Chapitre 27 - Laïa

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— Salut Timothée ! dit Alice en s'asseyant à notre table. C'est très gentil de m'avoir proposé de rester avec vous.

Je le regarde d'un œil interrogateur. Il semble gêné de la situation. En même temps, il y a de quoi, ce n'est pas comme si je ne lui avais jamais dit qu'on ne s'appréciait pas tant que ça.

— Une cigarette ?
— Tu n'aurais pas plutôt un joint ?
— Tu fumes des joints ? demande-t-il surpris.
— Bien sûr pour qui me prends-tu ? Alors tu en as ?
— Ouais attends je t'en passe un.

Il regarde dans son sac et sort deux joints : un pour elle et un pour lui. Je les regarde blasée de la situation. Oui je suis dégoûtée.

— Tu n'en prends pas, Laïa ?
— Non merci, Alice.
— Tu es sûre ?
— Oui.
— C'est bizarre de la part d'une fille qui sort de désintoxication.

Je manque de m'étouffer. D'où sort-elle une idiotie pareille ?

— C'était donc vrai ? s'exclame un ami de Timothée. Mais je croyais que...
— Bien sûr que non ! m'énervé-je. Arrêtez d'écouter ces rumeurs à la fin et commencez à utiliser votre cerveau s'il vous sert encore à quelque chose !
— Ne t'énerve pas, Laïa... commence Timothée avant que je ne le coupe.
— C'est toi qui a fait partir cette rumeur, Timothée alors arrête de me dire de ne pas m'énerver !
— Et je m'en suis excusé ! Que veux-tu que je fasse d'autre ?
— T'es vraiment con.

Je récupère mes affaires et je quitte le self sans me retourner. Ces rumeurs m'énervent et il le sait très bien. Il pourrait au moins prendre ma défense face aux autres mais non, il ne le fait pas. Quand il s'agit de jouer les kékés, il n'y a pas de problème. En revanche, quand il s'agit de passer à l'acte, là, il n'y a plus personne.

— Laïa attends-moi !
— Ça ne sert à rien de me courir après.
— Qu'est-ce que tu attends de moi, hein ? Dis-le moi.

Je me retourne vers lui et je lui dis :

— Que tu prennes ma défense quand il le faut !

Il s'approche de moi et s'arrête à quelques centimètres.

— Je ne te demande rien d'autre, juste un minimum de soutien. Tu es le seul ici à connaître la vérité.
— Je suis désolé.
— On oublie.

Je m'apprête à partir mais il me retient la main et me ramène à lui. On se regarde dans les yeux un moment puis je m'en vais. On ne peut pas jouer à ce jeu, ça pourrait mal se terminer.

•••

— Qu'est-ce que tu fais ? demandé-je à mon frère en entrant dans sa chambre.
— Je cherche du travail.
— Le tien ne te plaît pas ?
— Ce n'est pas pour moi que je regarde.
— Pour qui ?
— Naïl.
— Il cherche un job ?
— Oui et c'est assez urgent.
— Pourquoi, qu'est-ce qu'il a ?
— Il est criblé de dettes.
— Ah merde... et tu en es où dans tes recherches ?
— Pas très loin... je ne trouve aucune proposition intéressante pour lui.
— Il veut dans quel domaine ?
— Peu importe, il prend tout.
— C'est aussi grave que ça ?
— Oui.
— Je peux t'emprunter ta voiture ?
— Pourquoi faire ?
— J'ai une course à faire.
— Ça ne peut pas attendre ?
— Non c'est assez urgent en fait...
— Ok mais fais gaffe, fait-il en me donnant ses clés.
— Promis ! Merci mon frère.

Je file en vitesse.

— Où vas-tu ?
— Chercher du travail !

Je n'attends pas la réponse de ma mère et je m'en vais. Je monte dans la voiture et je démarre direction la ville voisine.

— Bonjour !
— Ah Laïa ! Comment tu vas ? m'accueille la femme du propriétaire.
— Bien et toi ?
— Super, je suis contente de te voir !
— J'aurais besoin que tu m'aides, Laetitia.
— Je t'écoute.

Je lui explique rapidement la situation. Elle contourne le bar et sors un morceau de papier et un stylo.

— Je vais voir ce que je peux faire. Je te donne les informations nécessaires. On est ouvert tous les jours de la semaine même le dimanche mais ce jour-là, on ne travaille pas avec mon mari.
— Merci beaucoup, Laetitia.
— Je t'en prie. Repasse me voir quand tu veux.
— Aucun problème, bonne journée.

[2] Souviens-toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant