Chapitre 14 : Compréhensions

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Pour la deuxième fois de la journée, Hannah se retrouvait dans les toilettes désertes du quatrième étage. Quand elle entra, il faisait sombre, presque noir, mais elle ne voulu pas allumer la lumière : c'était du calme et de l'obscurité dont elle avait besoin pour réfléchir. Ses talons résonnèrent sur le carrelage de marbre alors qu'elle entrait en trombe, essoufflée mais bien trop troublée pour s'en rendre compte.

Elle se tint un instant devant le miroir en se demandant si tout cela n'avait été qu'un rêve, mais elle parvint à la conclusion terrifiante que ce qu'elle vivait était une réalité dont elle allait devoir prendre toute la mesure et dont elle allait devoir s'occuper.

La réalité, c'était que sa mère avait menti pendant des années, et une folle colère s'empara de Hannah. Devant le miroir, la respiration haletante, elle dû bientôt s'appuyer contre les lavabos tant la situation lui montait à la tête. Un brouillard voilait ses yeux, et elle fut rapidement prise d'une hyperventilation qui lui donna le tournis.

- Tu devrais t'asseoir, tu fais une crise de panique.

Malfoy se tenait dans l'encadrure de l'entrée, les mains dans les poches. Hannah ne réagit pas à sa voix, et il se demanda si elle l'avait entendu. Pantelante, elle posa une main sur son cœur alors que sa poitrine s'élevait et se baissait à un rythme fou. Elle tremblait. Elle était bouleversée.

Malfoy sortit les mains de ses poches lentement et s'approcha d'elle, hésitant. Il la prit par le coude, et la fit s'asseoir contre un mur. Lentement, sa respiration se calma. Malfoy s'éloigna d'elle, appuya le bas de son dos contre les lavabos, croisa les bras sur sa poitrine, et observa le sol devant lui.

Hannah avait commencé à élaborer les pensées les plus funestes, et tous les souvenirs de sa mère se tintèrent de mensonge et de trahison.

Marionnette de la Résistance, sa traîtresse de mère avait violé pendant des années la confiance de son père, la confiance du Reich, et bafoué l'idéologie et le système nazis qui lui avaient tout donné ; sa maison, ses enfants, sa vie.

Depuis des années, elle jouait la comédie, affichait des sourires quand il fallait, des larmes quand elles étaient nécessaires, mais tout n'était qu'un sombre mensonge.

Tous les évènements marquants qui avaient parsemé leurs vies prenaient une toute autre teinte : alors que l'on célébrait le rattachement de l'Autriche, la souriante Isabelle Mercier devait comploter en cachette pour mettre à mal l'expansion nécessaire de l'Allemagne. Alors que le Reich mettait tout en œuvre pour signer un traité de paix avec la France, elle et ses amis organisaient une résistance violente et belliqueuse.

Soudain, sa mère était une inconnue, et pire, une ennemie. Une ennemie de la famille, une ennemie du Reich. Hannah devait en parler au plus tôt à son père. Car il arriverait obligatoirement un moment où Isabelle Mercier commettrait l'irréparable. Sa proximité avec le Führer la rendait particulièrement dangereuse.

Hannah ne compta pas les fois où elle aurait pu le tuer en une fraction de seconde, le nombre de fois où elle aurait pu plonger le Reich allemand dans un chaos qui l'aurait fragilisé et lui aurait peut-être coûté la guerre.

Hannah respira profondément et prit sa tête dans ses mains. Malfoy se retourna, appuya ses mains des deux côtés d'un des lavabos et baissa sa tête.

Ça va mieux ?

Malgré la faiblesse avec laquelle Malfoy avait parlé, sa voix sembla raisonner sur les murs de marbre. Pour Hannah, ce fut comme si elle entendait sa voix pour la première fois. Elle ne répondit pas tout de suite. Mais elle leva la tête, et il remarqua qu'elle était parvenue à afficher sur son visage cet air détaché qu'elle maîtrisait si bien. Puis, d'une voix qu'elle voulue assurée mais qui fut presque un murmure, elle répondit :

Sangs Mêlés | Harry Potter Fanfiction |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant