Chapitre 3 - Naïl

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Je n'ai presque pas dormi de la nuit, voire même pas du tout. J'ai passé des heures à cogiter en repensant à la situation. J'ai essayé de penser à quelque chose d'autre, j'ai même fait un peu de rangement, quelques exercices et regardé la télévision mais rien n'a fonctionné. Je ne me sentais pas très bien et mes pensées ont finalement réussi à prendre le dessus, m'obligeant à rester éveillé toute la nuit. C'était long mais ça m'a permis de mettre les choses au clair dans mon esprit. J'ai d'abord pensé à Laïa puis à Afrah, cette superbe femme qui vit auprès de moi. Nous avons un lien qui nous unit fortement, elle et moi. Un lien anciennement passionnel et fusionnel. Elle n'est pas mon premier amour ni celle que j'ai le plus aimé mais elle fait partie du peu de femmes qui ont réussi à me faire tomber amoureux. Je ne peux pas nier l'intensité que nous avons vécu au début de notre relation. Elle n'était pas aussi forte que celle que j'avais Laïa mais... Je ne peux pas ! Je ne peux pas comparer la relation que j'ai avec elle et celle que j'ai eu avec Laïa parce qu'elles sont entièrement différentes. J'ai passé beaucoup plus de moments de tendresse avec Afrah puisque je n'ai pas eu le temps d'en avoir avec Laïa. Nous n'avons pas pu réellement commencer notre histoire et c'est frustrant parce que je suis sûr que cette fille aurait pu me correspondre mais ça s'est terminé avant même d'avoir commencé. C'est dommage mais c'est comme ça et je ne peux rien y faire. Lorsque j'ai rencontré ma petite-amie, je n'étais pas au top de ma forme. Ce n'était pas le bon moment mais elle est très rapidement devenue une personne importante à mes yeux. En peu de temps, elle a réussi à me changer les idées et à piquer ma curiosité. On s'est vu deux ou trois fois avant d'officialiser notre relation. C'était peut-être rapide mais j'avais besoin d'elle. Quand j'étais avec elle, j'oubliais tout, même Laïa et c'est ce dont j'avais besoin pour ne plus souffrir. Je ne sors pas avec elle depuis une année pour tout arrêter du jour au lendemain. Je ne suis pas totalement convaincu par ma décision mais je pense que c'est ce qu'il y a de mieux à faire pour le moment. Il faut que je continue ma vie avec elle comme c'était prévu...
Je n'aurais pas dû lui parler comme je l'ai fait hier. Elle voulait juste savoir ce que j'avais et je l'ai traitée comme une moins-que-rien. Je sens que ça va être difficile de me faire pardonner mais il faut que je tente.

— Bonjour, salué-je en entrant dans la cuisine.

Aucune réponse. Bon. Je vais tenter une autre approche. Je m'avance lentement d'elle et entoure mes bras autour de ses épaules pour l'étreindre. J'essaie d'embrasser sa joue mais elle me donne un coup d'épaule, ce qui me fait reculer. Ma seconde tentative échouée, je pars m'asseoir sur le tabouret en face d'elle. Elle continue de boire son lait en me regardant méchamment.

— Tu comptes me regarder comme ça toute la journée ?
— S'il le faut, oui.
— Afrah...
— Quoi ? répond-elle agressivement.
— Je m'excuse pour hier soir.
— Tu crois que de simples excuses vont suffire à te faire pardonner ?
— Oui... ?
— Vraiment ?
— Tu ne peux pas m'en vouloir éternellement pour ça.
— Pour ça ? dit-elle en se levant. Tu penses que ce n'est que pour ça ?
— Pourquoi alors ?
— T'es sérieux ? Tu ne sais vraiment pas ?
— Non.

Elle me regarde très remontée avant de sortir de la cuisine comme une furie. Je la suis jusqu'à sa chambre. Elle se retourne ensuite face à moi pour me dire :

— Laisse-moi, Naïl. Je n'ai pas envie de te voir.
— Mais...

Elle ne me laisse pas parler et me ferme la porte au nez. Je me mords la lèvre pour ne pas m'énerver. Je me dis que c'est bien mérité.

— Et bien moi non plus je n'ai pas envie de te voir !

Je fais demi-tour et me dirige vers l'entrée pour enfiler ma veste et mes chaussures. Je n'hésite pas à claquer la porte de l'appartement pour lui faire comprendre que je suis sorti. J'ai besoin de parler avec Ayden alors je l'appelle pour lui donner rendez-vous. C'est le seul qui saura me conseiller.

— Naïl.
— Ayden ! Merci d'être venu.
— C'est normal, répond-il en s'installant à ma table. Alors raconte-moi. Qu'est-ce qu'il y a ?
— Je viens de me disputer avec Afrah.
— Ta copine ?
— Ouais.
— Pourquoi ?
— Je me suis excusé de lui avoir mal parlé hier mais elle m'a remballé en me disant que mes excuses n'allaient pas suffire.
— Qu'est-ce que tu as fait d'autre pour qu'elle soit remontée comme ça ?
— Je lui ai dit « tu ne vas pas m'en vouloir pour ça » et elle est partie encore plus en colère. Je ne comprends pas.
— Tu lui as dit « pour ça ».
— Oui et bah ?
— Bah c'est qu'elle n'est pas énervée contre toi que pour cette raison. Tu as dû faire quelque chose en plus qu'elle n'a pas apprécié.
— Mais je ne vois pas quoi.
— Réfléchis. Qu'est-ce que tu lui as fait, hier, à part lui avoir mal parlé.
— Nous étions au restaurant quand tu m'as appelé.
— Et qu'est-ce que tu as fait après m'avoir eu au téléphone ?
— Je suis venu à l'hôpital.
— Tout seul ?
— Oui.
— Et elle ?
— Je ne sais pas, elle a dû rentrer.
— Comment ?
— En bus, à pied ou en taxi.
— Donc tu l'as laissée tomber ?
— Oh putain le con... Je l'ai abandonnée au restaurant et je suis parti ! Tout s'explique... c'est pour ça qu'elle était autant remontée ce matin... mais quel con !
— Voilà c'est sûrement pour ça.
— Comment je peux me faire pardonner ?
— À toi de trouver.
— Je sais ! Il faut que j'y aille mais on se voit plus tard. Merci mon frère !
— Avec plaisir.

Je sais exactement ce que je vais faire avant de rentrer à la maison. Pour ça, il faut que je me rende dans la ville voisine.

•••

— AFRAH ! AFRAH, OÙ ES-TU ?

Je vais toquer à la porte de sa chambre et j'entre sans attendre de réponse. Elle se retourne vers moi quelques secondes avant de me tourner le dos à nouveau. Je m'avance vers elle les mains derrière le dos et m'arrête en face d'elle. J'espère que mon intention va lui plaire parce que je ne suis pas allé dans ses boutiques favorites pour rien.

— Je m'excuse encore pour tout à l'heure, pour t'avoir mal parlé et pour t'avoir laissé tomber au restaurant. C'était nul de ma part et très irrespectueux. Je m'en excuse.

Je lui tends le bouquet de fleurs et la boîte de chocolats que je viens d'acheter. Elle me regarde avec une petite moue toute mignonne.

— Je sais que ce n'est pas avec des fleurs et du chocolat que je vais réussir à me faire pardonner mais bon, ce sont les gages de paix et d'amour.

Elle me sourit et récupère le bouquet de fleurs qu'elle amène près de son visage pour le sentir.

— Merci, Naïl. Ton intention me fait plaisir.

Je lui souris en retour et je la prends dans mes bras. Cette fois, ma tentative n'échoue pas et j'obtiens son pardon.

[2] Souviens-toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant