Chapitre 19 - Laïa

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J'arrive au lycée et pars rejoindre Timothée et ses amis qui sont en train de fumer.

—Salut tout le monde.
— Salut miss, répondent-ils.
— Tu veux une clope ?
— Non merci, Aurore, tu sais très bien que je ne fume pas.
— Tu peux toujours pour ce soir ? me demande Timothée.
— Oui.
— Cool.
— Mais pas trop tard, je dois rentrer pour le dîner.

Je discute un peu avec eux puis je rentre dans l'établissement. Ce matin, j'ai une réunion pour l'organisation de l'événement scolaire.

— Bonjour et bienvenue à notre première réunion ! Je laisse la parole à Laïa qui s'est portée garante pour l'organisation.
— Comme vous le savez, une kermesse sera organisée en milieu d'année pour une association. Nous avons déjà la date et les activités, ils nous reste plus que les affiches et j'aurais besoin d'aide pour les préparer.
— Jérôme et moi pouvons les préparer, se dévoue Mégane.
— Et je peux les faire imprimer, dit Martin. Je connais quelqu'un qui nous fera un bon prix.
— Mais qui s'occupera des stands ?
— Les parents d'élèves.

On peut dire qu'organiser un grand événement, je dis un « grand événement » parce que cette kermesse n'accueillera pas que des élèves, n'est pas aussi facile qu'on le pense. Il faut savoir quand l'organiser, l'emplacement où il aura lieu... c'est du boulot !

— La réunion est terminée ! Bonne journée à tous et à jeudi.

Le reste de la journée passe extrêmement vite. C'est déjà la fin d'après-midi ! Il faut dire que nous avons eu des cours plus qu'intéressant aujourd'hui alors je n'ai pas vu le temps passer.

— Je ne fais que passer, je préviens.
— Tu sors ?
— Oui je vais chez Tim.
— Tu ne devais pas voir Naïl ? questionne Ayden.
— Non c'est annulé.
— Il est au courant ?
— Non mais tu l'informeras, je n'ai pas le temps de le faire moi-même. Je serai de retour pour le dîner. À tout à l'heure.

Je prends mon sac et je sors à toute vitesse. Je vérifie l'adresse de la maison de Tim et je m'y rends.

— Salut, Laïa ! dit-il en me souriant de toutes ses dents.
— Salut, Tim !
— Entre, je vais te présenter à mes parents.

Je le suis jusqu'au salon.

— Maman.
— Oui, chéri ?
— Je te présente Laïa.

Elle se lève et vient me saluer avec un grand sourire.

— Enchantée.
— Moi de même, Laïa. Vous voulez boire quelque chose ?
— Un jus d'orange s'il te plaît, maman.
— Et toi ?
— Pareil s'il vous plaît.
— Je vais vous chercher ça. En attendant, allez vous asseoir. Chérie, on a une invitée ! dit-elle en se dirigeant vers la cuisine.

On va s'asseoir sur le sofa en attendant ses parents.

— Il y a une chose que je ne t'ai pas dite...
— Je vous ai ramené du gâteau. Je l'ai fait cet après-midi !

Elle pose le plateau goûté sur la table basse et s'installe face à nous. Je me frotte les yeux. Il me semble avoir vu une autre femme tout à l'heure.

— J'apporte des glaçons pour ceux qui en veulent.
— Laïa, je te présente mes deux mères.
— Enchantée, mademoiselle.

Je regarde Timothée un peu surprise, je n'ai pas l'habitude de voir un couple de femmes, il faut dire qu'il est la première personne que je fréquente ayant deux mères. Malgré tout, je trouve ça magnifique. L'amour n'a pas de sexe. Je réponds tout de même et une fois les présentations terminées, on commence à discuter.

— Vous êtes dans la même classe ?
— Oui.
— Tu as dix-huit ans ?
— Non.
— Tu vas les avoir ?
— Non plus...
— Alors quel âge as-tu ?
— Vingt ans.
— Tu as redoublé ?
— J'ai eu des problèmes de santé.
— Bon on va aller travailler nous, dit-il en se levant. Suis-moi je te fais visiter.

Je me lève et remercie ses parents pour le quatre heures. Je le remercie aussi intérieurement. Je n'aurasi pas pu répondre à toutes leurs questions et je n'en avais pas envie.

— Je suis désolé si elles t'ont embêtée.
— Non ne t'inquiète pas c'est normal de se poser la question vu mon âge.
— J'espère que tu n'es pas choquée.
— Parce que tu as deux mères ? Pas du tout.
— Ça peut surprendre.
— Je me fiche que tu vives avec deux femmes et si tu n'as pas de père...
— J'ai un père mais je le vois que très rarement, il s'est séparé de ma mère bien avant ma naissance.
— Je suis vraiment désolée, j'ai été très maladroite...
— Ce n'est rien je sais que ce n'était pas méchant. Continue ce que tu disais.
— Peu importe que tu aies deux mères ou deux pères, le plus important c'est que tu sois heureux avec ta famille.
— Merci c'est gentil.

Je lui souris. Je n'ai rien à ajouter. On termine la visite par sa chambre, assez logique sachant qu'on va y rester. On s'installe à son bureau et on commence notre devoir.

— Je peux te poser une question assez personnelle ?
— Oui vas-y.
— Qu'est-ce qu'il t'est arrivé pour que tu sois encore en terminale ?
— J'ai eu un accident. Je ne sais pas comment c'est arrivé puisque je ne m'en souviens pas mais je me suis retrouvée dans le coma. Ça ne fait pas longtemps que j'en suis sortie et j'ai gardé des petites séquelles.
— Comment ça ?
— Je ne me souviens plus de mon passé. J'ai perdu une partie de ma mémoire. Tu vois, toutes les rumeurs sur moi étaient fausses.
— Je suis con d'y avoir cru.
— Ça c'est clair mais tu connais la vérité maintenant.
— Pourquoi tu as mis autant de temps à me le dire ?
— Je ne sais pas. J'avais besoin de temps et je ne te connaissais pas.
— Maintenant tu me connais.
— Oui...
— Tu es belle, tu sais ? dit-il pour changer de conversation.
— Tu te trompes... je suis très maigre, mon visage est encore creux... je suis horrible à regarder.
— Avec ce qu'il t'est arrivé c'est normal mais je te trouve tout de même très mignonne.

Je rougis.

— Merci...
— Tu te rappelles de ce qu'il s'est passé en début d'année ?
— Non.
— Je t'ai embrassée.
— Ce jour-là je n'avais qu'une envie et c'était de t'en coller une.
— J'aimerais bien recommencer, lance -t- il.
— Tu ne serais pas en train de me draguer par hasard ?
— Peut-être un petit peu.

Je regarde l'heure. Il est temps pour moi de rentrer chez moi.

— Je dois rentrer...
— Tu veux que je te raccompagne ?
— Ne te dérange pas.
— Ça ne me dérange pas du tout !
— Alors ok.

Je dis au revoir à ses parents et on s'en va. Il me dépose en bas de chez moi. Je le remercie en lui souhaitant une bonne nuit et monte à mon appartement.

— Je suis là et en avance ! m'exclamé-je, joyeuse.
— Salut, Laïa.
— Naïl ! m'écrié-je, prise de court. Qu'est-ce que tu fais là ?
— Et toi, où tu étais ?
— Chez... ça ne te regarde pas.
— Tu aurais pu me prévenir, question de respect.
— Si t'es venu me faire la leçon, tu peux partir.
— Non.
— Il y a un problème ? demande Ayden qui se dirige vers nous.
— C'est toi qui l'as invité ?
— Oui.
— Pourquoi ?
— C'est mon ami. Il passe quand il veut. De plus, je n'allais pas le laisser à la porte alors qu'il pensait avoir rendez-vous avec toi.
— Je t'avais demandé de le prévenir.
— Ce sont vos histoires, pas les miennes alors ne me mettez pas dedans.
— Nous passons à table, annonce ma mère.

On se met à table dans le plus grand des silences. Ma mère est la seule à être de bonne humeur et à converser avec tout le monde alors qu'entre mon frère, Naïl et moi, l'atmosphère est plus que tendue.

— Merci pour ce dîner, Mahalia. Bonsoir !
— Bonsoir, Naïl. Rentre bien.

La porte refermée, Ayden se tourne vers moi, l'expression exaspérée, et me demande :

— Tu peux me dire quel est ton problème ?
— De quoi tu parles ?
— De ton comportement.
— Qu'est-ce qu'il a mon comportement ?
— Arrête de faire la maline, Laïa ! Pourquoi t'es comme ça ?
— Parce que vous me mentez ! crié-je, énervée.
— Qu'est-ce que tu racontes ?
— J'ai entendu ta conversation téléphonique avec Naïl l'autre jour. Qu'est-ce que vous me cachez ?

Il reste silencieux.

— Réponds-moi, merde !
— Tu arrêteras de douter quand je te l'aurais dit ?
— Oui.
— C'est Naïl qui t'a trouvée, inconsciente, dans les toilettes du lycée et c'est lui qui a appelé les secours.

[2] Souviens-toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant