Chapitre 10 - Naïl

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Je tourne en rond dans ma chambre. Je ne sais pas quoi faire. Ayden et Layana m'ont dit qu'elle sortait aujourd'hui en fin d'après-midi. Je ne sais pas si je dois y aller. D'un côté je me dis que je n'ai pas été la voir depuis le jour où j'ai appris qu'elle ne se souvenait pas de moi alors ce serait bizarre que j'y aille maintenant mais d'un autre côté j'ai besoin de la voir, elle me manque... Beaucoup.
Je m'assois sur mon lit et je continue à réfléchir. Si seulement je pouvais recevoir un signe pour savoir quoi faire...

— Chéri tout va bien ?
— Oui ne t'inquiète pas.
— Je vais aller voir ma meilleure amie. Je serai de retour pour le dîner.
— Ok amuse-toi bien.
— À ce soir, dit-elle en fermant la porte.

Je me lève et manque de tribucher sur une boîte en carton. Elle a dû tomber quand Afrah a refermé la porte. Je me baisse pour la ramasser et je la pose sur mon bureau. Je vérifie qu'Afrah soit bien partie pour l'ouvrir et regarder son contenu.  Je ne me souvenais plus qu'il y avait des photos. Je ne les avais jamais regardé jusqu'à aujourd'hui. Elles sont magnifique... et je me rappelle de chaque moment passé avec elle.
Je sais ce qu'il me reste à faire.

— Naïl ? s'exclame Layana en souriant. Tu es venu finalement ?
— Oui mais ne dis rien à personne s'il te plaît.
— Tu sais quand je lui ai rendu visite à l'hôpital...
— Ouais ?
— Elle a parlé d'une voix masculine qu'elle entendait quand elle était dans le coma et elle m'a demandé qui c'était.
— Tu lui as répondu quoi ?
— Que c'était celle de mon frère.
— Tu n'as rien dit d'autre ?
— Non. On a juste dit que tu étais comme un frère pour Ayden et c'est tout.
— Ça va.
— Elle m'avait demandé de revenir avec toi et j'ai répondu que c'était compliqué.
— Tu as bien fait.
— Je suis contente que tu te sois décidé à venir. Bon je vais les aider à monter quelques cartons.

Je reste immobile. Je les observe d'où je suis. Laïa sort de la voiture et je ne la reconnais pas... Elle a perdu beaucoup de poids. Ses jambes sont frêles, sa silhouette, autrefois bien dessinée, a perdu le peu de graisse qu'elle avait et son visage, son si joli visage est pas mal creusé... Malgré ça elle reste tout de même magnifique à mes yeux.

— Montez, je vous rejoins.

Maintenant qu'elle est seule, ça va être plus facile pour moi de faire mon entrée. Je m'approche d'elle, le sourire aux lèvres.

— Salut !
— Salut.
— Tu as besoin d'aide ?
— Non merci. Je peux me débrouiller seule.

Elle ouvre sa portière et essaie de prendre son carton. 

— Tu es sûre ? Il m'a l'air bien lourd.
— Oui... dit-elle avec difficulté.
— Tu n'y arriveras pas toute seule, tu as besoin de mon aide.
— Ce n'est pas un carton de cette taille qui va me faire peur.
— Comme tu veux.

Je m'adosse à sa voiture et je croise les bras. Je la regarde d'un air amusé. Elle essaie de fermer son véhicule à clé sans faire tomber le carton.

— Laisse-moi t'aider, dis-je en lui prenant le carton des bras.

Elle ferme sa voiture et fait demi-tour pour rentrer dans son immeuble. Je la suis.

— Je ne sais pas ce que tu as dévalisé mais il n'est pas très léger ton carton. Qu'est-ce qu'il y a dedans ?
— Des parties du corps d'être humain.

Je m'arrête quelques secondes. Elle se tourne vers moi et commence à rire..

— Je plaisante !
— T'es une vraie comique dis donc...
— Il paraît.
— On ne prend pas l'ascenceur ? dis-je en la voyant prendre les escaliers.
— Non il est en panne.
— Et puis-je savoir à quel étage nous allons ?
— Au cinquième.

Je crois que mon visage se décompose puisqu'elle se met, de nouveau, à rire.

— Ne me dis pas que tu ne peux pas monter cinq étages ?
— Bien sûr que si ! Pour qui me prends-tu ?
— Alors monte et ne te plains pas.
— À vos ordre, cheffe.

Une fois arrivés, elle se tourne face à moi et me dit :

— Tu peux poser le carton devant la porte.

Je pose le carton devant la porte d'entrée comme elle me l'a demandé et je m'écarte un peu pour reprendre mon souffle. Elle appuie sur le bouton de l'ascenceur et la porte s'ouvre. Je la regarde avec de gros yeux.

— Je croyais qu'il était en panne ?
— Je t'ai menti, répond-elle fièrement.
— Tu voulais me voir galérer, pas vrai ?
— Exactement ! Je dois t'avouer que c'était plutôt amusant.
— Pourquoi ?
— C'était une sorte de vengeance...
— Une vengeance ?
— Oui. Tu rigolais bien tout à l'heure quand je galérais avec le carton.
— Vipère...
— Je sais !

J'entre dans l'asenceur prêt à repartir mais avant ça, j'ai bien envie de lui demander comment elle s'appelle. Je sais que c'est complétement débile puisque je le sais déjà mais j'ai envie de l'entendre parler et de jouer le jeu.

— Quel est ton nom ?
— Et toi ?
— Ce n'était pas ma question.
— Je sais. Dis-moi d'abord ton prénom et après je te dirai le mien.
— Naïl.
— Et bien merci Naïl de m'avoir aidé. J'ai été ravie de faire ta connaissance.
— Pourquoi ai-je l'impression que je vais me faire rouler ?

Elle s'avance vers moi en souriant. Elle m'embrasse la joue et ressort immédiatement.

— À la prochaine.
— Attends tu ne m'as pas dit ton... commencé-je avant de me faire couper par la porte qui se referme.

Elle m'a bien eu sur ce coup mais je m'en moque parce que j'ai eu le droit à un bisou sur la joue et à un dernier sourire avant que la porte ne se referme. Elle croit m'avoir roulé dans la farine mais ce qu'elle ne sait pas c'est que je la connais plus que ce qu'elle croit.

— Afrah tu es là ?
— Oui, dans la cuisine !

Je la rejoins dans la cuisine.

— J'ai invité ma meilleure amie pour le dîner. J'espère que ça ne te dérange pas ?
— Non pas du tout.
— Esra, je te présente Naïl, mon petit-ami.
— Enchantée, Naïl ! dit-elle, feignant de ne pas me connaître.
— Naïl, je te présente Esra, ma best friend.
— Enchanté, je réponds sur le même ton.
— Allez faire connaissance dans le salon. Je vous rejoins dans un instant pour commencer l'apéritif.

On sort de la cuisine pour aller dans le salon.

— Le monde n'est-il pas petit ?
— Que fais-tu ici ?
— Afrah est ma meilleure amie depuis la maternelle. Je ne savais pas que tu sortais avec elle. D'abord Laïa maintenant Afrah ?
— Chut, ne parle pas trop fort !
— Quoi ? Elle n'est pas au courant ?
— Non.
— Ne t'inquiète pas le secret est bien gardé avec moi, fait-elle avec un sourire sournois.

Justement c'est ce qui me fait peur...

[2] Souviens-toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant