Chapitre 45 - Laïa

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Aujourd'hui est un jour particulier car c'est aujourd'hui que se déroule l'événement de l'année qui est, en plus de ça, organisé par le lycée. Et oui aujourd'hui a lieu la kermesse de printemps ! J'attendais ce jour avec impatience et il est enfin arrivé !

— Bonjour tout le monde !

Je pose mes affaires et je rejoins les membres du CVL qui sont regroupés autour de notre principal.

— Tout est prêt ? demande le principal.
— Oui, monsieur. Tous les stands ont été installés et les lots à gagner ont été répartis. Ils ne manquent plus qu'à faire l'ouverture.
— Et bien qu'attendez-vous ? Que la kermesse commence !

On accroche tous notre badge à notre tee-shirt et on y va. L'ouverture de la kermesse est annoncée au micro par le DJ.

— Bonjour à tous et à toutes ! Il est actuellement onze heures et la kermesse de printemps est enfin ouverte ! N'hésitez pas à venir nombreux, à inviter vos amis à venir vous rejoindre pour passer une bonne journée en compagnie de nos jeunes lycéens organisateurs ! Je tiens à rappeler que l'entrée est gratuite, les activités payantes et que l'argent récolté tout au long de la journée sera reversé à une association telle que l'UNICEF. Amusez-vous bien !

On n'a pas à attendre longtemps pour que les gens arrivent. Les stands se remplissent à une vitesse fulgurante et les queues sont longues que ce soit aux jeux ou aux foodtrucks.

— Salut ma plus belle trouvaille !
— Salut Timothée !

Je le prends dans mes bras et il vient s'installer au stand avec moi.

— Si ça ne te dérange pas, je compte bien t'aider.
— Il y a beaucoup de travail alors un peu d'aide ne serait pas de refus.

Je m'occupe de la rentrée d'argent des stands. Je suis située à l'entrée près du DJ. Je distribue les tickets pour les accès aux jeux.

— Excusez-moi, mademoiselle.
— Que puis-je faire pour vous aider ?
— J'aimerais savoir comment fonctionne la kermesse. Si il y a des tickets à prendre ou si on règle au stand choisi.
— Alors vous avez besoin d'acheter des tickets pour ça il faut venir ici. Ensuite vous choisissez le nombre de tickets que vous voulez et vous les payez en fonction du nombre. Il y a une pancarte avec les informations juste là si vous voulez connaître les prix.
— Et on peut revenir en acheter de nouveau ?
— Bien sûr. Le nombre de tickets est indéfini.
— Merci beaucoup, mademoiselle.
— De rien, madame, sourié-je. Passez une bonne journée parmi nous.

Elle me sourit en retour et part avec ses enfants faire le tour de la kermesse.

— Ça te va bien ce rôle, me complimente Tim.
— Merci...
— Ça faisait longtemps qu'on ne s'était pas retrouvé tous les deux.

Je rougis. C'est vrai que ça fait longtemps qu'on n'a pas passé une journée ensemble.

— Bonjour.

Je me retourne pour aider la personne qui vient de me saluer quand je remarque que c'est Naïl. Je reste bloquée un moment avant de reprendre mes esprits. 

— Je peux vous aider ?
— Tu n'es pas obligée de faire comme si on ne se connaissait pas.

Je ne calcule pas ce qu'il me dit. Je préfère continuer de jouer celle qui ne le connaît pas.

— Combien de tickets désirez-vous ?
— Une trentaine.

Je prends une plaque de trente tickets que je lui donne.

— Vingt euros s'il vous plaît.

Il sort son porte monnaie et me tend un billet de cinquante euros.

— Garde la monnaie, ça fera un plus pour l'association.

Je saisis le billet qu'il ne lâche pas tout de suite. On se regarde dans les yeux. Je ne peux pas supporter cette situation plus longtemps. Sa présence me met dans tous mes états.

— Merci.

J'encaisse l'argent et je m'occupe des clients suivants. Il s'en va rejoindre une jeune femme avec le ventre assez rond. Je les fixe longuement, il me lance un regard attristé en avançant.

— Mademoiselle ?
— Euh... oui ? Veuillez m'excuser. Tenez.

Je lui donne la plaquette en lui souhaitant une bonne journée.

— C'est sa petite-amie ?
— Qui ?

Il me montre Naïl et sa copine d'un signe de tête. Je lui réponds :

— Sûrement.
— Il ne fait que de te regarder depuis tout à l'heure.
— Je m'en fou.
— Vous ne vous parlez plus ?
— Non.
— Pourquoi ?
— C'était une erreur de le laisser entrer dans ma vie.

Je me reconcentre sur mon travail. Je n'ai pas attendu tout ce temps pour me laisser perturber par un garçon qui m'a brisé le cœur.

— La kermesse est maintenant terminée, annonce le DJ. Les stands et les foodtrucks ne vont pas tarder à fermer. Merci à tous de votre participation, l'UNICEF et les lycéens organisateurs vous en sont reconnaissant.

Une partie déplie les stands pendant que l'autre partie s'occupe de compter l'argent.

— Vous avez tous fait du bon travail, vous pouvez être fière de vous ! nous félicite le principal. Le montant de ce que l'on a gagné aujourd'hui est plus que satisfaisant, on a récolté plus d'argent que prévu.

Tout le monde applaudit. Je suis contente de ce qu'on a accompli jusque là. Nous avons eu une bonne équipe et je dois dire que sans notre soutien mutuel, on n'aurait jamais réussi à faire tout ça. Je leur souhaite une bonne fin de week-end et je rentre.

— Comment s'est passée ta journée ?
— Très bien.
— Il y avait du monde ?
— Oui, beaucoup.
— Je suis désolée de ne pas être passée te voir mais je me sentais patraque alors je me suis reposée.
— Ce n'est pas grave, maman. Tu as bien fait.
— J'ai quelque chose pour toi.

Elle va dans le salon chercher quelque chose dans le tiroir du buffet et revient avec un cahier dans la main droite.

— Qu'est-ce que c'est ?
— Ton carnet d'écriture. Celui que tu as depuis le collège.

Je le prends et je jette un rapide coup d'œil.

— Tu écrivais tout le temps dedans et tu l'emmenais partout avec toi. Je n'ai pas voulu le jeter alors je l'ai préservé en attendant le bon moment pour te le redonner.
— Pourquoi maintenant ?
— Parce que j'estime que c'est le bon moment. J'ai appris ce qu'il s'est passé avec Naïl, je suis désolée s'il t'a blessée mais ce serait bien que tu relises ce que tu as écrit sur lui.

Je vais m'installer dans le bureau et je commence à lire une page de mon carnet. Les larmes me montent instantanément.

— Je peux entrer ?
— Oui.

J'essuie mes larmes et je renifle un petit coup.

— Je comprends ta douleur, ma sœur. Je la comprends parfaitement mais je veux que tu saches une chose.

Je l'écoute attentivement.

— Je veux d'abord que tu saches que je ne dis pas ça pour prendre sa défense, loin de là. Ce n'est pas parce que c'est mon meilleur ami que je cautionne tous ses actes, bien au contraire mais tu lui as fait promettre de continuer sa vie. Il a tenu sa promesse et l'a continuée sans jamais t'oublier. Tu n'as pas idée du nombre de larmes qu'il a pu verser pour toi, du nombre de fois où il a culpabilisé par rapport à ton accident même si il n'y était pour rien. Il venait te voir tous les jours et tous les soirs à l'hôpital. Il passait des fois des semaines à dormir à tes côtés sans jamais te quitter des yeux. Il a prié un nombre incalculable de fois pour que tu t'en sortes. Et quand tu t'es réveillée, il est directement venu te voir, il a directement essayé de rester auprès de toi. Même si tu as l'impression qu'il s'est foutu de toi, il est toujours resté sincère dans ce qu'il te disait, il ne t'a jamais menti sur ses sentiments et il n'a jamais cessé de t'aimer. Pas une seule fois alors que la vie donnait l'impression que vous deux c'était voué à l'échec.
— Ça ne change pas qu'il va devenir père et que la mère de son enfant, ce n'est pas moi.

Il me donne une photo, celle de l'échographie. Je la regarde, le cœur serré.

[2] Souviens-toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant