« Si tu vas mal, je vais mal.
Si tu souffres, je souffre avec toi.
Si tu meurs, je pleure.
Si je pleure, je meurs à tes côtés. »- anonyme
Bienvenue sur la troisième page de ce journal dédié à ma vie ! Tu te souviens un jour quand je t'ai dit que l'on avait seulement un véritable ami ? Un seul, un unique ? Pour moi c'était le cas. Je n'avais que lui et il n'avait que moi. Parmi tes amis, dis-toi qu'un seul compte plus que tout. Oh je sais ce que tu penses, tu me traites de folle et tu dois te dire que j'écris n'importe quoi. Mais c'est la vérité.
Je ne cherche pas ta pitié en écrivant ce journal auquel je me dédis chaque jour depuis quelques jours déjà. Je ne cherche pas de la compassion mais je cherche bien le pardon. Je cherche à ce que tu comprennes toutes les raisons qui m'ont poussée à continuer à m'accrocher à lui.
Je suis - enfin, j'étais un poisson dans les mailles de son filet.
J'espère que tu es toujours attentive à mes écrits, parce que tu es loin d'en avoir finit. Désolée petite sœur, tu es loin d'avoir terminé, ce n'est pas encore l'heure.
Ce que je t'écris par la suite est le commencement de tout. Peut-être que si j'avais su plutôt ce qu'il s'apprêtait à faire, je l'aurais empêché. Peut-être que nous n'en serions pas morts.
Ne t'en fais pas, je ne reste pas morte au fond. Je suis encore en vie, dans ton cœur, dans ton esprit et dans les pensées des gens. Souris Zafrina.« Je ne vois ni sa tête rousse ni ses yeux verts nulle part dans l'enceinte du lycée. Je me mets sur la pointe des pieds sans le voir. Que des têtes brunes ou blondes. N'étant pas une adepte de la technologie moderne, je garde mon téléphone éteint au fond de mon sac. N'ayant pas d'autre choix que de l'allumer, je soupire. J'ai peut-être le téléphone dernière génération mais cela ne fait pas de moi une accroc à ce dernier.
À vrai dire, je passe peu de temps sur mon téléphone, il m'est quasi inutile. J'envoie un énorme "T'ES OÙ" à mon meilleur ami, attendant pendant de longues minutes sa réponse. J'espère qu'il n'est pas malade, je n'ai pas vraiment envie d'être abandonnée à mon triste sort dans ce lycée de fous.
Je reçois une réponse une heure plus tard, en pleine heure de mathématiques. "JE SUIS MALADE" dit-il. Génial, comment vais-je faire pour rigoler sans lui aujourd'hui ? Mon cœur pèse soudainement une tonne, comme s'il je venais de le perdre. Allez Kate, ce n'est qu'une misérable journée sans lui, au pire, deux jours et il reviendra tout frais vendredi. Je lui envoie un gros "JE TE DÉTESTE" avant de me concentrer à nouveau.
Je me sens comme une cible facile sans lui. La solitude n'est bonne pour personne, nous sommes isolés de tout et nous somme facilement pris pour des cons. Des que l'on se retrouve seul, nous sommes humiliés, insultés parce que ce n'est pas notre truc de faire partie d'un groupe. Quand on fait bande à part, ce n'est jamais bon. Pour personne. L'isolement est une des pires choses qui puissent arriver au lycée.
Dieu sait à quel point les adolescents sont cruels entre eux.
Les heures de cours semblent longues sans mon roux préféré, à vrai dire, c'est le seul rouquin qui m'ait donnée de connaître. Certes, je suis plus calme que d'habitude mais cela ne m'empêche pas d'écouter les trois quarts du cours. Vincent me fait un clin d'œil que je réponds par de gros yeux.
C'est le problème avec les populaires, une fois que l'on parle avec eux, ils ne te lâchent plus une seconde et pense que l'on s'intéresse à eux. C'est donner de l'importance à ces personnes qui les rend populaires. Au fond, ce sont les mêmes adolescents que nous, seulement avec de la notoriété. Cependant, certaines personnes sont déjà populaires sans pour autant en être responsables.
Comme moi, Dieu bénisse mes parents pour être riches et puissants. Misérable vie. Bien sûr, être née dans une fille comme la mienne me pose quelques problèmes parfois comme l'escorte en voiture par un chauffeur privé ou encore les risques d'enlèvements. Qui a dit que la vie de riche était simple ? Surtout dans une ville comme la notre où chaque flic est corrompu jusqu'à la moelle.
Heureusement pour moi, je vis dans un manoir au bout de la ville, à dix minutes en voiture de NY quand le trafic est fluide.
- Milles !
Je me retourne en découvrant Lisa, une ravissante blonde qui porte des jupes bien trop courtes pour attirer le regard des garçons, se diriger vers moi. Je souris doucement mais intérieurement mon sourire est forcé. Mon dieu mais qu'est-ce qu'elle me veut ? Tout sa bande se place devant moi, tous derrière elle. Sa chevelure blonde est si belle que j'en suis jalouse.
- T'es toute seule Milles aujourd'hui ? Où est le rouquin ?
- Jay est malade, dis-je.
- Tu l'appelles par son surnom parce que tu as honte de son prénom ? ricane-t-elle.
Les autres ricanent à leur tour, suivant le mouvement. Tout l'intérieur de moi se tend et devient de glace.
- Non.
- C'est mignon Jay. Tu souhaites rester avec nous ? enchaîne-t-elle. C'est pas cool de rester seule.
- Je...
- Oui ? Super ! me coupe-t-elle la parole.
Elle et ses amis s'assoient dans l'herbe à côté de moi bien avant que je ne puisse protester. Je sens l'hypocrisie à plein nez, je sens à quel point ils sont faux avec moi. Je ne dis rien, je me contente simplement de sourire et dès que j'ai l'occasion de partir, je m'enfuis en courant.
Malheureusement pour moi, toute la bande reste plus d'une heure avec moi sous les rayons du soleil de notre beau mois d'octobre. J'aurais souhaité trouver une excuse pour partir mais je n'en ai pas eu le courage, pas sans lui. Je lui envoie un message au bout d'une demi-heure. "TU ME MANQUES". Il répond aussitôt et j'imagine déjà son sourire. "JE CROYAIS QUE TU ME DÉTESTAIS, KATERINA MILLES ?"
Je lève les yeux au ciel, ce que ne manque pas de remarquer Lisa. Cette dernière ne dit rien et se concentre de nouveau sur la voix de son amie. Je m'ennuie au point d'en avoir sommeil, je n'ai aucun amusement sans Jérôme. C'est triste à dire mais il est ma distraction dans ma petite vie bien tranquille.
Je finis par lui répondre "NON, JE T'AIME" et j'affiche une moue sur mon visage après avoir envoyé le message. C'était bien trop direct, il va croire que je suis amoureuse de lui. Mon cœur bat la chamade, les yeux rivés sur l'écran. Ne recevant aucune réponse, je range mon téléphone dans mon sac pour le ressortir quelques minutes après.
Aucune réponse.
J'espère qu'il ne sait rien imaginé.
- Nos partons, annonce Lisa. Tu viens avec nous ?
- Non, je reste ici encore quelques minutes.
- Bien. À la prochaine alors !
Quand ils m'ont tous tournée le dos, je lève les deux majeurs avec un sourire aussi faux que celui de Lisa. Je sais que c'est mal de juger les gens et de se baser sur une simple impression mais je ne l'aime pas du tout et c'est une véritable hypocrite, prétentieuse.
Finalement, je reçois un message quelques minutes après le départ des hypocrites. Mes doigts tremblent.
"JE T'AIME AUSSI"
Mon téléphone glisse de mes doigts et je pousse un hurlement de joie, cri qui m'échappe totalement. Plusieurs personnes se retournent en me regardant bizarrement. Je finis par éclater de rire toute seule dans mon coin, ravie de sa réponse.
Mais pourquoi cette réaction ? Bien sûr que nous nous aimons, nous sommes meilleurs amis après tout ! »À cet instant, je ne savais pas quoi penser de ce qu'il venait de dire. Je ne savais pas s'il pensait ces mots pour de l'amitié ou de l'amour. Et au final, je ne saurais peut-être sans doute jamais. Peut-être que je l'ai su avant de mourir.
Mais moi, je l'ai aimé du début à la fin, jusqu'à mon dernier souffle.
Si tu lis cette page de journal, tu devrais lire les suivantes sans interruption. Petit conseil de sœur à sœur.
Je t'embrasse Zafrina.
