Untameable

La Maison au Sein du Marais

 Une odeur ignoble agressa son odorat. L'Empereur des dragons fit une grimace de dégoût quand la sorcière et lui pénétrèrent dans ce qui semblait être un marais. Justine, elle, resta parfaitement indifférente.

Baptiste leva les yeux : le Soleil était caché derrière une robe feuillue étrangement verdoyante. Des maigres lacs étaient protégés par les las bras des saules pleureurs, un chemin de terre humide se creusait entre les étendues d'eau. Et ce sentier menait à une bâtisse, perdue entre les arbres et les lacs.

Justine se tourna vers lui et lui fit signe de la suivre, sans articuler le moindre mot. Baptiste n'eut le choix et marcha juste derrière la sorcière, sentant ses pieds nus s'enfoncer dans la boue collante et froide. L'Empereur des dragons essaya de rester le plus impassible... en vain. Il jura à voix basse, révolté de devoir marcher sur cette terre spongieuse sans chaussures, pour éviter que Justine l'entendît et le blâmât pour son langage grossier.

Ils s'arrêtèrent devant le perron en pierre de la bâtisse, une grande maison en bois et au toit rectangulaire. Un empilement parfait de roches formait une cheminée, soupirant une fine fumée dans les airs, se mariant parfaitement avec les nuages du monde céleste. La sorcière se tourna vers l'Empereur des dragons, chuchota quelque chose qu'il ne put comprendre, puis déclara :

— Nous pouvons rentrer, à présent. Viens.

Baptiste gravit les escaliers du perron d'un pas déterminé, suivant de près Justine. Il ne remarqua pas alors que toute la saleté et la terre qui avaient pris d'assaut ses pieds s'étaient effacées, sans laisser la moindre trace. Les doubles portes en bois qui menaient au sein de la demeure s'ouvrirent avec rapidité et silence, alors que la sorcière n'avait pas fait le moindre mouvement pour les pousser en avant.

L'Empereur des dragons rentra dans la maison, sans un mot, les yeux posés sur toutes les plantes, potions et ustensiles magiques qui se trouvaient là. Les portes se refermèrent derrière lui sans qu'il s'en rendît compte. Baptiste huma l'air, l'odeur marécageuse s'était volatilisée, laissant place à des parfums étranges comme agréables à respirer.

— Assieds-toi, fit calmement Justine en tirant une chaise, par magie.

Il obéit sans rechigner. La pièce était vivement éclairée par des lampes aux flammes qui semblaient éternelles, comme le feu dévastateur qui embrasait sa forme originelle d'autrefois. Des lianes rampantes ornaient les murs, accompagnées par des fleurs de toutes les couleurs et aux pétales différents. La sorcière s'assit à son tour, en face de lui. Elle joignit ses doigts entre eux, le regard rivé sur Baptiste.

Après un court moment de silence, Justine déclara :

— Bien. Maintenant, raconte-moi tout, de la façon la plus détaillée que tu le peux.

Baptiste lui expliqua alors la raison fâcheuse qui faisait qu'il était coincé dans un corps humain : cette attaque mystérieuse de monstres, ce dragon gris qui l'avait pris pour cible, cet humain que la créature était véritablement, qui lui avait lancé un sort avant que l'Empereur des dragons sombrât dans l'inconscience, lors de sa chute...

Justine l'écoutait sans lui couper la parole, les yeux brillants de concentration et de réflexion. Baptiste termina sur :

— Et maintenant, je suis coincé dans un corps d'un simple mortel, et j'ai perdu tous mes pouvoirs ! Tous !

— Vraiment tous ? s'étonna la sorcière.

— Oui.

— Mais alors... d'où venait le feu qui t'encerclait, tout à l'heure ?

L'Empereur des dragons ne lui répondit pas directement. Il avait oublié ce petit détail... probablement trop honteux pour l'admettre. Il croisa les bras, détourna le regard puis avoua :