Chapitre 34 - Laïa

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— Je vais aux toilettes, je reviens.

Je ne le calcule pas et je continue de regarder la télévision quand je me souviens que je dois me venger de la dernière fois. Je profite qu'il fasse nuit noire dehors et que toutes les lumières soient éteintes pour mettre mon plan à exécution. J'ouvre une fenêtre et par chance, il y a du vent ce soir. Une fois que tout est prêt, je vais me cacher. J'ai trouvé une superbe cachette. J'attends quelques minutes avant de l'entendre arriver.

— Il n'y a plus d'électricité... Laïa ?

Il s'arrête devant le canapé et inspecte les alentours.

— Laïa où es-tu ?

Il regarde la fenêtre et commence à inspecter toute la maison.

— Putain je vais me faire tuer ! dit-il en revenant dans le salon.

Je me réjouie de le voir s'inquiéter. Il fait une de ces tête, c'est hilarant ! Je sors discrètement de ma cachette et je m'approche de lui sans faire de bruit. J'arrive par derrière le canapé. Je m'avance et lui crie en le touchant :

— BOUH !

Il hurle et je me mets à rire.

— Je t'ai fait peur, hein ?

Pas de réponse.

— Timothée ?

Toujours pas de réponse. Je fais le tour du canapé et le secoue légèrement en l'appelant.

— Timothée, tu m'entends ? Timothée ?

Je commence à stresser. On rentre demain et je le retrouve inconscient, je suis dans la merde ! Je me positionne au-dessus de lui et je me penche. Il ouvre soudainement les yeux en hurlant:

— BOUH !

C'est à mon tour de crier de peur. Je me jette en arrière mais il me rattrape par la taille, m'évitant de m'écraser contre le carrelage. Il se tape une barre par la même occasion.

— T'es con ou quoi ? Tu m'as fait trop peur !
— C'était le but.

Je lui donne une petite tape et on rigole. Il reprend soudain son sérieux et me jette un regard troublant.

— Pourquoi me regardes-tu comme ça ?
— Je ne sais pas, j'en ai envie.

Je détourne le regard. C'est déstabilisant quand quelqu'un vous fixe de cette manière.

— On va se coucher ? On doit se lever tôt.
— Oui.

•••

— Merci pour ces trois jours à la montagne.
— Ça m'a fait plaisir.
— Rentre bien, dis-je en refermant la portière.

Il me salut et s'en va. Je récupère ma valise et je monte chez moi. Je me fais accueillir par mon frère qui me prend dans ses bras.

— Tu m'as manqué aussi, Ayden, rié-je.
— J'espère bien sinon t'y retourne et tu reviens que lorsque je commencerai à te manquer
— Ne dis pas n'importe quoi.
— Alors comment s'est passé ton séjour ?
— Très bien malgré le fait que j'ai failli avoir une crise cardiaque.
— Quoi ? s'exclame-t-il. T'as eu un problème ?
— Non ! J'ai voulu lui faire peur mais au final c'est moi qui ai eu le plus peur.
— Il est blagueur à ce que je vois.
— Quand il le veut, oui.
— Tu l'aimes ? me demande-t-il après un moment de silence.
— Je ne sais pas.
— Ne joue pas avec lui si tu ne l'aimes pas, Laïa. Ce garçon a l'air de t'aimer sincèrement.
— Je sais...
— En tout cas je suis content que tu reviennes.
— La belle famille est oppressante ?
— Tu n'as même pas idée... encore Nicolas ça va mais le vieux et sa fille, ce sont des poisons.
— J'imagine. Je ne vois pas ce que maman lui trouve.
— C'est clair surtout de ce que je sais sur papa, il n'était pas du tout comme ça.
— On verra bien où tout ça nous mène.
— Bon ! Je te laisse, je vais faire des petites courses.
— À tout à l'heure.

Il s'en va et je me retrouve seule. Ma mère est au travail et on ne peut pas dire que Jean Renaud ou même Alice soient de très bonne compagnie.

— Laïa ? T'es rentrée ?
— Oui, Jean Renaud.
— Super ! La maison aurait besoin d'un coup d'aspirateur et de serpillière.
— Tu peux le faire toi-même.
— TU DISCUTES LES ORDRES DE QUI LÀ ? hurle-t-il en accourant dans l'entrée.
— Tu n'es pas mon père, tu n'as aucun ordre à me donner.
— Heureusement que je ne suis pas ton père, c'était un bon à rien !
— Tu n'as pas le droit de parler de lui comme ça !
— J'ai tous les droits dans cette maison ! Vos anciennes habitudes vous pouvez les oublier car à partir de maintenant c'est moi qui décide, vous vous plierez à mes règles que ça vous plaise ou non !
— Maman ne sera jamais d'accord, dis-je confiante.
— C'est ce que tu crois. Ta mère m'écoutera.
— Qu'est-ce que c'est que ce boucan ? C'est impossible de travailler avec le bruit que vous faites, se plaint Nicolas en sortant du bureau.
— Désolé, mon fils. Je vais régler le problème. Retourne travailler.
— Merci.

Jean Renaud se retourne vers moi et me dit :

— Tu empêches mon fils de travailler petite sotte ! Ferme ta bouche et va faire ce que je te demande.
— Non.
— Qu'est-ce que tu dis ?
— Je n'irai pas faire ce que tu me demandes.
— Tu es sûre de ce que tu dis ?
— Oui.
— Très bien.

Il m'attrape le bras et me tire à l'extérieur de l'appartement. Il dévale les escaliers tout en me tenant.

— Je vais t'apprendre à me répondre sale petite garce ! À partir de maintenant, tu feras tout ce que je te dis. 
— Même pas en rêve.
— C'est ce qu'on va voir.

Il m'entraîne jusqu'à la cave et m'enferme dedans. Je donne des coups contre la porte en lui criant de m'ouvrir.

— On va voir ce que ta mère va dire quand elle verra que tu n'es pas rentrée.
— OUVRE-MOI !
— Personne ne viendra t'aider, tu peux crier autant que tu veux.

Je l'entends ricaner en partant. Je continue d'hurler tout en cognant contre la porte.

— AIDEZ-MOI !

Je m'arrête épuisée et je me laisse glisser contre la porte. Il a raison, personne ne pourra m'aider car en le connaissant, il a dû mettre un papier sur la porte extérieur.

[2] Souviens-toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant