas amoureux d'elle lorsque qu'il n'y aura plus que toi.
— Tu comptes t'enfuir ? Pour aller où ? Au moins, l'autre imbécile ne sera plus là. Et dès lors, tout redeviendra comme avant.
— Ça tu vois, j'en doute.
Il me regarde en fronçant les sourcils. Je baisse les yeux sur mes chaussures en poussant un profond soupir. Lui dire ou ne pas lui dire ? Que faire ? »

Sur le moment, j'étais prête à lui dévoiler que Jérôme avait un frère, j'étais prête à trahir le Joker car je ne pouvais pas blairer son frère jumeau. Il y a un truc pas net chez ce type, un truc que je déteste.
L'espace d'un instant, j'ai failli basculer du bon côté, du côté de Batman. Peut-être parce qu'au fond, j'avais peur qu'il s'en prenne à toi, ce Jeremiah et à toute la fille aussi. Cependant, je me suis résolue à ne rien dire car je sais que je vais partir et que plus rien ne comptera, et puis, Batman sera là pour te protéger. Il m'en a fait la promesse.
À l'heure où tu es en train de lire ce journal, j'espère que vous n'avez pas encore entendu parler du frère jumeau de J. J'espère que l'étape derrière le masque n'est pas tombé amoureux de toi et que, par dessus le marché, vous vous êtes liés d'amitié.
Je ne le supporterais pas.
Petite-sœur, ne tombe pas amoureuse de la mauvaise personne. Dit comme ça, on pourrait croire que j'ai le regret d'être amoureuse de J, mais il n'y a aucun problème de ce côté, aucun regret.
Jamais.

psychotic loveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant