Je sors du lycée et je me dirige vers l'arrêt de bus quand je me fais interpeler par mon ami, Timothée.
— J'ai besoin de te parler.
— Je ne peux pas j'ai mon bus à prendre, Tim.
— Je te ramènerai après si tu le loupes mais j'ai vraiment besoin de te parler.
— Je t'écoute.
— Allons dans un coin plus calme.Je le suis jusqu'à un coin tranquille, de l'autre côté du lycée. Je m'inquiète un peu, qu'a-t- il de si important à me dire ?
— Est-ce que j'ai fait quelque chose de mal ?
— Pourquoi est-ce que tu me demandes ça, Tim ?
— Je ne sais pas. J'ai l'impression que tu t'éloignes de moi depuis que tu es revenue de ton week-end.C'est vrai que je mets beaucoup plus de barrières entre nous. Je suis tellement proche de Naïl que je ne me vois pas avoir une complicité similaire avec Timothée. Pendant ce voyage, il s'est dit beaucoup de choses qui m'ont touchée et qui ont éveillé tout un tas de sentiments étranges au fond de moi. Je me sens ailleurs quand je suis avec lui et j'oublie tous mes soucis actuels. Ce garçon fait ressortir tout ce qu'il y a de bon en moi et grâce à lui, je sais qui je suis. C'est comme si cet homme avait la clé qui permettrait de faire réapparaître tous mes souvenirs oubliés.
— Je...
Mon téléphone se met à sonner ce qui me coupe dans ma réponse.
— C'est ma mère.
Je m'éloigne un peu et je décroche.
— Allô ?
— Où tu es, ma chérie ?
— Je suis encore au lycée, je réglais quelque chose.
— D'accord, ma chérie. J'aimerais que tu rentres à la maison.
— J'arrive.
— À tout de suite.Je raccroche et je range mon téléphone. Je m'avance vers Timothée et je lui dis :
— Il faut que je rentre.
— Je te ramène si tu veux.
— Ce n'est pas la peine, mon bus n'est pas encore parti.Il m'accompagne jusqu'au bus et je monte à l'intérieur après lui avoir dit au revoir. J'arrive à la maison. Je file directement dans ma chambre sans calculer personne.
Nicolas passe la tête à travers l'entrebâillement.— Est-ce que je peux entrer ?
— Ça dépend.
— J'aimerais te parler.
— C'est important ?
— Pour moi, oui.
— C'est bon, entre.Il tire ma chaise de bureau et la ramène à côté de mon lit pour qu'il puisse s'asseoir.
— De quoi veux-tu me parler ?
— De ce qu'il s'est passé la dernière fois, quand je n'ai pas pris ta défense.
— Je crois qu'il n'y a rien à dire sur ce sujet.
— Et moi je crois le contraire. Si tu n'as rien à me dire, tu peux au moins m'écouter.
— C'est ce que je fais.
— Je ne suis pas comme eux et au fond tu le sais. Si je n'ai pas pris ta défense c'est parce que je connais très bien mon père et je sais que si j'avais témoigné contre lui, il m'aurait fait bien pire que ce qu'il t'a fait. Mon père est malade dans sa tête, c'est dur de se l'avouer mais c'est un putain de psychopathe. Il voit le mal partout et n'accepte pas qu'on lui tienne tête ou quand il ne contrôle pas la situation. Lorsque ça ne va pas dans son sens, ses démons se réveillent et il devient violent sous toutes ses formes. La cave n'est rien comparée à ce dont il est réellement capable, tu peux me croire. Tu ne le connais pas comme je le connais et tu n'es au courant de rien sur ses activités.
— Pourquoi vis-tu avec lui dans ce cas ?
— Je n'ai pas le choix, je ne peux pas laisser ma sœur seule avec lui ce serait bien trop dangereux et je serai incapable de vivre seul temps que je n'aurais pas obtenu mon diplôme. Et puis ma sœur n'a pas encore dix-huit ans, elle est encore sous la responsabilité de notre père.
— Pourquoi n'allez-vous pas vivre avec votre mère ?
— Elle est partie vivre à l'autre bout du monde. Personne ne sait où elle est sauf mes grands-parents mais ils refusent de nous le dire. Elle est partie pour reconstruire tout ce que mon père a détruit en elle et malheureusement seul Dieu sait à quelle point elle a souffert avec cet homme. Elle a connu l'enfer sans même mourir et ça me tue intérieurement de savoir ça. Elle est partie pour que ce monstre ne la retrouve jamais.
— Elle... vous a abandonnés ?
— C'est mon père qui a obtenu notre garde, il est très fort pour retourner les cerveaux, c'est le meilleur dans ce domaine.
— Et personne ne sait ce qu'il lui a fait subir ?
— Personne, pas même ses parents. Tout ce que nous savons c'est qu'elle était morte de l'intérieur et physiquement elle ressemblait à un cadavre. Tu n'imagines pas le traumatisme qu'on a dû ressentir en la voyant périr à petit feu sans pouvoir agir. Cette image est la seule que nous avons de notre mère, c'est horrible...
— Il faut le dénoncer.
— Il n'y a pas assez de preuves et pas assez de témoins.
— Il faut mettre au courant ma mère.
— On ne peut pas pour le moment, c'est trop risqué.
— Je n'ai pas envie de voir ma mère mourir sous mes yeux et me dire que j'aurais pu empêcher ça.
— Il faut juste être patient.
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[2] Souviens-toi
Teen FictionLecture possible sans le 1. [Tome II] Après cet accident qui laisse Laïa dans le coma, Naïl, lui, essaie de poursuivre sa vie. Avant son accident la jeune femme lui aurait dit : "Promets-moi que s'il m'arrive quelque chose, tu continueras ta vie, m...