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« La véritable amitié est la plus pure de toute, quand elle est détruite, c'est notre âme qui est détruite »

- note à moi-même.

Dis Zafrina, t'as un meilleur ami ? Tu pourrais faire n'importe quoi pour lui ? Moi c'est ce que j'ai fait. Lis attentivement, car j'ai écrit une autobiographie.

« Jérôme secoue la tête de droite à gauche en regardant son devoir.
- C'est une plaisanterie ? Un A- juste à cause d'une lettre et d'un nombre que j'ai inversé ?
- C'est pas si terrible, lui dis-je en fermant la porte de mon casier.
- Mais qui a eu l'idée de mélanger les chiffres et les lettres ? s'exclame-t-il.
J'éclate de rire en levant les yeux au ciel. Jérôme continue de débattre pendant de longues minutes sur son devoir qu'il insulte de minable. Je le laisse dans son monologue, l'écoutant à moitié, bien trop occupée à apprécier le soleil réchauffer ma peau.
Les jours sont plus agréables quand il y a du soleil, surtout quand nous sommes encore au mois d'octobre. Certes, nous savons tous que le froid va arriver d'une journée à l'autre mais cela ne nous interdit pas de profiter des quelques rayons. Je me couche dans l'herbe du parc à côté du lycée tandis que mon meilleur ami s'assoit en pestant sur son devoir, encore.
Il n'y a rien de mieux que ces journées, surtout en sa compagnie. Nous sommes bien tous le deux, nous n'avons besoin de personne, on se complète l'un l'autre. Nos camarades nous regardent bizarrement parfois parce que nous sommes tout le temps ensemble. C'est normal, mon meilleur ami et moi sommes « best friends » depuis que nous avons six ans. Nous nous sommes jamais quittés et nous nous connaissons par cœur.
Il me tire une mèche de cheveux. J'ouvre les yeux en fronçant les sourcils.
- Ne m'écoute pas surtout.
- Je t'écoute.
- C'est fou à quel point je te connais et à quel point je sais que tu mens. T'es trop occupée par ton bronzage.
- Excuse-moi de ne pas vouloir rester blanche comme un cachet d'aspirine toute ma vie, lui tiré-je la langue.
- Ouch.
D'un geste théâtral, il pose une main sur son cœur pour imiter que je l'aie blessé. Je rigole. Il a toujours su me faire rire, depuis le début. Jérôme n'est pas comme tous ces garçons populaires du lycée bien qu'il soit « connu » grâce au fait qu'il pratique de la boxe. Mon meilleur ami est roux, poil de carotte. Beaucoup se sont moqués de lui quand nous étions petits mais maintenant, c'est fini. Les filles du lycée estiment qu'il fait parti de la catégorie des garçons à se taper. Le plus souvent, elles le trouvent tellement beau qu'elles pourraient le suivre jusqu'à chez lui. Mais dans le cas contraire, les filles restent indifférentes de lui à cause de la couleur de ses cheveux.
À croire que les roux n'ont jamais eu la place dans ce monde.
En revanche, il a des yeux verts à tomber par terre. Je crois que ce sont les plus beaux yeux de la terre et j'ai la chance de les côtoyer tous les jours de chaque année. Quand il sourit, c'est la plus belle chose qui puisse illuminer ma vie, si on ne compte pas l'argent. Je plaisante.
En bref, c'est mon meilleur ami et je l'adore plus que tout, c'est l'une de mes raisons de vivre. Je ne sais pas ce que je pourrais faire sans lui. »

Tu as vu ce que je viens d'écrire Zafrina ? Je ne pouvais déjà pas vivre sans lui. Je ne peux pas vivre sans lui. Quand tu es habitué à côtoyer une personne depuis ta tendre enfance, tu ne peux pas te passer de cette personne. Moi, c'était comme me demander de ne plus respirer parce que je savais que c'était lui qui me faisait respirer.
J'espère qu'un jour tu comprendras cette sensation et que tu tomberas sur la bonne personne, celle qui ne détruira pas notre famille.
Bref, je reprends mon récit.

« Assis dans l'herbe à côté de moi, Jérôme joue avec mes longs cheveux bruns. Il dit souvent que je pourrais jouer dans un Disney grâce à mes cheveux, je ressemble à une princesse d'après lui. Il abuse sur le coup, je ne suis pas si belle, je ne l'ai jamais été.
- Et tu as eu quelle note à ton devoir d'anglais ? demandé-je.
- A+, meilleure note.
- High five !
On tape notre paume l'une contre l'autre avant de cogner notre poing l'un contre l'autre.
- Trop fort.
- C'est ça la vie.
Il s'allonge à côté de moi en souriant. Je secoue la tête de droite à gauche en levant les yeux au ciel. En plus d'être mon meilleur ami très beau gosse, il est doté d'une grande intelligence. Je l'admire beaucoup pour tout ce qu'il entreprend.
- Vincent à trois heures ! se relève-t-il brusquement.
Mon meilleur ami se tire sans même m'attendre avant que Vincent, un de ces populaires du lycée ne me rejoigne. Mais qu'a-t-il fait encore ? Je sais que Jérôme se bat souvent et revient avec des yeux au beurre noir et des entailles un peu partout sur le visage mais s'attaquer à quelqu'un du lycée, je l'ignorais.
- Tu diras au rouquin que fuir ne fera que retarder son échéance.
- Qu'est-ce qu'il a fait ?
- Il ne m'a pas fait mon devoir de français alors que je lui ai rappelé trois fois.
- Mon meilleur ami n'est pas à ton service, ni au service de qui que ce soit, laisse-le tranquille.
Vincent a un sourire arrogant qui me tape sur le système. Il est peut-être le meilleur joueur de basket de notre équipe mais niveau intelligence, ce n'est pas ça. Et ce n'est pas parce que c'est un populaire que je dois avoir peur de lui, au contraire, je n'ai pas peur.
- Tu as de la chance d'être magnifique, Katerina Milles, sinon, tu serais déjà à terre.
- Vraiment ?
De plus, je déteste quand on me prend pour une faible parce que je ne suis qu'une fille. Je lui donne un coup de poing dans le ventre puis un coup de genoux entre ses jambes avant qu'il ne s'effondre a terre. Je lui retourne le bras derrière la tête puis je murmure à son oreille.
- Si tu touches à mon meilleur ami, je te détruits. Si tu le blesses, tu me blesses moi. Alors ne fais pas ça.
Je le relâche avant de me lancer à la poursuite de mon meilleur ami qui a probablement du se réfugier à la bibliothèque. Quand je me rends là-bas, je fais le tour deux fois avant de le trouver dans la dernière rangée, tout au fond de la bibliothèque. Je croise les bras tandis qu'il affiche un sourire d'excuse. C'est le problème avec lui, il sourit tout le temps, je suis incapable de me disputer avec lui.
- On aurait cru un véritable gamin. Rappelle-moi quel sport pratiques-tu avec moi, trois fois par semaine ?
- Je ne vois pas de quoi tu parles !
- Pardon, je crois que j'ai mal compris ! dis-je en me tenant debout devant lui.
Il ricane avant de me faire tomber assis à côté de lui, me retenant avant que mon dos ne touche le sol. Ses biceps se tendent quand je suis dans ses bras, à quelques centimètres du sol. Des gens nous crient de nous terre et nous éclatons de rire le plus discrètement possible.
Sa peau blanche contre la mienne me fait sourire, même elle me donne des frissons. Je finis par m'assoir à côté de Jérôme, ce dernier passant un bras autour de mes épaules.
- Tu viens à la boxe vendredi soir ? demandé-je.
- Bien sûr, pourquoi manquer de te battre encore une fois ?
- Excuse-moi ? m'exclamé-je. Tu veux que je te rappelle qui t'a battu l'autre jour ?
- T'as triché !
- N'importe quoi !
Il me pousse sur le côté avant de se relever vivement. Ce garçon est une véritable boule d'énergie, il n'est jamais fatigué.
- Attrape-moi si tu peux !
- Je te déteste ! me relevé-je en commençant à courir après lui.
On se lance dans une course poursuite hors norme, au point de se faire virer de la bibliothèque la semaine entière. La base de notre amitié est la complicité, la bonne humeur et surtout le rire. Il n'y a pas une journée où nous ne rigolons pas, c'est un besoin. On nous voit rarement sans sourire même en classe, nous trouvons toujours le moyen d'avoir le sourire collé à notre visage. Enfin, quand nous sommes dans la même classe.
Il me manque quand il n'est pas avec moi, je me sens vide. Je ne lui ai jamais dit et je ne pense pas lui dire un jour, j'ai bien trop peur qu'il me rejette et me dise que notre amitié est terminée.
Et si notre amitié se termine, je ne sais pas comment je pourrais faire sans lui, il fait partie de ma vie. C'est une partie de moi. »

Tu as tout lu ? Tu n'as rien manqué ? Dès le début, je ressentais un manque quand il n'était pas auprès de moi. Tu imagines si je devais passer ma vie sans lui ? Tu te rendes compte à quel point il était dans ma peau ? Tu te rends compte que je préférais mourir que vivre sans lui ? Je sais déjà à présent que je l'aimais à cette époque.
Ne m'en veux pas, Zafrina. Pas tout de suite car tu n'as pas encore lu la suite et tu ne sais pas tout ce qui a bien pu se passer. Quand tu sauras, tu pourras m'en vouloir.
Tu te souviens de ce que j'ai écrit au début ? Je t'ai dit de ne pas pleurer. Je t'en supplie, ne pleure pas. Surtout...
Surtout ne me regrette pas.

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