Chapitre 6 - Naïl

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— Bonjour, chéri...
— Bonjour, princesse. Bien dormi ?
— Bof... j'ai eu chaud toute la nuit.

Je pose délicatement ma main sur son front pour prendre sa température.

— Tu dois avoir de la fièvre.
— Génial...
— Tu veux que j'amène ton petit déjeuner ?
— Si ça ne te dérange pas... je n'ai pas la force ni la foi de sortir du lit.

Je me lève et sors de la chambre pour aller dans la cuisine préparer un bon petit plateau garni de nourriture. Je lui fais un véritable festin pour qu'elle puisse reprendre des forces. Ne suis-je pas trop mignon ?

— Merci, chéri. T'es un amour.
— Bon appétit.

Elle s'apprêtait à croquer dans sa tartine lorsqu'elle se retourne vers moi.

— Tu n'as pas cours ?
— Si, pourquoi ?
— Il est moins le quart... tu vas être en retard !
— Merde !

Je bondis du lit et me prépare à toute vitesse. Je l'embrasse vite fait avant de partir en lui laissant un gamelle pour ce midi. Elle n'aura qu'à le faire réchauffer.

— Naïl !
— Ayden ? m'étonné-je. Qu'est-ce que tu fais ici ?
— Il faudrait qu'on parle.
— Je n'ai pas le temps pour le moment je suis déjà en retard pour mon premier cours.
— C'est assez important. J'ai besoin de te voir dans la journée.
— Ok... Tu es libre après les cours ?
— Normalement oui.
— Tu n'as qu'à passer à la maison ! Afrah sera contente de te voir. Elle t'aime bien, tu sais.
— C'est au sujet de ma sœur.
— Et bien tu n'as qu'à m'attendre ici en fin d'après-midi. On ira chez mes parents.
— Ok. À toute à l'heure.

Je reste immobile quelques secondes avant de reprendre mon chemin.
Je me demande bien ce qu'il a à me dire en rapport avec sa sœur. La seule chose que j'espère, c'est que ça ne viendra pas perturber mon couple.

•••

— Bonjour maman !
— Bonjour les garçons. Comment allez-vous ?
— Bien et toi ?
— Très bien. Vous voulez boire quelque chose ?
— On va se servir nous-mêmes, ne te dérange pas, maman. Tu peux retourner lire ton livre.
— Si vous avez besoin de quoique ce soit, appelez-moi. 
— Ne t'inquiète pas.

Elle retourne dans le canapé pendant qu'on part s'enfermer dans la cuisine.

— Je te serre une bière ?
— S'il te plaît.

Je prends deux bouteilles de bière et je m'installe en face de lui, peu serein.

— Merci.
— Qu'est-ce que tu voulais me dire ?
— Depuis le réveil de Laïa c'est assez compliqué... elle suit des cours de rééducation.
— C'est une bonne nouvelle, non ?
— Oui mais elle est très affaiblie. Elle est suivie par un nutritionniste et une psychologue.
— Un nutritionniste, pourquoi ?
— Elle a énormément maigri, Naïl. Tu n'as pas vu dans quel état est son corps.
— Excuse-moi Ayden mais je n'ai pas trop envie de savoir...
— Naïl...

Comme si ce n'était pas suffisant, mon téléphone se met à sonner. Je sais déjà, sans même regarder, qui m'appelle.

— Excuse-moi Ayden mais il faut que je réponde. Allô ? dis-je en décrochant mon téléphone.
— Naïl où es-tu ? Ça fait un moment que tu aurais dû être à la maison.
— Je suis chez mes parents. Je m'excuse de ne pas t'avoir prévenu plus tôt.
— Tu veux que je te rejoigne ?
— Non c'est bon. Reste à la maison et repose-toi.
— Tu es sûr ?
— Oui. Je te ramènerai à manger. Ne t'occupe de rien.
— Ne tarde pas chéri.
— À ce soir, dis-je en raccrochant. Qu'est-ce que tu disais ?
— Laïa pose beaucoup de questions sur sa vie avant l'accident.
— Et ?
— On ne sait pas si on doit tout lui dire ou si on doit lui cacher certaines choses pour la protéger...
— Comme ?
— Son harcèlement, sa tentative de suicide et... toi.
— Moi ?
— Tu as été son premier amour, Naïl. Tu étais quelqu'un d'important dans sa vie. Je ne me vois pas lui cacher ton existence.
— Je ne pense pas que ça soit une bonne idée de lui parler de moi...
— Tu n'en as pas envie ?
— Non. Du moins pas pour le moment. Je suis désolé si...
— De quoi parlez-vous ? nous interrompt ma mère en entrant dans la pièce.
— Rien de bien important, maman.
— Prends-moi pour une dinde, Naïl. Vous parliez de Laïa n'est-ce pas ? Comment va -t- elle ?
— Pas trop mal, répond Ayden. Elle est juste très fatiguée.
— C'est normal, il faut qu'elle se repose.
— Elle n'a pas tellement le temps de se reposer en ce moment, elle a beaucoup de chose à faire.
— Il faudrait qu'on aille lui rendre visite, Naïl.
— Non.
— Et pourquoi pas ?
— Il commence à se faire tard, dit-il en regardant sa montre, et maman doit m'attendre à la maison. Il faut que je rentre.
— Embrasse ta mère et ta sœur de ma part, et dis lui que ma porte est toujours ouverte si elle a besoin de quoique ce soit.
— Je lui dirai. Bonne soirée.
— Je vais y aller aussi. Afrah est malade et doit attendre que je lui apporte son repas.
— Ma porte est toujours ouverte pour toi aussi, mon fils.
— Merci maman mais je vais bien.
— Si tu le dis...
— T'embrasseras Layana. 
— Vous êtes toujours en froid ?
— On ne s'est pas reparlé depuis. Ah et dis-lui que je l'aime.
— Rentre bien mon fils.

Je passe au restaurant chinois avant de rentrer. Je n'ai pas la force de cuisiner ce soir. Je m'efforce du mieux que je peux pour ne pas penser à Laïa. Mais comme d'habitude, à chaque fois que je commence à penser à autre chose, un événement ou un élément me la rappelle.

[2] Souviens-toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant