Chapitre 27

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Délia venait de sortir de la douche. Elle attrapa une serviette et la noua autour de sa poitrine avant de rejoindre la chambre. Elle ne savait pas encore ce qu'elle allait porter pour son rendez-vous avez Julien, mais elle avait une bonne dizaine d'options à essayer.

Arnaud sommeillait encore. Elle avait à peine ouvert le battant de la garde-robe qu'il se réveilla subitement :

– Ne te prends pas la tête. J'ai déjà préparé ta tenue.

– Quoi ? fit-elle en fronçant les sourcils.

– Tu te rappelles, on a conclu un pacte. Aujourd'hui c'est moi qui t'habille.

Elle riposta intérieurement : De tous les jours que Dieu fait, il a fallu que tu choisisses celui-ci ?

Il désigna le radiateur d'un geste de la main. Elle remarqua le jeans qui l'attendait. Bon, ce n'était pas la fin du monde. Ce n'était qu'un jeans.

Elle s'approcha, la moue toujours un peu boudeuse mais soulagée au fond d'elle-même qu'il ne s'agisse pas d'un costume de clown. Deux secondes plus tard, le vêtement en main, elle se mit à hurler :

– Non ! Tu te fous de moi ! Tu crois vraiment que je vais porter une salopette ?

– Elle était dans ta garde-robe, répliqua Arnaud.

– Je l'ai achetée pour le travail ! C'est une salopette de jardinage !

– Ça ne ressemble pas à une salopette de jardinage. Elle est en jeans. Toutes les stars en portent.

– Ouais, c'est ça, bougonna-t-elle en jetant la salopette sur le lit. C'est pas du jeu. Moi je t'ai super bien habillé la dernière fois.

Un silence s'installa. Les yeux bleus encore ensommeillés d'Arnaud semblaient soudain agités comme une mer houleuse.

– C'est bien ce que je pensais, lâcha-t-il d'un ton teinté d'accusation.

– Qu'est-ce que tu pensais ?

– Si tu ne ressentais plus rien pour lui, tu te ficherais pas mal de porter cette salopette.

– Ça n'a rien à voir ! protesta-t-elle. Je n'aime pas être ridicule, c'est tout. Je suis sûre que si tu revoyais une de tes ex, tu n'aimerais pas qu'elle te voie en kilt.

Il haussa les épaules en levant les yeux au plafond.

– Franchement ça me serait complètement égal de porter un kilt ou un déguisement de tortue ninja. Son jugement n'aurait aucune importance.

– C'est parce que tes ex ne sont pas comme Julien. Il m'a toujours un peu méprisée. Je ne veux plus ressentir ça, c'est tout.

– Si ce mec te méprise parce que tu portes une salopette, alors c'est un gros connard et je ne vois pas pourquoi tu veux passer du temps avec lui.

Il ne peut pas comprendre, pensa Délia. Elle sentait que cette conversation pourrait tourner en rond pendant des heures et ne prendrait fin que si elle enfilait cette maudite salopette.

Elle souleva la chose en faisant mine d'examiner son potentiel.

– J'ai été gentil quand même, souligna-t-il. Je t'ai laissé le choix de l'assortir avec ce que tu veux.

Si cette salopette était une preuve d'amour aux yeux Arnaud, elle pouvait bien faire un effort.

– OK, je la mets, dit-elle en détachant sa serviette de bain, tandis que son regard exprimait une envie dévorante de jeter cette salopette au feu.

Arnaud l'attrapa par le poignet pour qu'elle rejoigne le lit. Elle se laissa faire, accueillant les doigts qui lui caressaient la poitrine avant de se défiler :

– Pas maintenant.

Arnaud grogna en posant le menton entre ses seins.

– Pourquoi pas maintenant ? Le matin, c'est le meilleur moment.

Sa tête disparut sous la couette. Il semblait déterminé à la convaincre. Elle sentit son menton glisser sur son nombril. Au moment où ses lèvres arrivaient à destination, elle recula vers le sommier.

– Pourquoi tu ne comprends pas le concept de « pas maintenant » ?!

Il n'était pas si insistant d'habitude. Et ce genre de préliminaire était assez exceptionnel.

Arnaud rejeta la couette par terre. Il avait l'ait vexé.

– Je viens de prendre ma douche, tenta-t-elle de se justifier. Je n'ai pas envie d'en prendre une deuxième.

Elle tendit la main pour l'attraper par la nuque et l'embrassa en guise de compensation. Lorsqu'elle s'écarta, le petit accroc dans les yeux d'Arnaud n'avait pas disparu.

– On se rattrapera ce soir, lui promit-elle.

– Si j'en ai envie, rétorqua-t-il en s'extirpant du lit.

Hier n'est jamais loinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant