Chapitre 16 - Naïl

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— Chérie !
— Oui ?
— Ayden nous invite à manger chez lui cet après-midi.
— Pourquoi l'après-midi ?
— Il reçoit du monde pour je ne sais plus quelle raison et on est de la partie.
— À quelle heure ?
— À partir de deux heures.
— Désolé chéri mais j'ai déjà prévu quelque chose. Je dois aller voir ma mère aujourd'hui mais tu peux y aller sans moi.
— Tu ne préfères pas que je vienne avec toi ?
— Si bien entendu mais je ne vais pas t'empêcher d'aller voir ton meilleur ami.

En vérité ça me soulage qu'elle me dise ça. J'aime bien ma belle-mère mais si je peux me passer de lui rendre visite je suis preneur. Je ne dis pas ça pour être méchant c'est juste qu'elle s'immisce un peu trop dans notre vie.

— Tu pars dans combien de temps ?
— Je ne vais pas tarder.
— Je dois appeler Layana. Je te laisse. Passe une bonne journée.
— Merci chéri. Amuse-toi bien, toi aussi.

Je change de pièce et téléphone à ma petite sœur.

— Allô frangin ?
— J'imagine que tu vas chez Ayden cet après-midi ?
— Yes. Toi aussi ?
— Ouais.
— COOL !
— Tu veux que je passe te chercher ?
— Oui s'il te plaît !
— Je serai là dans une heure, le temps de me préparer.
— Attention tu vas te transformer en femme !
— Ahah. Ferme-la. Bon aller à toute.

Je charge mon téléphone et je file sous la douche. Une fois que je suis prêt, je rejoins ma voiture et pars chercher Layana chez nos parents.

— Bonjour ! dit-elle en montant dans la voiture.
— Comment vas-tu ?
— Très bien et toi ?
— Aussi.
— Afrah n'est pas là ?
— Non. Elle est partie voir sa mère.
— Tant mieux comme ça on ne l'aura pas dans les pattes !
— Layana, la réprimandé-je, tu es mauvaise avec elle.
— Bah quoi ? Je ne l'aime pas et puis c'est vrai, elle est toujours dans nos pattes.
— Pourquoi dis-tu ça ?
— Parce que c'est une plante verte : elle ne sert à rien ! Je ne comprends pas ce que tu fais avec elle, Naïl. Elle est trop différente.
— Trop différente ?
— Oui. Tu n'as jamais remarqué qu'elle n'arrive pas à s'intégrer ? En remarque c'est normal puisqu'elle n'essaie même pas. Elle ne rigole pas à nos blagues, elle ne participe pas à nos discussions ni à nos débats et encore moins aux jeux de famille et j'en passe.
— On.. enfin vous ne lui facilitez pas la tâche non plus.
Vous ? Excuse-moi mais nous, et surtout maman, faisons beaucoup d'efforts.
— Elle n'en a pas l'impression.
— Qu'elle ne vienne pas s'étonner ou se plaindre parce qu'elle abuse. Dois-je te rappeler qu'elle t'a reproché d'avoir défendu maman ?
— Non.
— Je ne sais pas à quoi tu t'accroches, Naïl. Je suis quasiment sûre que tu n'es pas amoureux d'elle et je ne sais même pas si vous êtes heureux.
— On est arrivé.
— Cool ! dit-elle en descendant.

J'éteins le contact et je la rejoins.

— On attendait plus que vous ! Entrez, nous dit Mahalia en nous ouvrant.

Layana l'embrasse et s'empresse d'aller retrouver sa meilleure amie. Apparemment, depuis leurs retrouvailles, elles ne se quittent plus. Ma sœur a retrouvé le sourire et c'est tout ce qui m'importe.

— Ça me fait plaisir de te voir, Naïl.
— Moi aussi, Mahalia. Où est Ayden ?
— Il doit être...
— Ouais mon pote ! dit-il en me faisant une accolade.
— Et bah le voilà ! Je vous laisse.
— Afrah n'est pas avec toi ?
— Non. Elle est chez sa mère.
— Elle sait que tu es là ?
— Oui.
— Elle n'a rien dit ?
— Non. Je ne lui ai pas dit que c'était pour Laïa.
— C'est ce que je me disais. Elle n'est toujours pas au courant ?
— Non et je n'en vois pas l'intérêt.
— Naïl ? s'étonne Laïa. Qu'est-ce que tu fais ici ?
— J'ai été invité.
— Tu connais ma famille ?
— Si je suis là, à ton avis ?
— C'est bête comme question pardon. Je ne savais pas.
— C'est mon meilleur ami, dit Ayden.
— Pourquoi ne me l'as-tu jamais dit ?
— Je suis aussi le frère de Layana.
— J'en apprends des choses... c'est pour ça qu'elle disait que c'était compliqué lorsqu'on abordait le sujet. Enfin bref, tu aurais dû me le dire, je t'aurais proposé de rentrer la dernière fois.
— J'étais pressé.
— Attend... maintenant que j'y pense, tu n'étais pas venu me voir à l'hôpital ?
— Quand ça ?
— À mon réveil. Si...

Je jette un regard vers Ayden pour qu'il me vienne en aide mais la sonnette de la porte retentit. Je suis sauvé par le gong.

— Excusez-moi je vais ouvrir. À plus.
— Et bah dis donc... soufflé-je, soulagé.
— Tu comptes lui dire ?
— Je ne sais pas...

Je m'arrête de parler en voyant revenir Laïa au bras d'un jeune homme. Ils ont l'air de bien s'entendre.

— Qui c'est ?
— Timothée, un mec de sa classe.
— Ils ont l'air proche.
— Ils passent beaucoup de temps ensemble ces derniers temps.
— C'est peut-être lui que j'ai vu à la sortie de son lycée.
— Tu es allé à la sortie de son lycée ?
— Oui. Je voulais la voir et par la même occasion lui proposer de la ramener.
— Pourquoi ne l'as-tu pas fait ?
— Elle était avec ce gars. Je ne sais pas ce qu'il se passait mais il se sont embrassés.
— Quoi ?
— Je les ai vu2 s'embrasser alors je suis parti.
— Ils ne sont pas ensemble.
— Je ne sais pas.
— Ce n'était pas une question mais une affirmation. Je le sais, ils ne sont pas ensemble. Elle me l'aurait dit.
— Si tu le dis alors je te crois.
— Tu l'aimes encore ?
— C'est compliqué. Je ne sais pas.

On passe à table et j'observe, pendant toute la durée du repas, l'attitude de Timothée. Je l'écoute parler et raconter sa vie. J'écoute sans rien dire sauf lorsqu'on me pose une question. Je préfère rester observateur. En plus je n'ai rien à conter ce soir.

— Naïl ?
— Oui, Layana ?
— Tu pourras me ramener ?
— Si tu veux je peux te ramener, propose Timothée.
— Je peux très bien ramener ma sœur.
— C'est ta sœur ? répond-il surpris.
— Non ma nièce !
— Mais...
— Bien sûr que c'est ma sœur. Je viens de le dire. Idiot, rajouté-je dans un murmure.

On sort de table et je les aide à débarrasser.

— Merci, Naïl. Tu peux rejoindre les autres, je finirai plus tard.

Je lui réponds par un signe de tête et je vais au salon où tout le monde est assis en train de bavarder. Je n'ai pas envie de me joindre à eux alors je sors sur le balcon prendre l'air. J'ai besoin de réfléchir. Je ne sais plus où j'en suis, je suis entièrement perdu. Laïa me rejoins et me demande :

— Tout va bien ?
— Oui pourquoi ?
— Je ne sais pas tu n'as pas parlé de tout le dîner et tu restes dans ton coin alors je me demandais si tout allait bien.
— Tu t'inquiètes pour moi ? plaisanté-je.
— Non ce n'est pas ça...
— Tu n'es pas obligée de te justifier.
— Je sais que mon frère ne t'a pas invité par hasard.
— Comment ça ?
— Peu importe que tu sois son frère de cœur, s'il t'a invité c'est que nous sommes liés. Par quoi ? Je ne sais pas, je pensais que tu pouvais me le dire.

Je reste silencieux. Non pas parce que je n'ai pas envie de répondre mais plutôt parce que je ne sais pas quoi lui dire.

— Peut-être que tu étais comme un frère, pour moi aussi, avant mon accident.
— Peut-être...

Le silence s'installe entre nous. Ce n'est pas gênant, au contraire.

— Naïl est-ce qu'on peut rentrer s'il te plaît ? nous interrompt ma sœur. Je travaille tôt demain.
— On y va.

On leur souhaite une bonne soirée et on s'éclipse.

[2] Souviens-toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant