Une pièce circulaire s'offrit à eux. Ils s'y aventurèrent sans un mot, muets de stupéfaction.
Les murs étaient parsemés de rectangles gris, plus longs que larges, collés les uns aux autres, jusqu'au plafond. Mais ce qui attira les yeux du groupe fut cette plate-forme cylindrique, au centre de la pièce, encerclée par cet escalier en colimaçon. À part les murs, toute la salle était baignée dans le blanc le plus pur que Baptiste avait vu, au cours de sa vie.
— Là-haut ! s'écria Morgane, en pointant la plate-forme. Il est là-haut, c'est sûr et certain !
Elle laissa échapper un rire nerveux de sa gorge, un rictus étira les traits de son visage. La capitaine se rua vers l'escalier, le montant en sautant des marches, ses lieutenants accoururent l'accompagner. Carla O'Brien hurla, au pied de l'escalier :
— Capitaine ! Ne courrez pas ! Vous allez vous fatiguer, ou vous blesser !
Morgane lui jeta un regard mauvais avant de lui obéir, et même de s'arrêter de marcher complètement. Ses quatre otages s'approchèrent de l'escalier et, malgré la distance, Baptiste remarqua que la capitaine semblait essoufflée. Justine posa son pied la première sur la marche la plus basse, suivie des trois garçons.
— Bon, on monte, ordonna la capitaine, en tête de la file. L'Prisme m'attend.
Baptiste voulut la corriger en disant que non, il l'attendait, lui, mais il s'abstint. La seule trace de sa profonde pensée fut un léger sourire en coin. Morgane ouvrit la marche, avançant d'un pas décidé et déterminé, toujours en murmurant ces mots qui semblaient ne rien dire, aux oreilles de l'Empereur des dragons.
Gravir l'escalier tournant autour de la plate-forme s'avérait être une épreuve sans fin, un combat éternel. Baptiste tremblait d'impatience et d'euphorie prématurée, priant intérieurement que la marche qu'il écrasait fermement avec ses pieds était la dernière. Ses jambes lui faisaient énormément souffrir, mais il ravala sa douleur pour la remplacer par un sentiment d'accomplissement, de fierté.
Les lieutenants, devant lui, chuchotaient entre eux. L'Empereur des dragons voulut savoir de quoi ils parlaient, la curiosité le dévorait de l'intérieur comme pourrait le faire un ver de terre creusant une pomme bien mûre. Cette envie disparut lorsque Flavie Dixon lui lança un regard brillant de cruauté, derrière son épaule.
Il se fit lui-même honte à baisser les yeux face à une humaine.
La lieutenante lâcha un rire sombre. Baptiste, toujours le regard rivé au sol, fronça les sourcils. Quelque chose n'allait pas, un mauvais pressentiment lui paralysa l'esprit.
Mais ce calvaire de marches cessa enfin. Morgane pénétra la plate—forme circulaire et surélevée, les yeux écartés par l'émerveillement, le sourire élargi par cette satisfaction malfaisante. L'Empereur des dragons s'empressa de rejoindre la plate-forme à son tour, pour voir le Prisme d'Incantation de ses propres yeux.
Mais aussi pour le récupérer en premier.
Morgane explosa de rire, d'un rire de nervosité, de joie, de début de folie. Il était là.
Le Prisme d'Incantation était là.
Flottant au-dessus d'un piédestal blanc, l'objet magique était parfaitement immobile, plongé dans un profond sommeil. Sa limpidité permettait au groupe d'admirer les nuages colorés qui l'animaient en son cœur, prisonniers de cette prison de verre.
Baptiste entendait son cœur battre de joie comme d'angoisse, tiraillé par ces sentiments ennemis. La capitaine s'approcha lentement du piédestal, admirant l'objet en penchant la tête une fois à droite, une fois à gauche, tout en murmurant :
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Untameable
FantasíaSon nom fait trembler les plus braves, fuir les monstres les plus puissants, horrifie des pays dont il ignore l'existence : faites place à Baptiste, l'Empereur des dragons ! Il est le symbole d'Ydruan, la contrée où il a laissé sa présence pour touj...