Chapitre 47 - Naïl

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Je m'en vais au travail de bonne heure. Je n'ai jamais été aussi heureux de travailler qu'aujourd'hui. Afrah est devenue collante, je ne sais pas ce qu'il lui arrive mais j'en ai marre. J'essaie d'être le moins possible à la maison pour ne pas la croiser. Je songe à la quitter depuis un certain temps mais je n'ai pas encore trouver le bon moment pour le faire.

— Hey, Naïl ! m'interpelle ma collègue. Tu viens tôt aujourd'hui.
— Oui je vais voir pour faire des heures supplémentaires.
— Dans quel service ?
— Au bar.
— Ils aiment bien te mettre au bar.
— Ouais et je ne vais pas me plaindre.

Je vais déposer mes affaires et enfiler mon tablier avant de me mettre au comptoir. Ma collègue vient me rejoindre et s'assoit sur le tabouret pour être face à moi. Elle ne va, décidément, pas me laisser tranquille.

— Tu fais quoi après le boulot ?
— Je rentre chez moi, pourquoi ?
— Parce que je sors avec des amis ce soir et je m'étais dit que tu pourrais venir avec nous, enfin si tu en as envie.
— Je suis désolé mais je ne suis pas intéressé par ta proposition.
— J'ai été trop directe, c'est ça ?
— Non c'est juste que j'ai déjà quelqu'un en tête alors...
— Je comprends, c'est dommage.

Les clients commencent à arriver pour prendre leur petit déjeuner. Ce qui est bien avec ce restaurant c'est que tu peux déjeuner le matin de bonne heure, manger le midi et le soir ou venir au bar selon ton envie.

— Je ne savais pas que tu travaillais à cette heure-ci un jour de semaine.
— Ayden ! Quelle surprise ! Je te serre quelque chose à boire, un jus d'orange ?
— Non, merci. Je suis juste passer te voir avant d'aller travailler.
— Comment tu savais que tu me trouverais ici ?
— Afrah me l'a dit. D'ailleurs comment se fait-il que tu ne sois pas en cours ?
— J'ai été viré.
— Pourquoi ?
— Parce que, selon eux, je ne réponds pas à leurs attentes et ils me voient mal réussir dans ce domaine. Tout ça parce que j'ai eu quelques soucis.
— Ce ne sont que des excuses. Ne les écoute pas, ce ne sont que des abrutis dans cette école de toute façon. Tu trouveras mieux.
— Peut-être. Enfin ce n'est pas ça le plus important pour l'instant. Que voulais-tu me dire ? J'imagine que tu n'es pas passé sans raison.
— Tu as tout compris, tu me connais bien on dirait.
— Comme ma poche.
— Ah oui ! dit-il en se remémorant la raison de sa venu. Si je suis venu c'est pour te parler de ma sœur.

Il tire le tabouret et s'assoit dessus.

— C'est la catastrophe chez nous. Jean Renaud lui a tendu un piège et il a super bien marché. Ma mère l'a cru et c'est parti en règlement de compte. Je ne te dis pas tout ce qu'il s'est dit mais tu sentais bien qu'il y avait de la rancune et que les actes du passés n'ont pas encore été digérés.
— C'était vraiment aussi terrible que ça ?

Il hoche la tête et continue :

— C'est parti tellement loin que Laïa a quitté la maison. Elle ne reviendra que lorsque Jean Renaud sera parti.
— Et où est-elle partie ?
— Ça ne va pas te plaire...

On entend la porte du restaurant s'ouvrir et une voix nous saluer. On se retourne vers Timothée, l'ami ou le petit-ami, je ne sais pas qui il est vraiment, de Laïa.

— Je vais vous laisser discuter, déclare Ayden en se levant. On se voit plus tard, frangin. Salut, Tim.
— Salut, Ayden.

Il s'en va et Timothée prend sa place.

— Je te sers quelque chose ?
— Un jus d'orange s'il te plaît.

Je lui presse un jus d'orange frais et je le lui apporte.

— Je ne suis pas venu là par hasard, j'imagine que tu t'en doutes.
— Ouais. Qu'est-ce que tu es venu faire ici ?
— La même chose qu'Ayden : te parler de Laïa.
— Je ne pense pas que ça soit une bonne idée de parler d'elle avec toi.
— Elle est chez moi. Je l'héberge le temps que ses problèmes se règlent.
— Elle t'en a parlé ?
— Non. Je ne sais pas la raison de son départ mais je sais qu'elle ne va pas bien. Il m'arrive de l'entendre pleurer la nuit et de ne pas savoir quoi faire pour la consoler.
— C'est ta petite-amie, non ? Tu devrais savoir.
— Ce n'est pas ma petite-amie. J'aimerais bien mais son cœur est déjà occupé par un autre et on sait tous les deux qu'il n'y a pas assez de place pour deux hommes dans sa vie.
— Écoute, Timothée. Cette conversation est bizarre et elle ne mène à rien. Ce serait peut-être mieux d'en arrêter là.
— Je ne suis pas d'accord. Je ne suis pas venu te voir sur ton lieu de travail pour entendre ça alors tu vas m'écouter attentivement. Nous savons tous les deux qui est Laïa et nous savons tous les deux que c'est une fille exceptionnelle remplie de qualités. Je suis amoureux d'elle, je l'aime sincèrement et plus que tout. Malheureusement je sais que je ne pourrai jamais l'avoir car elle est amoureuse de toi. Je ne suis pas débile, je sais très bien qu'il s'est passé quelque chose entre vous et je sais très bien qu'elle pleure pour toi, parce que tu lui manques et parce que tu lui as brisé le cœur. Tu vois, je serai prêt à tout pour qu'elle m'aime autant qu'elle t'aime mais c'est toi qu'elle a choisi et c'est toi qu'elle choisira même si elle a le choix entre une centaine de bons garçons qui pourraient la rendre heureuse. Je ne sais pas ce que tu attends pour aller la voir, pour l'aider, pour la soutenir, pour être, tout simplement, avec elle.

La conversation devient intéressante et le fait qu'il se soit montré ferme a attiré toute mon attention.

— Je t'offre un deuxième verre. J'espère que tu n'es pas pressé.
— Non pas du tout.

•••

Je rentre à la maison déterminé à parler avec Afrah. Je ne sais pas pourquoi je n'ai pas agis tout de suite alors que je sais pertinemment ce que je veux. Il est grand temps d'en finir avec tout ça.

— Afrah !
— Oui ?
— Il faut qu'on parle.
— Je sais ce que tu veux faire alors fais-le. Dis-moi ce que tu veux me dire depuis des mois, que je te libère.
— Il vaut mieux en rester là. Ni toi, ni moi sommes heureux dans cette relation. C'est terminé.
— Je comprends et je respecte ton choix... J'étais sûre que ça allait arriver de toute façon et on ne pouvait pas y échapper. Seulement j'espère que...
— Je serai là pour notre enfant, je ne l'abandonnerai pas. Je le reconnaîtrai et je jouerai mon rôle de parent même si nous ne sommes plus ensemble.

Je n'oublie pas que l'enfant qu'elle porte dans son ventre est aussi le mien. C'est vrai que je ne voulais pas en avoir avec elle mais ça n'empêchera jamais le fait que je l'aimerai plus que tout au monde et que je serai là pour lui. Un enfant c'est important, c'est beaucoup de contraintes et de responsabilités mais c'est aussi beaucoup de bonheur. Je ne fuirai pas mon rôle, jamais.

[2] Souviens-toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant