Chapitre 22 - Laïa

57 5 0
                                    

— Personne ne sait qui a causé mon accident ? demandé-je en entrant dans le salon.
— Il me semble qu'on en a déjà discuté.
— Je sais mais je me demandais s'il n'y aurait pas un moyen de le découvrir.
— Il n'y a que toi qui peut le savoir, Laïa. Personne d'autre n'était présent.
— Si. Je sais qui est le responsable.

Elle pose le livre qu'elle était en train de lire et me regarde intriguée.

— Qui ?
— Naïl.
— Tu as complètement perdu la tête ! me dit Ayden.
— C'est lui qui m'a trouvée inconsciente dans les toilettes des filles. C'était le seul dans les parages alors qui vous dit que ce n'est pas lui !
— Parce que c'est grâce à lui que tu as été transférée à l'hôpital en urgence !
— Il aurait très bien pu jouer la comédie.
— Bien sûr et il aurait passé tout ce temps avec toi ?
— Il voulait sûrement soulager sa conscience ! C'est facile de m'approcher quand on sait que je suis la sœur jumelle de son meilleur ami.
— Non mais tu t'entends parler, Laïa ? tempête mon frère. Comment peux-tu dire ça d'une personne qui t'a sauvé la vie et qui t'a toujours aimée pour ce que tu es ? Cette histoire d'accident t'est montée à la tête ! Oui ce qui t'est arrivé est malheureux mais arrête de regarder en arrière, arrête de vouloir te souvenir de tous les détails les plus douloureux de ta vie et va de l'avant, bordel ! Arrête de te gâcher la vie et apprécie ce que tu as. Apprécie que certaines personnes, comme Naïl, viennent encore vers toi après les avoir envoyées balader sans même les avoir écoutées alors qu'ils te courent après ! Je ne sais pas si tu te rends compte mais si tu l'avais laissé parler, tu connaîtrais la vérité qu'il comptait t'avouer.

Je me tais et me fais toute petite. C'est la première fois que je le vois autant en colère.

— Naïl ne serait jamais capable de te faire ça, Laïa, achève-t-il avant de s'en aller.

Je regarde ma mère qui me dit :

— Il a raison, ma puce.

Je me lève et retourne dans ma chambre pour prendre mon téléphone. Je l'observe un long moment sans savoir quoi faire. Je compose le numéro de Naïl, prête à l'appeler, mais je me rétracte. Ce serait hypocrite de l'appeler après m'être fait engueuler pour l'avoir accusé.

— Ayden ?
— Qu'est-ce que tu veux ?
— Je peux entrer ?
— Si c'est pour dire des horreurs, ce n'est pas la peine.
— Ce n'est pas pour ça que je viens.
— Alors tu peux entrer.
— Je m'excuse pour ce que j'ai dit, c'était abusé je le sais mais cet accident a été un traumatisme. J'ignore tout de moi.
— Peu importe que tu ne te souviennes plus de ton passé, le principal c'est que tu saches qui tu es et d'où tu viens.
— Oui mais sans rien connaître, on ne peut pas s'empêcher de faire les mêmes erreurs.
— On en a discuté des centaines de fois, Laïa. Ne t'empêche pas de vivre à cause de tes craintes, surmonte-les.
— Tu as raison, encore une fois. Je m'excuse encore pour mes propos.
— Ce n'est pas auprès de moi que tu dois t'excuser.
— Est-ce que tu peux me déposer chez lui ?
— Je pourrai mais ça ne servirait à rien, il n'est pas là de toute la semaine.
— Pourquoi ?
— Il est parti avec sa famille.
— Je vais lui téléphoner.
— Tu peux essayer mais pas sûr qu'il te réponde.
— Plus tard dans ce cas.

Je m'approche de mon frère et partage un moment avec lui.

•••

— Les enfants, il faut que je vous parle !
— Qu'est-ce qu'il y a ?
— Allez vous habiller, nous allons au restaurant.
— En quel honneur ?
— J'ai quelqu'un à vous présenter.
— Qui ?
— Préparez-vous et je répondrai à vos questions dans la voiture.

Je me demande bien qui elle veut nous présenter et pourquoi mais je le découvrirai tout à l'heure. En attendant, je vais me doucher et m'habiller correctement.

— Vous êtes très beau.
— Toi aussi, maman.
— Allez on y va.
— Au fait, qui vas-tu nous présenter ?
— Un monsieur et ses enfants.
— C'est par rapport à ton travail ?
— Nous sommes arrivés ! dit-elle heureuse.

Je ne comprends pas d'où lui vient toute cette joie si ce n'est qu'un dîner professionnel.
On entre dans le restaurant. Ma mère fait un signe de la main aux serveurs et on rejoint notre table où se trouve notre rendez-vous.

— Bonjour ! nous salue un homme un peu plus âgé que notre mère. Tu dois être Ayden et toi Laïa ?
— C'est ça.
— Et bien, enchanté ! Je me prénomme Jean Renaud.
— Le prénom merdique, me chuchote Ayden.
— C'est clair !
— Et voici mes enfants : Nicolas et Alice.

On leur serre la main et on s'installe à table.

— Quel est le but de ce repas ? questionne Alice.
— On voulait vous annoncer que nous allons emménager ensemble dans quelques semaines.
— Vous sortez ensemble ? m'étonné-je presque en m'étouffant.

Je m'attendais à tout sauf à ça. Les enfants de Jean Renaud sont tout aussi surpris que nous vu leur expression.

— Ça fait combien de temps que vous vous fréquentez ? les interroge Ayden.
— Presque un an.
— Et vous nous avez rien dit ? désapprouve Nicolas.
— On attendait le bon moment.
— Vous auriez dû nous en parler plus tôt, râle Alice, on n'aurait pas été pris au dépourvu.
— On n'avait pas vraiment d'occasion.

Silence à la tablée. Ça fait pas mal d'informations en une soirée. Ça ne m'étonnerait pas s'ils venaient à nous annoncer un demi frère ou une demie sœur.

[2] Souviens-toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant