Untameable

Une Histoire de Chaudron

 Le lendemain matin, ce fut comme si rien ne s'était passé, comme si son combat contre Simon ne l'avait pas effroyablement affaiblie.

Baptiste lâcha un soupir de soulagement quand il vit Morgane assise sur son lit, le regard mauvais posé sur le prince de Vodaska, qui tentait vainement à l'aider à manger. Elle l'insulta, comme toujours, lui hurlant qu'elle pouvait se débrouiller toute seule. Toute cette mascarade rassura l'Empereur des dragons, étrangement.

— Mais fous-moi la paix, l'chieur ! s'énerva la capitaine de La Rotten Dove, elle arracha le bol de soupe des mains de Kim. P'tain, j'ne suis pas infirme, à c'que j'sache ! Non mais...

Les épaules du prince de Vodaska s'abaissèrent brutalement, le regard sur la nécromancienne. Il semblait toujours aussi affligé, consumé par la fatigue et blessé par la violence de ses cauchemars, qui devaient probablement empirer, de nuit en nuit. Baptiste devait-il en parler à Justine, afin qu'elle pût l'aider ? Ou était-il impossible de le sauver des griffes d'Axel ?

Kim était certainement seul, cette fois-ci.

Mathys était toujours contre le mur, parfaitement immobile, les yeux dans le vide. Devait-il manquer de sommeil, lui aussi... enfin, probablement moins que le prince de Vodaska...

— Du calme ! lança ce dernier. Vous allez vous étouffer, en buvant de cette façon, si rapidement !

Morgane plissa les yeux, tout en le fixant, le bol près des lèvres. Dans le seul but de lui désobéir, elle engloutit la soupe brûlante d'une seule traite. La nécromancienne éloigna le bol de son visage tout en toussant bruyamment, ce qui alerta systématiquement Kim.

— Roh, c'est bon ! cracha-t-elle, en levant son majeur en sa direction. Lâche-moi, j'suis vivante. Ta putain d'soupe ne m'a pas tuée, dommage pour toi.

Elle s'essuya la bouche d'un revers de la main, tout en rajoutant à voix basse :

— Elle était bonne, en plus.

— Sinon, demanda soudainement le chasseur en levant le regard vers Baptiste, l'un de vous a vu Justine ? Faudrait peut-être qu'on soit fixés sur la situation, hein.

— C'est sûr, répondit l'Empereur des dragons, mais bon... nous ne partirons probablement pas tant que Morgane est dans cet état.

— Dis clairement qu'c'est moi l'problème, j'ne te dirai rien ! s'emporta cette dernière, en le fusillant du regard.

— Nous resterons le temps qu'il faut. Tu es bien trop affaiblie pour que l'on puisse repartir dès maintenant.

La nécromancienne grogna quelque chose avant de s'allonger sur son lit, le corps sous ces douces couvertures, en prenant soin de tourner le dos au prince de Vodaska. Elle soutint sa tête avec sa main puis déclara :

— Ouais, 'fin, c'est sûr que, sans moi, vous n'allez pas partir très loin.

— Sauf si je parviens à retrouver ma forme originelle, remarqua Baptiste d'un ton calme.

— Ah ouais... pas faux.

Puis la porte de la chambre s'ouvrit. Tous se tournèrent et virent alors Justine débarquer lentement, les yeux sur la nécromancienne. La sorcière fit un maigre sourire en la voyant éveillée.

— Te sens-tu mieux ? questionna-t-elle avec douceur.

— Ouais, ça va, répondit Morgane. On fait quoi, maint'nant ?

— Un peu de patience, voyons. Tu n'es pas encore complètement rétablie, tu sais ?

— Ouais, ouais, j'sais.