Chapitre 11 - Laïa

79 6 0
                                    

Aujourd'hui est mon premier jour de cours. Je suis contente de pouvoir retourner au lycée. Je vais pouvoir me faire de nouveaux amis ou de nouvelles connaissances, ça me va aussi. Je suis juste un peu nerveuse. Arriver quelques mois après la rentrée n'est pas très facile. Tout le monde a pu apprendre à se connaître ou se connaît des années précédentes alors que moi, je serais la petite nouvelle de vingt ans.

— J'y vais bonne journée.

Je sors de chez moi et je cours jusqu'à mon arrêt de bus. Je suis déjà en retard. C'est génial ! Heureusement pour moi, le bus n'est pas encore parti. J'arrive juste à temps. Je monte et je m'assoie où il n'y a personne.

— Konečná stanice ! crie le conducteur.
— Ce mot signifie « terminus » en Slovaque. Il dit ça tous les jours pour que ceux qui dorment puissent entendre, m'informe une fille avant de sortir de bus.

Je descends du bus et je regarde mon emploi du temps. Je prends une bonne inspiration et j'entre dans l'établissement scolaire. Dans les couloirs, tous les regards sont braqués sur moi. Je suis plutôt mal à l'aise. Se faire dévisager comme ça dès le premier jour n'est pas très agréable.

— B119, me dis-je à moi-même.

Je regarde le haut de la porte où le numéro B119 est inscrit. C'est ici, il n'y a aucun doute.

— Bonjour, salué-je en entrant.
— Bonjour, mademoiselle Peterson, répond le professeur. Allez-vous installer où vous trouverez de la place.

Je ne perds pas de temps et je vais m'asseoir à la première place libre, au fond de classe. Je me suis déjà fait remarquée en arrivant au lycée alors que je ne connais personne, ce n'est pas le moment de faire n'importe quoi.

— Salut, dit un jeune homme en s'asseyant à côté de moi.
— Salut ! Je m'appelle...
— Je sais comment tu t'appelles. Moi c'est Timothée.

Je le regarde perplexe. Comment connaît-il mon nom ?

— C'est un petit lycée. Tout le monde se connaît et tout se sait.
— Oh.. je vois.
— Habituellement je suis seul dans le fond.
— Je peux trouver une autre place si tu veux...
— Non tu peux rester. Un peu de compagnie ne fait de mal à personne.
— C'est vrai, au contraire.

Le cours commence. On étudie un chapitre assez compliqué avec un vocabulaire qu'on n'a pas forcément. Le professeur pose des questions complexes auxquelles Timothée répond sans se tromper.

— Tu es bien cultivé.
— Je suis bon élève et j'ai des facilités.
— J'étais bonne élève aussi avant.
— Tu ne l'es plus ?
— À vrai dire je ne sais pas. Ça fait deux ans que je ne suis pas venue au lycée.
— Des gens disent que tu as été viré de ton ancien lycée.
— C'est faux...
— Il y a pleins de rumeurs comme celle-là qui circulent.
— Tout sauf la vérité... murmuré-je.
— Qu'est-ce que tu dis ?
— Rien. Donc j'imagine que tout le monde sait qui je suis ?
— Et oui !
— Génial...

La sonnerie retentit. C'est la fin des cours, enfin ! Je récupère mes affaires et je m'en vais. Cette journée n'était pas trop mal pour un premier jour. Je ne me suis pas trop mélangée, je suis restée à l'écart quand j'en avais l'occasion. Il me faut un peu de temps pour me réadapter à tout ça. Je n'ai plus l'habitude d'être en contact avec des jeunes. Mais demain je ferai un effort. Du moins je vais essayer.

•••

La mission s'intégrer dans un groupe se révèle un peu plus compliqué que prévu. C'est l'heure de la pause déjeuner et je suis toujours toute seule. Je suis trop timide pour m'imposer et c'est l'un de mes plus gros problèmes. Alors j'attends que quelqu'un ait pitié de moi pour venir me parler.

— Salut la nouvelle !
— Salut, Timothée.
— Tu es encore toute seule ?
— Non. Je dois aller rejoindre des copains, dis-je en m'installant à une table au hasard.

Malheureusement pour moi, le groupe d'individus qui se trouve à cette table me regarde très mal.

— Qu'est-ce que tu fais ? Casse-toi !
— Excusez-moi du dérangement.

Je reprends mon plateau et je m'en vais en grimaçant. Qu'est-ce qu'il est poli dis donc !

— Tu es vachement attendu, ouais... dit-il en partant.
— Timothée...
— Non, Laïa. Tu n'es pas obligée de faire la maline. Tu n'en es pas une. Loin de là.

Super... Merci Laïa ! Tu as gâché une éventuelle opportunité. Tu vas rester seule encore un moment, tu peux en être sûre !
Ayden m'a envoyé une message pour me dire qu'il venait me chercher. Je prends tout mon temps pour sortir, la dernière, de la classe.

— Comment s'est passée ta journée ?
— Catastrophique... dis-je en montant dans la voiture de mon frère.
— Que s'est-il passé ?
— Un garçon de ma classe est venu me parler. J'étais seule et j'en ai eu honte. Je crois que j'ai gâché mes chances de me faire un ami.
— Mais non.
— Si ! Je suis persuadée qu'il m'aurait proposé de me joindre à lui mais au lieu de ça, j'ai joué la débile. Je me suis mise à une table d'inconnus et je me suis fait rejeter.
— Tu as paniquée, ça arrive.
— Il m'a dit que je n'étais pas obligée de jouer la maline.
— Montre-lui qu'il a tort de te juger sur un coup de panique.
— Comment ?
— Je ne sais pas. Réfléchis et tu trouveras.

[2] Souviens-toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant